"Wouuuuuh !" laissait-elle sortir alors qu'elle se penchait à la rembarde du panneau publicitaire en prenant un grand bol d'air frais. Et ça pour être frais, il était même glacial à cette période de l'année. Il fallait dire qu'il était encore très tôt en cette belle journée de Samedi. Elle était partie de chez elle au milieu de la nuit pour parvenir à grimper ici avant le levé du jours, et le début des patrouilles.

Elle exultait, mais tâchait de se reprendre rapidement. Elle devait encore peindre son œuvre afin que tous puissent en profiter avant d'aller travailler !
Sans plus attendre, elle sortait les bombes de peintures et commençant à effacer la publicité idiote pour le batburger qui défigurait le paysage de son mauvais goût. Quel idée aussi d'utiliser cette police d'écriture ? Et puis le code couleur n'était ni fait ni à faire. Un travail d'amateur, sans vision d'artiste.

Ce n'était ni plus ni moins que du gâchis visuel d'espace. Alors elle pouvait bien se permettre de pirater la place pour offrir un vrai message. Et quel message, quelque chose de fin, de raffiné, songait-elle.
"Ou pas..." pouffait-elle alors que la douce odeur des sprays envahissaient ses narines. Une fois bien défigurée par du noir, profitant du cadre voyant de la publicité, Brynn attaquait le cœur même de son message.
Elle n'avait pas le temps de faire trop de fioriture elle aussi, alors elle allait à l'essentiel :
"FUCK GCPD. Corrompu jusqu'à l'os."

Elle ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps sur le graff, car assurément quelqu'un allait appeler le central, et c'était la descente qui prenait le plus de temps. Du moins si elle voulait échapper à la police sans se briser les jambes.
Elle terminait rapidement, mais les premières voitures passaient sur la route en contrebas. Ce n'était plus qu'une question de temps. Heureusement, elle avait pris grand soin de masquer son visage et ses courbes derrière un hoodie masculin, et les classiques bandana, lunettes de skis et capuches.
Elle entamait la descente, sac sur l'épaule, et par miracle parvenait à gagner le plancher des vaches avant que les cochons en uniformes ne débarquent.

Elle s'éloignait rapidement, entendant enfin les sirènes approchaient de son quartier, et s'orientaient vers une ruelle légèrement abrité des regards et commençait par enfiler ses rollers. Puis elle s'élançait dans les rues, accompagnée par une musique qu'elle seule entendait, le souffle court et le cœur qui battait au rythme de l'adrénaline dans son sang.

On devait avoir donné son signalement par radio, elle devait rapidement gagner une de ses caches de vêtements pour se changer. Hélas, passant à toute berzingue dans une avenue, elle ne faisant pas attention à la voiture banalisée garée sur le trottoir, voiture qui abritait une jeune femme en uniforme ainsi qu'un vieillard qui répondait à la radio.

La poursuite pouvait commencer.