Le soleil s'était finalement couché, comme toujours. Carmilla ouvrit les yeux et sortie doucement de son lit, sans bruit, juste le frottement des draps glissant sur sa peau nue et de ses pieds parcourant le dallage froid du manoir. Elle était arrivée la vieille dans la nuit. Et n'avait pas eu le temps ni de visiter sa propriété dans le nord de Gotham, ni de la meubler. Elle ferait cela une autre nuit. Elle regarda l'invitation, petit papier doré à l'écriture liée fort agréable que lui avait fourni Zélios. Elle la saisie entre le pouce et l'indexe et le secoua, créant un peu de vent sur son visage pâle.

Les Falcones hein ? Cette famille était ancienne, au moins autant que la sienne et il avait sévi, selon ce qu'elle avait pu lire dans la presse Gothamite, pendant des décades dans cette cité purulente. Autant commencer par lui. Il devait avoir des contacts, un réseau, des gens pour le seconder. Tout cela pourrait lui être utile. Il fallait qu'elle reste focaliser sur sa sœur et rien d'autres. Mais un gala reste un gala et elle savait être sensible à ce genre de chose. Pourtant, elle irait sans personne à son bras. C'était pourtant une couverture tellement appréciable. Mais faute de temps pour s'organiser, elle allait devoir errer seule dans un musée rempli d'humains qu'elle ne connaissait pas... Qu'importe ! il y aura bien quelques vieilleries pour piquer son intérêt à défaut de conversations.

Elle passa une robe noire des plus sobres. Elle mettrait en valeur la pâleur de sa peau. Noua un tour de coup sertie de quelques petites pierres précieux scintillantes pour accrocher leurs regards. La vampire dû faire sa natte elle-même. Mais où était le temps béni ou elle pouvait compter sur l'aide de serviteurs aussi dociles que doués ? Des escarpins assortis à la robe lui faisaient passer le mètre quatre-vingt. Elle sauta dans la voiture de sport rouge et accéléra franchement. Quittant la propriété lui prit quelques minutes tant le bois entourant le manoir "Hécate" était vaste. "Bon choix" pensa-t-elle.

Elle passa le pont des pionniers avec de l'avance... Et c'est là que tout dérapa : des bouchons. Elle ne connaissait ni la ville, ni ses raccourcis, elle attendit donc que la circulation se fluidifie. Pensant une fois ou deux et garer sa voiture et sauter de toit en toit pour atteindre le gala. Elle fit refluer cette idée, car il y avait trop de variables et peut-être même des "Capes" pour lui barrer le chemin. Une autre fois certainement. Elle aurait tout le temps de faire du repérage selon ses propres modalités. La blonde grimaça quand elle jeta un coup d'œil sur sa petite montre : un gros retard.

Elle se gara devant les hautes marches du musée et donner sa clef de voiture à un groom rapide et efficace. Il ne la jaugea pas, sérieux jusqu'au bout des ongles, il obtient un généreux pourboire. Carmilla n'était pas connue de la jet-set locale et s'était tant mieux. Elle n'échappa pourtant pas à quelques flashes lançaient par une poignée de journalistes en quête de célébrité. Elle dut se cacher les yeux par réflexe. La vampire se faisait discrète dans les médias de masse. Son visage apparaissait dans quelques articles pour des rachats d'usines ou dons généreux, mais pas dans cette ville ni même sur ce continent.

Deux hommes en livrée lui ouvrir les portes massives de la bâtisse. Elle les gratifia d'un petit mouvement du menton, rien d'ostentatoire. On prit ses affaires dans un petit salon et elle fut introduite dans une vaste galerie privatisée pour l'occasion. Grandes fenêtres, charpentes anciennes mais modernisées et des tableaux accrochés partout. De l'Art moderne, qui n'avaient d'Art que le mot, agressait le regard. Mais une autre aile était dédiée à la peinture sur huile. L'hôte montrait un choix éclectique de vieilles croûtes. Elle captura de ses doigts agiles une coupe de champagne et s'approcha des natures mortes et enneigées délaissant l'homme lancé dans son discours.

Elle tourna la tête vers l'orateur charismatique et leva un sourcil perplexe quand il annonça la somme versée à une association locale pour les pauvres. Généreux, mais c'était une tristesse de devoir donner autant... Cela voulait dire que la ville en avait vraiment besoin. Où était-elle encore allée se fourrer ?

Carmilla tapota dans ses mains imitant les "sang chaud" qui semblaient emballés par l'idée de voir encore une entreprise s'installer dans leur cité. N'en n'avaient-ils pas assez ? Il fallait croire que non. Il semble y avoir une longue histoire derrière tout cela, entre cette famille et Gotham. Mais allez savoir laquelle ? Inventé ou fantasmé parfois la frontière est mince entre ce que l'on a vécu, ce dont on se souvient et ce que l'on a besoin dans l'immédiat. Certains médias l'adulait et d'autres en faisaient une description moins reluisante comme être un parrain de la pègre. Qu'importe tant qu'il avait de l'utilité.

Le discours était terminé. Les convives étaient en de profiter de la fête, amuses gueules et la musique de chambre jouait par un petit orchestre fort doué. La violoncelliste était en train de jouer des accords très long et ses doigts se plaçaient avec une régularité toute professionnelle sur les bonnes cordes. C'est devenu rare de nos jours des gens qui travaille pour perfectionner son art comme cela. Elle devait posséder une forte volonté pour s'astreindre à jouer des heures durant et obtenir un tel résultat. Est-ce que notre ami charismatique ici présent pouvait en dire autant ? La vampire n'en savait rien.

Il vida sa flûte de champagne et s'en servit une autre qui passait par là portée par un serveur en livrée. Elle évita délibérément le président investi ayant la lourde tâche de diriger leurs états tous unis pour le meilleur, mais surtout pour le pire à ce qu'elle avait pu voir dans les journaux télévisés. Beaucoup de personnes guindés, des hommes en armes aussi. Ceux-là, Carmilla ne les aimait pas beaucoup non plus. Rapides et efficaces, leurs cibles étaient les petits fours pour le moment. Tant mieux que cela reste comme cela.

Elle repéra une ouverture entre deux mains tendues et quelques sourires hautains lancés au fameux Falcon. La vieille femme s'avança d'un pas énergique coupant un début de monologue ennuyant et sans aucune profondeur d'un homme rondouillard, un obscur banquier. Carmilla le salua d'un geste élégant de la tête, laissant sa natte de cheveux se balancer doucement sur l'une de ses épaules, et ne manquant pas de dévoiler le galbe de sa jambe par sa robe noire fendue.

_ "Vous avez réussie une bien belle fête monsieur Falcon. Votre discours motivant semble avoir fait des émules" Fit-elle dans un sourire plein de charme, mais avec un fort accent irlandais.

_ "J'ai cru comprendre que votre porte était ouverte pour celles ou ceux qui voudraient s'associer avec vous. J'aimerais discuter d'une telle opportunité avec vous. Pensez-vous que votre emploi du temps aurait une petite place pour moi, dans les prochains jours ?" lui demanda-t-elle dans une expression d'attente. Donnant à cet instant précis au sang chaud une emprise sur elle. Elle voulait une réponse. L'emprise était fictive certes, car elle avait d'autres idées pour prendre contact avec le personnage. Mais qu'allait-il en faire...