Comme le temps passe ... Ma dernière rencontre, Cassandra. T'en souviens-tu ? Est-ce de l'amour que je ressens pour toi, ou la douce et enivrante odeur du combat ? Un combat d'une rare violence, d'une parfaite coordination, d'un équilibre pur. Combattre ma propre fille, elle qui était de mon sang, capable de rivaliser avec moi, c'était digne d'une tragédie grecque des temps anciens. Un frisson parcourut mon échine tandis que je tentais de traquer les membres de la ligue des ombres qui s'étaient dissimulés dans les égouts de Gotham City. C'était pitoyable, selon tout sens commun, ma chère Cassandra. Pitoyable de voir ces énergumènes, qui, tentaient de fuir mon courroux, tu aurais aimé voir cela, j'en suis certaine. Après tout, tu ne pouvais que partager ma haine, et ma colère, face à tous ces monstres qui nous ont façonnés. Ra's Al Ghul, Talia Al Ghul, des monstres en puissance, et je sais qu'un jour, tu les traqueras toi aussi, je le sais au plus profond de mon être, je sais que tu es en colère, que tu ne ressens que de la haine pour ces salauds. Ma pauvre Cassandra, si tu savais ... Si tu savais comme j'aimerais mettre la main sur Caïn et lui faire ressentir toute ma frustration. Ces pensées me motivaient, et dans des gestes net et concis, j'avais décidé d'accomplir ma vengeance. Aux dernières nouvelles, Ra's Al Ghul avait encore une fois, quitté la ville. Pour quelle raison ? Je m'en fiche. Mais tu sais, Cassandra, ce n'est pas parce que le lion s'en va qu'il faut lui laisser croire qu'il est encore chez lui. C'est pour cela que j'avais quitté mon dojo, perdu dans Chinatown, pour aller m'aventurer dans les égouts, non loin de Wonder City, à la recherche de quelques uns de ses subordonnés. Je connaissais un peu le réseau des égouts, j'avais passé du temps à fouiner à la recherche des anarchistes d'Anarky, afin de le contacter et de m'associer à lui. Néanmoins, la pilule fut amère quand il avait décidé de quitter la ville, comme un lâche. Ne jamais faire confiance à un anarchiste, ils n'ont aucun honneur, comme tous les américains, au final. Si un jour, je devais retrouver Anarky, je lui trancherais sa langue de rat. Foi de Lady Shiva.

Comme ce réseau est vaste, tentaculaire et ténébreux. Sombres et sales, ces égouts ne sont pas à l'abri de ma colère. J'avais repéré deux sbires de Ra's, deux ninjas, qui n'avaient pas eu la chance de me vaincre. Après un rapide combat, j'éliminais le premier en lui retournant la tête, la colonne vertébrale s'était brisée sous la paume de ma main, et le second fut un peu plus compliqué à vaincre, mais je ne retenais pas mes coups. La mort était une vieille amie, Cassandra, elle me suivait et réclamait sa dose de cadavres, elle voulait que je tue pour la nourrir et je comprenais ce besoin. Tuer vous transforme, tuer te transforme en une machine de guerre, tuer t'offre ce délice d'être maitresse de la vie des autres, un pouvoir que tu ne pourrais pas comprendre si tu t'obstines à persévérer dans la voie du Batman. Comme cela est bien fade, comme mode de pensée. Le second fut plus dur, oui, plus entrainé, plus attentif que le premier, mais un coup dans la jambe de mon poing, et l'os est brisé, sortant de la peau et le sang coule dans ces égouts. L'homme hurle, et je lui accorde la mort, une mort violente, et méritée. Cela ne m'en dit pas plus sur les hommes qui rôdent dans les égouts, aux abords de l'ancienne ville enfouie que gérait Ra's à une lointaine époque. Qu'importe. Ces deux morts n'étaient que les premiers, et j'avais tout mon temps pour poser des questions. Je cherche dans les habits du deuxième cadavre, quelque chose qui pourrait me servir, quelque chose qui me permettrait de trouver une cachette secrète, des ordres dissimulés, quelque chose, quand soudain, mon regard s'attarda sur un bruit potentiel non loin. Me dissimulant dans une bouche d'égout proche, j'attends de voir qui arrive. Est-ce cette fameuse créature que l'on nomme "Killer Croc" qui rôde dans ses égouts ? Nous sommes dans son environnement, il est l'alpha, le mâle en charge de ce territoire, et techniquement, je lui ai volé ses proies. Il se peut qu'il soit en colère s'il s'aperçoit de la trace des cadavres que j'ai laissé dans mon sillage. Mais ce n'était pas Killer Croc qui s'avançait, non. C'était une jeune femme. Blonde. Masquée. Tss, encore une de tes amies, Cassandra ? Est-ce encore une enfant perdue que le Chevalier Noir avait recueilli dans sa famille de ratés ? C'était pitoyable. Surgissant derrière elle, j'espère pouvoir la surprendre, lui faire peur, et surtout, faire en sorte qu'elle ne se sente pas à l'abri. Tu sais que j'aime les mises en scène, ma petite Cassandra, tu le sais tout autant que moi, j'aime bien montrer mes talents ...

<< Tu t'es perdue, petite chauve-souris ? >>

Est-ce que ce ne serait pas la dénommée Batgirl qui viendrait farfouiller dans ces égouts putrides ? Pourquoi passe-t'elle ici ? Que veut-elle ? Cherche-t'elle Ra's ? Ce n'est pas impossible. La ligue des ombres se faisait toute petite mais c'est généralement quand elle bat en retraite qu'elle paufine son prochain mauvais coup, et cela, je savais parfaitement ce que cela voulait dire. La jeune femme me paraissait bien trop jeune, et son costume n'était clairement pas celui du Batman. Du moins, pas dans la même lignée. Malgré la lueur verdâtre des égouts, malgré la pestilence de ce lieu, j'esquissais un léger sourire en espérant que ma petite rencontre de ce soir puisse être intéressante. Qui était-elle ? Est-ce que tu la connaissais Cassandra ? Est-ce que c'était une de tes amies, qui aura l'honneur de mourir de ma main ce soir ? Quelle sera ta réaction si je venais à la tuer ? Est-ce que tu seras folle de rage ? En colère ? Pleine de ressentiments ? Je suis très curieuse de savoir. Un petit sourire narquois, je m'avance doucement, sortant des ténèbres, pour me confronter à cette étrange beauté blonde. Au plus profond de Gotham City, l'ambiance allait passer de glaciale, à chaude très très vite.

Je ne sais pas qui tu es, mais ... Tu m'amuses, petite fille. Le regard relevé, mes yeux plongeant droits dans les tiens, j'esquisse un léger sourire tout en écartant une mèche de mes cheveux qui me cache parfaitement la vue du côté gauche. Une jeune fille, une simple jeune fille qui n'était qu'une apprentie. Une gamine, cela s'en ressentait dans le ton, dans le timbre de sa petite voix fluette et téméraire. Elle pense bien faire, un peu comme toi, Cassandra. Vous êtes auréolées de vos passés, de votre entrainement, mais vous ne savez rien. Vous ne saisissez pas la portée de votre pouvoir, et vous l'utilisez contre vous-mêmes. La jeunesse. D'un geste, je m'avance doucement vers la jeune fille, qui vient de se positionner en combat, je hausse un sourcil, déterminant la possible attaque qu'elle pourrait me lancer. Mais prudence, elle ne semblait pas être de la même verve que les autres. Tu m'intrigues, malgré tes petits poings que tu serres pour tenter de se protéger. Se protéger de Lady Shiva, quelle impudence ! Mon sourire s'élargit, révélant de jolies dents biens entretenues et blanches, alors que je m'approche de toi, te fixant droit dans les yeux, un duel de regard, quelle outrecuidance, ma chère inconnue. Tu sembles tellement ... Fière de toi. Fière de ce que tu crois représenter. Voila qui s'annonce des plus amusants. Ma chère demoiselle, je crois que vous risquez de vous frotter à un imprévu. Cela risquait d'être amusant, très fortement, en effet. Je regarde avec un air des plus compatissants. Et si elle m'attaquait ? Comment allais-je la rétamer ? Lui briserais-je les jambes, afin qu'elle puisse ramper dans les eaux usées, pour qu'elle apprenne durement que son niveau ne sera jamais égalable ? Ou devrais-je lui briser la colonne vertébrale et la laisser en vie, pour qu'elle apprenne à ne jamais se montrer discourtoise.

<< Dans mon pays, les jeunes filles biens élevées se présentent face à leurs aînées. Pour cette impudence, je t'aurais fait arraché la langue. >>

Dis-je d'une voix plutôt amusée. Cela m'amusait vraiment. Ces pseudos-justiciers qui se prenaient pour de véritables caïds des nuits de Gotham. Tout comme toi, ma chère et tendre Cassandra. Tu m'amuses, comme tous tes petits amis. Mais qui serais-je pour me lancer dans une telle vindicte sur les habitudes nocturnes des chevaliers de la nuit ? Après tout, je suis moi aussi une vampire de la nuit. Une maitresse régnant sans partage sur un monde de noirceur, et de mort. Je suis Lady Shiva, après tout. Un léger salut, je suis plutôt du genre enjouée, amusée de voir cette jeune femme, qui pataugeait dans la crasse, venir se hasarder au vent des grès et des odeurs putrides de ce lieu, qui devait être totalement surprise de ne pas se retrouver aussi seule qu'elle pouvait l'espérer. Oh, ce n'était pas contre toi, jeune étrangère, mais ceux qui se dressent sur ma route ont une soudaine maladie : celle de se retrouver étendus comme des cadavres. Seras-tu peut-être un peu plus intelligente que la moyenne des crétins qui se sont crus meilleurs que l'impératrice de la ligue des assassins ? Comme ce serait amusant, et terriblement impossible à penser.

<< Je suis Lady Shiva, mais je t'en prie, tu peux m'appeler senseï. >>

Petits salamalecs pour introduire et puis, j'aimais bien instiller la peur dans les yeux de mes adversaires. Du Tibet à Gotham City, on connaissait la légende de Lady Shiva. Du moins, les profanes et les novices dans le monde de l'assassinat, naturellement. Pas de chichis entre nous, je préférais le franc parler, et de toutes manières, quoiqu'il puisse arriver, j'étais sa supérieure dans les domaines du combat, dans les domaines de prédiction des actes potentiels de mes ennemis. Une force puissante, savamment dosée, mais je n'étais rien, face à la tornade que deviendra ma propre fille quand elle acceptera d'embrasser son destin. Un destin qui lui échoira un jour où l'autre, un jour où elle sera lassée de voir que le détective se rate dans chacune de ses actions, que son combat reste vain en toutes sortes. Je lève ma main, en guise de défense, la mine assurée, amusée de voir autant de gesticulations pour une simple petite peur.

<< Voyons. Ta jambe est peu fléchie, et ta garde n'est pas assez haute. Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à parer le moindre coup, jeune fille. Tu as besoin d'entrainement, et tu ne sembles pas être une élève consciencieuse, comme toutes les américaines. >>

Ce petit dédain était gratuit, je te l'admets, mais c'était revitalisant et provocateur à souhaits. C'était la maitresse d'armes qui parlait. L'entraineuse ultime, la puissance qui découlait de mon aura en aurait fait trembler plus d'un. Beaucoup de ceux qui ont suivit ma voie sont morts, ou sont suffisamment ravagés mentalement pour se servir d'un pouvoir de force qui les dépassent. Une puissance sans nom, un art du combat qui se mesure grâce à une force mentale suffisante pour l'accepter. Ce n'était pas qu'un don, c'était une habileté que très peu d'élus pouvaient acquérir, même au bout de plusieurs années de combat. Reprenant, toujours ce petit sourire en biais, je reprends d'une voix calme et posée, alors que l'odeur pénétrante des égouts nous submergent les narines de ces émanations fétides et incongrus. Ah, la délicieuse odeur de déjection d'une ville en voie de décomposition. Et sinon ? Et si tu me montrais de quoi tu es capable ? Vas-tu continuer d'encaisser mes insultes ? Je suis curieuse ...

<< Et bien ? Tu as perdu ta langue, petite chauve-souris ? Faut-il que je vérifie moi-même si tu es capable de piailler ? >>

<< Ma réputation est si peu étendue que ça ? Je suis étonnée. >>

Dis-je d'un petit ton surpris, mais néanmoins moqueur. Je m'approche de toi, toi qui semble si parée à faire tes preuves, à montrer qui tu es au plus profond de cette petite blonde masquée. Mais qui es-tu vraiment au fond de toi, jeune fille ? Serais-tu une créature de la nuit toi aussi ? Un prédateur qui est attiré par le meurtre de sang-froid ? Ou n'es-tu qu'une simple créature perdue dans les profondeurs de cette ville tentaculaire et abjecte ? Le sang appelle le sang. Tu n'es donc pas là sur un simple malentendu, du moins, c'est ce que je pense à ce moment bien précis, alors que les eaux boueuses coulent sous nos pieds. L'odeur abominable des égouts, des déjections humaines, on s'habitue, surtout quand on a travaillé pour Ra's Al Ghul non loin, à Wonder City. Ainsi, tu désires t'en prendre à des forces qui te surpassent ? C'était louable, oui. Louable, mais stupide, surtout quand on ne savait pas qui était vraiment les initiés de la ligue des ombres. Je me gausse, dans un petit rire à peine perceptible. Si jeune, et si peu informée, c'était mignon, cette innocence perdue. On aurait dit ta sœur jumelle, Cassandra. Aussi naïve, aussi perdue. C'était amusant, le détective savait les choisir pour leur candeur, c'était certain. Avec un certain dédain, je l'écoutais divaguer. Shiva, Japon. Elle était aussi bête que ça ? Comme j'aurais aimé qu'elle eusse le mutisme que tu avais autrefois, Cassandra. Cela m'éviterait de relever des inepties et des stupidités dignes d'un enfant de cinq ans. Elle débarquait à Gotham City ou c'était quelqu'un qui avait vécu dans une bouche boueuse des galeries souterraines de la ville ? J'essaie de ne pas tenir compte de ce genre d'âneries. Je repense à ce qu'elle m'avait dit.

<< Gotham Girl. Quelle impudence, quel égo démesuré. J'aime beaucoup. >>

Est-ce qu'elle était livrée avec ses propres accessoires ? Avec ses propres gadgets et sa série télévisée en prime ? J'hésite à rire ou à lever les yeux au ciel. Un fou rire serait moqueur, et même mesquin pour quelqu'un de ma prestance, et lever les yeux au ciel ne fera que mettre fin à une conversation qui s'annonce épique, en un sens. Un simple sourire sera marque de mon dédain. Est-ce par fierté de vivre dans un cloaque aussi nauséabond qu'elle porte le nom de cette ville ? Ou parce qu'elle était dirigée par une raison mistique ou étrange, qui l'avait poussée à croire en sa ville ? Je m'en moque, éperdument, à vrai dire, et pour tout dire, cela ne m'inspirait qu'une certaine pitié. Je lève cependant un sourcil de questionnement, comme si c'était une vraie question qu'elle posait à n'importe qui, je suis limité étonnée de me prendre une question comme cela, mon sourire s'étire. Alors que je te révèle ce qui flotte sur les eaux noires des égouts. Deux silhouettes, étendues, gisant, comme endormies, mais dont les visages cagoulés, ne devraient révéler qu'effroi et douleur, alors que je les avais tué de la pire des façons possibles. Une mort aussi abominable n'était que le résultat attendu pour ceux qui servaient le très fort peu regretté Ra's Al Ghul.

<< Moi ? De la ligue des ombres ? Pas spécialement. Mais eux, ils en faisaient partie. >>

Dis-je tout en désignant les cadavres qui n'étaient qu'à quelques mètres de nous deux. Deux corps encore chauds, qui m'avaient surpris alors que je parcourais les égouts. Mon visage n'exprimait aucune culpabilité à avoir massacré ces ordures à la solde du Démon. Aucune état d'âme ne devait être fait. Personne ne les pleurerait, de toutes manières. Ils vivaient une vie qui orbitait dans l'ombre de leur seigneur. Dans ce cas bien précis, il est nullement intéressant de leur accorder, ne serait-ce qu'une simple larme suite à leur départ de ce plan de la réalité. Je préfère lui mentir, et lui cacher ma véritable appartenance, celle de la ligue des assassins, fondée par le Senseï, puis, reprise par Talia Al Ghul, puis, par Nyssa Raatko, avant de m'échoir de droit divin sur mes modestes épaules. Et même si les dissensions s'étaient faites suite à mon auto-proclamation, et que les massacres en mon nom ou en celui des Al Ghul furent monstrueux et légions, je m'étais faite à l'idée de devoir régner sur la crème de la crème des tueurs qui sévissent sur cette planète. Tous en referraient à moi. Et à moi seule. Je régnais sans partage, et j'aimais ça. Je vais te cacher quelques petits secrets sur moi, jeune fille, puisque tu vis dans le doute et l'ignorance, autant te montrer un peu des merveilles qui vivent sous "ta" ville. Je n'en démordais pas de mon sourire, et j'avoue que cela m'amusait, de te voir si ... Impétueuse. Tu me rappelais quelqu'un que j'avais terriblement bien connue, il y'a longtemps de ça. De ma voix, je reprends, calmement, sans geste éloquents, pour le moment. Oh, comme tu vas aimer ce que je vais te faire découvrir, je vais te faire connaitre les différents accès de Wonder City, et puis ... On verra, ma jolie.

<< Je doute qu'ils soient en mesure de t'indiquer la direction de leur repaire, mais tu as de la chance dans ta quête. Tu es tombée sur moi, et je les traque aussi. Les uns après les autres. Souhaites-tu te joindre à moi ? Peut-être que tu pourras profiter un peu de mon ... Enseignement ? Après tout, on apprend tous les jours, n'est-ce pas ? >>