trois jours.
ça faisait trois jours que tu étais dans un état absolument pitoyable. nerveuse, peut-être trop au point que tu en perdais le sommeil, te fatiguant plus que tu ne l’étais déjà et impactant forcément ton moral. y avait ce truc d’ailleurs, quelque chose qui laissait présager que quelque chose se tramait dans ta p’tite tête. pour les autres, ça paraissait juste être de la fatigue, et même si tu tentais de rester le plus discrète possible, tentant de prétendre que tout allait bien, tu savais très bien que dick était loin d’être dupe. ça pourrait être plus facile si vous ne viviez pas ensemble, autrement dit, tu ne pouvais juste pas trop te cacher. tu essayais. et t’espérais qu’il ait pas remarqué que tu finissais difficilement tes plats depuis trois jours, que tu t’attardais toujours dans la salle de bain car t’avais cette envie constante de vomir et que t’étais plus fatiguée que la normale. y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien dans ta petite tête et c’était plus ou moins légitime. parce que t’étais terriblement effrayée. tellement de questions qui s’enchaînaient constamment, qui te faisaient perdre le sommeil et avoir cet air particulièrement fatiguée aujourd’hui. et avec ça s’ajoutait les autres symptômes qui ne te facilitaient pas la chose, qu’il s’agisse de ces nausées ou de cette perte si soudaine de libido qui t’inquiétait d’autant plus.

tu t’extirpes pour la cinquième fois depuis le début d’la matinée des toilettes, tentant d’avoir l’air le plus naturelle possible. tu gardes ce petit sourire qui contraste avec les cernes visibles sous tes yeux. tu es arrêtée en route par une collègue qui te tenait au courant de l’état de santé de son animal de compagnie - tu t’étais toujours sentie particulièrement compatissante et tu acquiesces. simplement. tu parles pas, alors que tu interagis toujours, là tu écoutes, juste, répondant par de simple “hmhm” quand c’est approprié. t’as rien à dire, et ton esprit est trop embrumé dans l’immédiat. et alors que tu réalises qu’il va falloir que tu répondes et que tu n’écoutais rien, tu sens une main se poser sur ta hanche et le visage du brun apparaît dans ton champs de vision : dick est ton sauveur, littéralement. elle vous laisse, et toi tu concentres ton attention sur ton mari, récemment promus ce qui, même si t’es littéralement pas dans ton état habituel, te rends particulièrement fière de lui. il le mérite. tu acquiesces la tête en lui offrant un petit sourire fatiguée. – yup, pourquoi pas. j’ai besoin de me changer les idées. tu attrapes le dossier, le zieutant rapidement et captant les mots clés avant de rire légèrement à cette blague tout en fermant le dossier sous ton bras. – attention lieutenant, n’usez pas de votre statut pour abuser de votre autorité. ça serait dommage que j’aille me plaindre à votre femme. d’ordinaire, tu aurais sans doute murmurer une remarque bien salace pour lui offrir des images mentales des plus suggestives pour concrétiser le tout une fois dans votre lit une fois rentré. mais lui ayant déjà mis un stop la veille car t’étais juste pas dans le mood, tu voulais éviter de reproduire ça et donc, de le frustrer plus qu’autre chose.
vous prenez la route du parking. – est-ce que … ça te dérange de conduire ? tu demandes sans aucune explication. tu restes juste là, devant le véhicule à l’observer avec tes prunelles bleutées espérant d’une réponse positive. histoire que si t’ai encore envie de dégueuler, ça t’arrive pas au volant.

(c) mars.

dans tes souvenirs, la route n’avait jamais été aussi silencieuse. d’ordinaire, vous passiez votre temps à parler, à échanger futilité, raconter des conneries et diverses autres choses. mais aujourd’hui, t’étais pas dans l’mood et ça t’agaçait. en fait, ça t'énerve. les fluctuations d’hormones te faisaient changer d’émotion d’un seul coup et ça c’était sans doute le pire. ton visage pouvait être fatigué et doux, pour que la seconde d’après t’ait l’air d’être vraiment énervée. tellement de choses qui étaient loin d’être toi qui rendait le tout d’autant plus compliqué. et tu devais porter ça toute seule, parce que t’avais pas encore eu le courage de dire la vérité. et alors que tes sourcils se froncent, face à tes propres changements, sa main se glisse dans la tienne. et ça fait effet presque instantanément. ça t’apaise, simplement. au point que tu viens amener sa main à tes lèvres pour y déposer un simple baiser. comme pour silencieusement lui dire que ça va plus ou moins, ou qu’en tout cas, le problème n’est pas dirigé contre lui. et alors que le véhicule s’arrête à un feu rouge, tu observes l’extérieur, remarquant alors le fast food de l’autre bout d’la route. et ça te donne terriblement envie d’un truc salé. – on commande ce soir ? tu demandes simplement en observant le restaurant comme si c’était la chose la plus magnifique que tu ai vu. – j’ai une soudaine envie de frites. tu t’en mords la lèvre tellement ça t’donne envie, et tu savais que ça allait t'obséder jusqu’à la fin de la journée. probablement que tu te faufilerais à ta pause déjeuner pour aller en chercher d’ailleurs, rien que cette idée te donne des frissons.

Et alors que vous arrivez devant l’immeuble, tu le vois saisir de quoi appeler la demoiselle puisqu’apparemment elle n’est pas là où elle doit être. Une sonnerie. et te voilà trouvant enfin la force de dire c’que tu voulais dire, sauf que c’est tout sauf le moment. – dick, attends, il faut que j’te par… et la voix de la journaliste retentit dans le haut-parleur. Du coup tu te tais instantanément. Tu baisses le regard, te sentant comme stupide. si ton père était là, probablement qu’il te ferait toutes les remontrances possibles et inimaginables. la vie de quelqu’un était potentiellement en danger et toi, tout c’que tu trouves à faire c’est ramener tout à tes problèmes personnels.
une fois dans l’ascenseur, tu laisses les portes se refermer avant de prendre la parole. – une fois qu’on en aura fini avec ça, on peut aller déjeuner ensemble ? ou faire n’importe quoi tant qu’on est tous les deux ? il faut vraiment que je te parle de quelque chose. tu demandes en redressant tes yeux vers lui, clignant plusieurs fois des yeux en attente d’une réponse positive. fallait pour autant que tu te ressaisisse, t’avais toujours été parfaite en poste, c’était pas le moment de tout faire foirer parce que t'arrivais pas à gérer tes émotions.

une fois sur place, tu es assez surprise de voir que la journaliste ne semble même pas avoir pris le temps de se changer. tu analyses alors la pièce, cherchant un moindre signe de quelque chose d’anormale, car on est jamais trop sûr pour tout dire. – est-ce que vous êtes certaine de ne pas vouloir venir témoigner directement au commissariat ? si vous ne vous sentez plus en sécurité dans votre appartement, c'est sans doute préférable, vous ne pensez pas ? tu voulais surtout en avoir vite fini. mais c’était comme ça et tu tentais de garder ton éternelle prestance habituelle. parce que c’était nécessaire pour le coup.

(c) mars.

– en soit, ça fait sens. tu te contente de répondre en venant t'asseoir en face du lieutenant tout en jouant nerveusement avec tes doigts. – si quelqu'un cherche à faire etouffer quelque chose, les journalistes seront les premiers visés. et summer n'est pas réputée pour être la plus silencieuse et la plus discrète. et tu savais que si elle parlait, en vue du nombre de contact qu'elle avait et sa réputation elle pourrait faire exploser certaines choses au grand jour : des choses qui ne seraient pas plaisante pour qui que ça soit impliqué dans tout ça. et comme le souligne dick, selina ne serait pas partie sans helena. bruce ça t'aurait pas étonnée, mais selina? – le problème c'est que si ils ont prévu des alibis pour les potentielles disparitions, ils ont probablement bien couvert leur trace. trouver une quelconque informations en tant qu'employé du GCPD risque d'être compliqué. mais il y a forcément des traces quelque part, des relevés de carte de crédit qui pourraient potentiellement démontrer quelque chose, des caméras. le problème c'est que je crains qu'on ait pas les moyens nécessaire au commissariat. tu fronces les nez, signe que tu es en pleine réflexion. tu redresses le regard vers la porte d'où la journaliste s'est éclipsé pour t'assurer qu'elle n'entende pas ce que tu as à dire. – mais moi je les ai. tes prunelles se baissent sur ton mari tandis que tu sais très bien ce que tu sous-entends par là. – ce que je propose c'est qu'on monte le dossier de manière officielle. on rassemble les preuves, on enquête ouvertement pour ne pas éveiller un quelconque soupçon. et tu sais à quel point je déteste ramener du travail à la maison mais si ça peut nous aider à retrouver selina et à prouver qu'il se trame quelque chose dont on ignore tout, alors j'le ferais sans hésiter. parce que dans tout les cas, tout était souvent liés. – la seule chose dont j'ai besoin c'est de ton approbation. Et c'était là que le conflit d'intérêt entrait en jeu. parce que ton désir de faire la justice était là mais de l'autre côté, les moyens pour y arriver étaient souvent illégaux. On va pas se mentir, si on avait conscience de la moindre des choses que tu faisais en tant qu'oracle, tu serais probablement déjà enfermés depuis longtemps. Tu savais qu'il approuverait sans doute, mais si les choses partaient en vrille tu voulais être certaine que ça ne lui retomberait pas dessus. Parce que même si il pouvait prétendre ne pas être au courant, vous étiez marié. Et rien que pour ça, ça pouvait lui porter préjudice. L'éternel coup du “comment tu n'as pas pu voir ce qui se tramait sous ton propre toit?” ou “si ta femme fait des trucs illégaux, ça fait de toi un complice.” en soit, y avait jamais eu de soucis à ce niveau là, mais gotham était en train de changer et tu voulais éviter tout risque d'exposition trop gros.

Quelques minutes plus tard vous voilà au niveau du véhicule. Tu regardes autour de vous pendant que summer s'installe sur le siège, mains sur ton arme prête à dégainer si une quelconque potentielle menace apparaissait. Et alors que dick referme la porte, sa voix te ramène à lui et tu l'observes pendant quelques secondes. C'était tout sauf le bon moment, mais ça t'prenait tellement les tripes qu'il fallait qu'tu lui dises. De toute manière tu pouvais pas garder ça pour toi éternellement. Un regard vers summer qui semble trop préoccuper pour faire attention à vous – car tu sais qu'elle aime les scoops, si elle l'entends, la nouvelle sera répendue partout dans l'heure. Ça reste dans l'fond de ta gorge, t'es comme incapable de dire c'qui va pas. Tu redresses alors le regard vers le brun et là tu réalises que dans ce lapse de quelques secondes, vous n'êtes plus les policiers en service mais bien le couple. – dick, je suis enceinte. C'est dit. Et c'est comme un poids en moins sur les épaules. Maintenant il savait, que le soucis venait pas d'lui et surtout vous pourriez trouver un moment pour en parler plus en détails. Mais au moins, t'avais plus besoin de prétendre. C'était dit, et ça te soulage presque instantanément - malgré les inquiétudes et questionnements qui ne partiront qu'une fois qu'il aura su te rassurer. sans doute.  

(c) mars.