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 PAKISTAN - Révocation de contrat

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AuteurMessage
Yakuza
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Tian Hong
Tian Hong
MessageSujet: PAKISTAN - Révocation de contrat   PAKISTAN - Révocation de contrat EmptyDim 30 Jan 2022 - 1:29

21 Janvier 2018



« Ne leur laisse pas croire qu'ils sont tirés d'affaire, sinon ils sentiront qu'on prépare quelque chose. Ils sont sur la tangente, ils doivent juste ignorer que nous sommes déjà prêt à les dévorer dans le creux. »

Pour la première fois depuis son arrivée à Gotham, le Gùn arborait une tenue de gueux, blouson, jean, converses. Les mains enfoncées dans les poches de l'épais manteau, son regard perçant masqué derrière de couteuses lunettes de soleil parfaitement inutiles durant l'hiver gothamite, il devisait avec son bras droit, attifé lui aussi du costume du pékin moyen.

« Ces enfants de putains se moquent de nous depuis trop longtemps, mais ça, c'est intolérable, et aucune concurrente ne nous donnera tort. »

Allumant un joint à l'aide d'un paquet d'allumette de bar, comme si il se croyait dans un film de gangster, Bô dodelina de la tête avant de se décider à répondre d'un ton très égal, détaché et, bien qu'ils se trouvent dans un corridor à priori désert de Archie Goodwin, dans leur mandarin natal.

« Je ne m'en fait pas pour ces tocards. C'est le Dragon qui m'inquiète. Il m'inquiète par ce que Ken a été très clair. Il va croire que tu tires à balles réelles sur l'entente qui unit les quartiers asiatiques. Un putain de japonais, tu sais bien comment ils sont, avec leur honneur à la con, leurs chichis, ce satané balais qu'ils se trimballent dans-

- Ouais ouais ! Ta gueule tu veux bien ? Commença le Gùn en volant le pétard d'entre les lèvres de son larbin et soufflant dessus pour en faire briller la braise avant d'en tirer une longue bouffée. Japonais ou pas, il nous a montré plus de politesse que nous n'en méritons. En temps voulu, il entendra nos raisons, il comprendra que nous avons sauvés cette putain d'entente avec tous ces chiens galeux, cracha-t-il finalement, avant de cracher, réellement, sur le sol de l'aéroport.

- Il est trop vieux. Trop attaché à ses traditions, ses règles, il ne comprends pas à quel point le monde a changé, commença le bras droit en reprenant doucement l'illicite mélange à Tian, trop passif, il n'a pas la rage comme Falcone et plus rien à se prouver, contrairement à Cobblepot.

- Tu n'as pas totalement tort mais je crois en lui. Il n'a pas pu imposer la paix sans concession, sans comprendre certaines choses. Moi, je lui apporterais un savoir qu'il n'a pas, il comprendra. »

Haussant les épaules, Bô souffla un panache de fumée au parfum terriblement entêtant. Il redonna le joint bien attaqué à Tian qui le lui pris en esquissant un fin sourire. Ils fumèrent en écoutant le tumulte lointain des salles d'attentes, des appels et annonces résonnant dans les haut-parleurs disséminés dans tout l'aéroport.

Ce n'est que quelques instants après que le mégot eut été écrasé, toujours sur sol du terminal, que fut annoncé l'embarquement pour Shanghai. Soupirant, le boss ramassa le petit sac de sport à ses pieds et le passa en bandoulière. Toujours face à son second, il se fendit d'un large sourire, d'autant plus fantasque que son regard froid et perçant était invisible derrière ses lunettes, et ouvrit grand les bras.

Le comparse ne manqua pas de soupirer mais s’exécuta finalement pour échanger une étreinte pleine de malaise avec le taïwanais, ridicule aussi cela dit puisque Bô faisait une putain de tête et demi de plus que Tian. En s'écartant l'un de l'autre, le Gùn tapota l'épaule du grand chinois face à lui, murmurant :


« Prends soin du petit pays pour moi. Si le bâton se brise, ce sera à toi de devenir le suivant. »

Petit silence solennel, jusqu'à ce que le sourire de Tian rattrape la bêtise qu'il s'hurlait dans la tête depuis un instant :

« Et si j'me brise le bâton, pense à résilier mon abonnement Platinum chez Xian. »




23 Janvier 2018



« Allez ! Et il s'est marié ? Tu déconnes...

Malgré la surprise bien réelle habitant sa voix, Tian ne quitta pas le miroir des yeux, pas plus que sa poker face, tout en passant la lame de son rasoir jetable sur la vallée de sa joue. A sa droite, perpétrant le même cérémonial, un compatriote chinois, dans sa cinquantaine, ricana en lui répondant :

- Certains vivent mieux leur retraite que d'autres. La solitude, l'ennui, rien ne vaut une jolie femme pour égayer ça, pour peu qu'elle soit adorable. Si je me marie avec une pétasse volage et dépensière, fais la buter... et envoi moi la facture de Lee.

Esquissant une petite risette, Tian se repris assez rapidement pour faire retrouver à son visage sa forme initiale, de sorte de pouvoir assurément trancher toute pilosité indésirable lors d'un nouveau passage de la lame. Ce n'est qu'après, en la passant sous le robinet, qu'il continua la conversation.

- Ou bien tu peux juste continuer les missions jusqu'à casser ta pipe, c'est moins drôle que mourir en jouissant dans un p'tit cul bien ferme, mais ça a quand même plus de panache. A quoi bon une vie d'action pour clamser dans son pieu ?

- Dit-il à la fin de sa trentaine. Je ne nie pas tes qualités mais tu manques encore de recul, d'un regard vers l'avenir. Un corps usé et inapte à l'action, ça ne part pas dans la gloire. Non, tu finis comme ce pauvre Yun-Taï, les deux jambes luxées sur une mauvaise réception et les fumiers d'en face n'ont plus qu'à te cueillir alors que tu es là, cloué au sol comme une vieille merde séchée. »

Pour le Gùn, les mots avaient l'air un peu durs, assez pour le plonger dans le mutisme. Malgré cette apparente indifférence, son acolyte n'allait pas se laisser si facilement tromper. En tout cas, c'est un regard dirigé droit sur le reflet de Tian qui lui fit esquisser un sourire franc et reprendre, d'un ton plus enjoué, plus léger :

« Fais pas la gueule gamin, toi et moi on sait que la drogue te tuera avant de te transformer en loque. Tu te plantera un shot d'héroïne droit dans le carotide, imagea t-il en mimant le geste avec son propre rasoir, et ton corps te portera durant la bataille jusqu'à ce que ta glande surrénale coupe l'approvisionnement en adrénaline, et ton cœur s'arrêtera simplement, paisiblement. Le guerrier trouvant enfin le repos au terme de son ultime bataille. »

Le taïwanais souffla doucement du nez et tapota son rasoir sur le lavabo. Un fin sourire orna le coin de ses lèvres, cependant, alors qu'il allait finalement reprendre la parole, la porte battante des toilettes de l'aéroport s'ouvrit, laissant entrer deux types à la mine patibulaire. Ceux-ci, face aux deux acolytes, courbèrent brièvement l'échine. Malgré toute la férocité se lisant sur leurs jeunes visages musclés, leurs regards demeuraient baissés et leurs voix humble.

« L'embarquement est bientôt terminé. Lǎohǔ ?

- Gùn ? Nous n'attendons plus que vos prestigieuses présences. »

Sans perdre son sourire en coin, Tian tourna finalement la tête vers le boss de la Division Tigre et, avec une fausse solennité, le visage encore orné de lignes de mousse à raser, lança :

« Lǎohǔ ? Sommes nous prêt à nous envoler en territoire ennemi ? »




24 Janvier 2018



« Motif de votre séjour ?

Ré-ajustant la bandoulière de son sac, Tian répondit calmement, quoi qu'avec un soupçon de sècheresse dans la voix :

- Pour affaire, un peu de loisir si le temps le permet.

Acquiesçant mollement tout en gardant un œil sur le passeport du Gùn, l'agent chercha un instant ses mots avant de parvenir à déblatérer, dans son terrible anglais haché par son accent de pak-pak :

- Bien des hommes d'affaire sur ce vol. Quel genre d'affaires ?

Autant agacé par l'attitude de ce pauvre type que par le manque plutôt prégnant de morphine, Tian se laissa aller à un soupir de lassitude. Rendu à la seule perspective de tester la prétendue qualité de l'opium afghan, les idées et les mensonges avaient un mal fou à se délier dans son esprit. Néanmoins, feignant la simple lassitude du voyage, il répondit avec aisance, prenant un malin plaisir à faire ressortir son vieil accent australien, juste histoire d'emmerder ce gros con des douanes et ménager ses nerfs à vif.

- Le genre très internationales qui impliquent des marchandises transitant par quatre pays différent et des partenaires qui ne savent pas convertir correctement des dollars américains en yuans, et je ne vous parle même pas de Hong-Kong. Bref, le genre qui fait que j'aimerais avoir du temps pour me détendre. »

Visiblement paumé à la fois par son parler grotesque mais également par la quantité d'infos livrées en quinze malheureuse secondes, le fonctionnaire pris un instant pour tenter de trouver quoi redire. Ouvrant et refermant le passeport, consultant billets et questionnaire d'entrée sur le territoire. Il renonça finalement à poursuivre l'échange et tamponna le livret avant de repousser le tout vers l'asiatique.

« Très bien, monsieur Lei, bon séjour et bonnes affaires, bienvenue à Gwadar, il se pencha ensuite sur la droite, ne laissant même pas le temps à son interlocuteur de répondre ou prendre ses effets pour appeler après la file d'attente, SUIVANT ! »

Déguerpissant vite fait bien fait, le Gùn remis ses lunettes de soleil sur son nez et chemina jusqu'à la sortie du terminal. Au dehors, l'air sec et tempéré de la ville frappa son corps usé par les heures de vol. Soupirant d'aise, c'est avec grand plaisir qu'il accueillit le paquet de cigarette qui lui fut tendu, en prenant une avant de se la faire allumer par un homme de main. Pour sûr, ça n'apaisera pas grand chose aux sueurs froides qui commençait à le menacer, moins de vingt-quatre heures depuis sa dernière prise, mais cela l'aiderait à attendre un peu plus.

« Bon alors, quoi, on partage un taxi ? »

Quinze paires d'yeux le fixèrent, tous sauf un avec des visages fermés ne laissant transparaitre ni amusement, ni mépris, ni aucune autre émotion qui pourrait être considéré comme une insulte envers un supérieur hiérarchique, non, seul l'égal du Gùn, les sourcils levés, ne tarda pas à attirer l'attention de son larbin le plus proche et dire, en mandarin donc tout haut, sans s'inquiéter de la populace autour d'eux :

« Prends Jun et Han, emmenez le à la planque. »

Le Tigre fit ensuite signe à Tian de le rejoindre, s'écartant un peu du groupe. Un peu tremblant et sentant la nausée se pointer avec l'air frais du dehors, le taïwanais s’exécuta à pas un peu mous, fumant sa cigarette avec lenteur. Ce n'est qu'une fois arrivé dans sa zone intime que le chinois cinquantenaire lui attrapa l'épaule pour lui parler à l'oreille :

« Les deux djellabas sur leur vieille kawasaki. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin dans la boîte à gant, joyeux anniversaire en retard, gamin. »

Sans plus d'instructions, Tian obtint un bref sourire, une petite claque sur sa joue aussi creuse que râpeuse, et basta. Et le pire, c'est que lui-même en avait déjà oublié à quel point il se sentait malade, à quel point il aurait aimé se les cailler à Gotham, être dans son foutu bureau à donner des ordres en sniffant tranquille. Cet oubli, cette abnégation, cette délicieuse sensation, c'était celle de l'action. Pas quelques bastonnades entre homme de main, ni ce foutu jeu du chat et de la souris avec un costumé, encore moins les échanges inutilement précautionneux avec le GCPD pour ne pas laisser un cadavre.

Non, là, c'était l'Action, la vrai. Néanmoins, le Gùn dut attendre d'avoir terminé sa clope et d'être installé dans le SUV et en route pour leur destination pour se faire plaisir. Le pilote, surement affecté ici depuis trop longtemps, conduisait avec assurance et négligence, ne voyant pas la moto dans son sillage. Néanmoins, puisqu'il avait amené lui-même ce monstre sur roue, il ne fut pas le moins du monde surpris lorsque le dégénéré en manque ouvrit la boîte à gant pour en sortir son "cadeau".


« Veresk, ho et avec son suppresseur en plus ! Malgré la nausée grandissante dû autant au manque d'opioïdes qu'au manque d'habitude d'être à la place passager, c'est un Tian pour le moins excité et fébrile qui agita la pétoire russe sous le nez des hommes de main. Regardez ça, c'est pas du pistolet mitrailleur de yankee ça, attendez voir, j'vais vous montrer comment la Chine devrait régler le problème du Moyen-Orient ! »

Replongeant la main dans la boite à gant, il en sorti un petit contenant papier qu'il pris finalement à deux mains, le cassant en son centre avant de se le foutre sous le pif et inspirer comme si sa vie en dépendait. Un doux râle suivi pendant qu'il s'enfonça et s'affala dans son siège, manquant presque de glisser sur le sol du véhicule.

Reprenant lentement une meilleure position, il tapota mollement le bras du conducteur, forçant clairement sur sa voix pour ne pas avoir l'air trop détendu et trop shooté :


« Changement de plan, oublie la planque, emmène nous dans un coin isolé, avec des ruelles et des bâtiments ouverts aux quatre vents, ce serait top. »

Malgré un léger haussement de sourcil, le conducteur acquiesça sans discuter. Changeant subrepticement d'itinéraire, Tian profita de quelques longues minutes de répit pour surmonter la détente dans laquelle il était plongé et reprendre parfaitement conscience. Il profita également de l'accalmie pour totalement vider le contenant de la voiture. Entre autre deux doses de morphine supplémentaire "au cas où", quatre chargeurs et une baïonnette "courante".

Après quelques claques auto-infligées, le vissage du silencieux sur son pistolet-mitrailleur puis son approvisionnement, le Gùn s'affala volontairement sur son siège et fixa le rétroviseur passager. Avec la circulation de plus en plus clairsemée et le passage de grandes avenues aux rues plus modestes, le pathétique duo sur leur meule se fit de plus en plus voyant. Alertant finalement le pilote, celui-ci tenta d'en aviser son junkie de boss pour ne récolter que quelques mots :


« Ta gueule, j'ai vu. Ralentis. »

Inspirant et expirant bruyamment, Tian jeta un œil sur la poignée au dessus de lui tout en ouvrant sa fenêtre. Si ce n'était qu'une bête filature, ils ne tomberaient pas dans le piège de les chercher aveuglément dans un dédale, il suffirait de les perdre, par contre...

« FUMIERS ! »

Si tant est que la moto n'avait pas l'air plus menaçante que ça dans le rétroviseur, le hurlement de ses gaz venait de sceller le destins des six hommes. Sans même daigner se redresser sur son siège, le gangster leva le bras droit, s'agrippa à la poignée et, à la force de son bras et de ses cuisses, se hissa pour passer la moitié de son corps vers l'extérieur du 4x4.

Pris au dépourvu, les simples initiés eurent à peine le temps de dégainer leurs armes de poings que, déjà, une tempête de sifflement se faisait entendre. Heureusement pour Tian, si il était de sortie avec des bleu, il était face à des branques qui, choqué de voir ce petit type en t-shirt jean lunette de soleil leur tirer dessus, firent une embardée et glissèrent pour chuter au sol assez salement.

Bien que Tian eut été tenté d'éclater de rire, il revint d'un mouvement fluide à sa place assise et ordonna au pilote de faire demi-tour. Aussi, bien que projeté vers le pilote à cause de son embardée, le Gùn trouva assez d'habileté et de paix intérieure pour se saisir d'un deuxième chargeur afin de remplacer le premier.

Du côté des deux malfrats, à peine eurent-ils la force de se relever de leur gamelle d'anthologie, que le monstrueux véhicule leur fonçait déjà dessus, prêt à faire patiner ses grosses roues sur leurs corps meurtris. Bien sûr, ils tentèrent bien de faire face à l'épreuve avec vaillance et fierté mais la vieille AKM tombée quinze mètres plus loin, le conducteur ne trouva rien de mieux à faire que de dégoupiller son mini-ananas pendant que son passager, pris de panique, pris la fuite en boitant comme un éclopé.

Spoiler:

Courant retourner à sa place dans le véhicule, le gangster pressa ses sbires en tapant violemment sur l'extérieur de la portière avant de leur crier dessus :


« Action ! Pas de chichis, on a pas besoin qu'il vive longtemps ! On se barre ! Allez ! »

Finalement balancé comme un sac de viande à l'arrière du véhicule, le corps se mit à geindre mais ne trouva heureusement pas la force de hurler. Ainsi, une fois le haillon refermé et les passagers grimpés à l'arrière, la voiture reparti en vrombissant, déployant toute la force de son moteur pour quitter la rue avant l'arrivée de nouveaux témoins, ou pire, d'autres foutus candidats pour un nouvel "échange de bons procédés".

L'esprit complètement chamboulé par l'avalanche d'évènements, de visions, d'actions amorales, Tian, échangeant paisiblement le second chargeur avec le troisième, jeta un œil au conducteur, puis aux deux hommes à l'arrière, tous trois chamboulés, le regard un peu vide, pour finalement lâcher avec un sourire de cinglé :


« Ça fait déjà vingt ans et j'en reviens toujours pas qu'on me paie pour ça, j'aime mon job putain ! »




26 Janvier 2018



« A trois ! Un ! Deux ! Trois ! »

Grognant non à cause de l'effort mais de ses côtes et son sternum douloureux, Tian hissa les deux jambes du corps, avançant à petit pas pour se rapprocher du véhicule où s'entassaient trois autres cadavres. Glissant lentement leur comparse à leurs côtés, le Gùn céda un peu de sa dignité en lançant les jambes plutôt qu'en les déposant avant d'expirer un long et désagréable râle.

S'accrochant au bord du coffre, le gangster se pencha autant que le gilet pare-balle le lui permis et fut pris quinte de toux si violente qu'il en vint à laisser quelques projections de sang sur la terre battue. Aussitôt calmé, quelqu'un vint à son aide pour le faire redresser, ce à quoi il répondit en prenant une grande et douloureuse inspiration.


« Asseyez vous, on se charge du reste. »

N'ayant même plus la force de répondre, le taïwanais se laissa tomber là où l'homme de main le guidait, le cul posé dans le sang, du moins il espérait que ce ne soit que du sang. Restant plusieurs instants là à retrouver son souffle, lutter contre la douleur qui ne s'était éveillée que bien après le mal, il observa leur méfait.

Mis en charpies, le premier poids-lourd s'était renversé à cause de la panique du chauffeur quand ses roues avaient été criblées de balles, les deux autres s'étaient stoppés nets, sans bavures, et semblaient prêt à reprendre la route si l'on excluait les cadavres qui occupaient encore les sièges.

Bien que chaque mouvement lui fut toujours plus douloureux que le précédent, le Gùn commença à défaire son épais pare-balle, attirant brièvement l'attention en tirant les premiers velcros. Bien qu'en évidente difficulté, nul ne vint s'enquérir de ce qu'il faisait, trop occupés qu'était les hommes de la Triade à fouiller, dépouiller, rassembler les cadavres, lorsqu'ils ne mettaient pas à sac les véhicules, hormis la marchandise les camions.

Parvenant finalement à se délester de l'imposant gilet terriblement alourdit par les plaques de kevlar, Tian le laissa tomber mollement au sol. Ce n'est qu'à cet instant qu'il put voir tous les impacts qui avaient été stoppés. Six ? Non, sept. C'en était carrément miraculeux qu'il ne soit qu'assis et non allongé dans ce foutu coffre. C'est cette idée qui fit son chemin, lentement mais surement, depuis le cerveau du junkie, jusqu'à son estomac.

Se penchant en avant, les coudes sur les cuisses, le si vénérable leader de la Triade du Bambou Uni de Gotham City vomi sa bile, emplissant la vallée de sons aussi répugnants que pitoyables. Tel était le prix à payer pour l'Action. Néanmoins, dans son malheur, la main du chinois se posa sur son salut. Là, dans la poche de son treillis. Tremblant, Tian en extirpa une capsule de papier et, sans se poser de question, la saisis à deux mains pour la briser en son centre, se la collant sous le pif pour l'inhaler en intégralité.

Sentant s'envoler douleurs, culpabilité, remord, dégoût, le junkie abandonna la capsule brisée à la vie aérienne dans les vents secs des montagnes pakistano-afghanes. Bientôt, tout ce qu'il s'était passé, les meurtres, les pertes, les interrogatoires mortels, toutes ces pensées morbides s'effacèrent devant la paix intérieure, chimique.

Parti dans un monde où plus rien n'a d'importance, le taïwanais se laissa doucement aller en arrière, s'allongeant à moitié sur les cadavres entreposés là. Pivotant doucement la tête, il croisa un regard, vide, vitreux, fixe. Esquissant une moue faussement honteuse, l'homme agita la main comme si il cherchait à faire taire les remontrances du corps sans vie, bredouillant :


« Je sais, je sais... ça me tuera. Mais bon, tu es mort, donc tu devrais pas trop la ramener mon pote. »
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