La seconde partie de mon petit puzzle commence à se mettre en place. Si Stéphanie était intelligente, elle devinerait que le prochain morceau se trouverait dans l'East End. Et c'était à l'angle des deux doigts du premier morceau trouvé, qu'elle trouverait le morceau. Le deux symbolisait le "Two cross roads" de l'East End, une plaque tournante de la prostitution à Gotham City, avec Crown Point aussi, qui était un point fort de ce genre de trafics. Un lieu pas trop loin de la célèbre boite de Black Mask, le Rond Rouge, un endroit de dépravés. Drogues, prostitutions, gamins des rues qui s'offrent aux pires dégueulasses que cette ville puisse compter. Il y'avait beaucoup d'horreurs dans l'East End, et c'était ce qui rendait mon petit jeu presque invisible aux yeux des autres crimes sévissant dans le même quartier. Cette fois, je laissais un joli cadeau à Stéphanie. Cette fois, je laissais la tête tranchée de son ancienne meilleure amie sur un lampadaire. Reliée avec du fil barbelé sur le poteau, et sur le sol, différents objets :
Un abricot à moitié entamé. - Un rein de la jeune amie de Spoiler qui trône à côté. - Une carte du Kansas, un état américain. - Un vieil hamburger défraichi et délaissé, à moitié mangé. - Une aile de poulet de Gotham Burger. - Une manivelle.
Une pauvre adolescente qui avait eu le malheur d'être la victime du Cluemaster, de ma magnifique intelligence ! Il fallait être un crétin pour ne pas suivre la logique de mes mouvements et mon système de pensée. La tête de la jeune fille avait sur son front quelques mots inscrits : "SHE FAILED", gravé sur le front. Les yeux révulsés vers le haut, il semblait qu'elle avait échoué à mes jeux, et elle avait échoué, oui. Elle avait raté mon petit jeu d'énigmes, ce qui avait entrainé sa mort et son démembrement. Mais revenons à mes merveilleux indices : Six objets, qui n'ont rien en commun, mais qui cachait un indice sur le premier lieu où se trouvait Crystale. Un lieu qu'elle trouverait sûrement à son goût, après tout, tout n'est qu'une question de show télévisé. Si Stéphanie avait mon génie, alors elle comprendrait que tout ça n'avait qu'un seul sens : Je voulais la détruire. La rendre particulièrement folle. Après tout, il lui suffisait de suivre les indices que je lui envoyais, que je lui laissais. Ce n'était pas compliqué, il suffisait d'avoir un cerveau particulièrement retors et comprendre comment j'organisais mes petites affaires. Ce n'était pas bien difficile, Stéphie, et je suis sûr que tu vas t'amuser, tout aussi bien que moi.
C'est sur le coup de trois heures du matin, qu'une prostituée travestie trouva la tête sur le lampadaire. Elle avait hurlé, et elle avait rameuté une grosse partie du quartier. Les policiers arrivèrent et commencèrent à établir un périmètre de sécurité. Un jeu particulièrement sournois commençait et je n'en étais pas peu fier. Grâce au réseau de sécurité et aux caméras de surveillance hackées, je pouvais observer la scène de ce qui se passait. Les policiers avaient déployé des banderoles jaunes pour empêcher les gens de venir plus près du lieu du crime. Des photographes prirent en photo chaque mètre carré de l'endroit, pour voir s'il n'y avait pas un petit point commun à tout ce remue-ménage, il y'avait des indices sur le sol, et il fallait être doué pour comprendre. Ce n'était quand même pas bien dur non ? Les gens sont bêtes de nos jours, ils ne prennent plus le temps de réfléchir à ce qui a de l'importance. La matière grise en l'occurrence. En tout cas, une chose est certaine, Stéphanie, tu risques de ne pas comprendre ce qui va t'arriver dessus. La sentence est irrévocable, tu es le maillon faible, ma chère Stéphanie. Tout ça n'est qu'un jeu, essaie de garder le sourire, après tout, l'important, c'est de participer.
Cluemaster : 2 Spoiler : 0
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Sujet: Re: Le second morceau Lun 1 Fév 2021 - 15:38
Second morceauFeat la famille Brown
Lorsqu'un jeune officier de police venait chercher Esther au bureau des Crimes Majeurs, cette dernière lambinait sur le canapé à lire les dossiers d'Arthur Brown, de ses premières arrestations jusqu'à maintenant. Elle désirait tout connaître de lui, absolument tout. Des quelques jours qui séparaient sa rencontre avec Spoiler et maintenant c'était une véritable enquête de fond qu'elle effectuait sur l'ensemble de la famille Brown. La vie de Stéphanie avant son prétendue décès, la descente aux enfers de Crystal, l'avènement du Clue Master.
Cette famille avait à la base tout pour réussir. Le père présentateur télévision, une mère médecin, une fille, une belle maison à Bristol. Non, rien ne pouvait laisser présager une telle déchéance. Il avait fallu juste un seul évènement pour que de cette famille modèle, que seul l'Amérique pouvait créer, ne sombre dans la misère, l'alcoolisme, la drogue, et le crime. Et maintenant qu'Arthur s'était évadé il s'était lancé dans une sorte de Vendetta sordide contre sa fille. Créant un jeu de piste macabre pour détruire la santé mentale de la justicière. Que désirait il, à la fin ? La pousser à la faute de finir par lui tirer une balle entre les deux yeux ? Détruire toutes les fondations de son existence et tout se qui faisait de Spoiler un être humain ? L'isoler de tout soutien physique et moral pour la faire tomber à genoux et venir l'achever en toute tranquillité, au terme d'une terrible traque ?
Ses réflexions se voyaient brisées par l'entrée de l'officier dans le bureau. Sa tête dépassant à peine de l'embrasure de la porte. "Détective Richardson... ?" Demandait-il, en plissant le nez incommodé par l'odeur omniprésente de la cigarette. "On a un 10.54m dans l'East End... et comme vous nous avez demandé de vous contacter pour tout se qui pourrait paraître bizarre dans ce coin..." Il ne terminait sa phrase qu'Esther se redressait sur le canapé défoncé et se mettait sur ses jambes, à la manière d'un robot qu'on activait. Les paroles proférées par l'officier de police semblaient à des lignes de codes pour lui donner son objectif et désormais seule l'accomplissement de sa mission importait. Elle attrapait son Trench Coat et ouvrait la porte pour passer devant le jeune flic, sans lui adresser un regard ni même une once de remerciement. "De rien...je présume ?" Disait-il, aussi incertains que vexé. "Je... Je retourne aux transmissions moi..."
Enfin, après ces jours et ces jours d'attente Clue Master avait de nouveau frappé. En sommes c'était un aveux d'échec que d'attendre qu'un criminel fasse de nouveau des siennes pour reprendre l'enquête et espérer obtenir du neuf ou une nouvelle piste à suivre. La dernière fois, elles n'avaient pu définir uniquement que le lieux était dans l'East End. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, et quelle botte de foin... De fait, la détective avait réclamé à corps et à cris qu'on la contacte pour tout crime et délit qui pourrait sortir de l'ordinaire du G.C.P.D et autant dire qu'on l'avait appelé à tord et à travers. Mais jusqu'à présent rien concernant le père Brown, peut être que ce soit ça allait être différent. Et si c'était le cas il y avait d'ors et déjà une seule certitude Cherry était morte et elle allait trouver un nouveau morceau. Le temps de remplir son thermostat de café et elle prenait sa voiture vers les coordonnées qu'on lui indiquait par radio, une fois qu'elle était au volant.
La route était courte et dégagée. Tout l'était dès lors qu'on allumait les gyrophares et qu'on faisait crier ses sirènes. La scène de crime était à l'angle de deux rues, au niveau d'un lampadaire et toute la faune de ce genre d'écosystème était déjà là : policiers, badauds, journalistes de tout poils. Esther fendait la foule et passait sous le cordon de sécurité pour s'approcher de la plus gradée du coin. "Alors qu'est se qu'on a ?" Questionnait Esther à l'inspectrice qui maugréait à la venue de la détective. "Cette prostituée là a découvert la tête d'une jeune femme, accroché à un lampadaire avec du barbelé." Disait l'inspectrice Nancy Stodola, non sans une certaine amertume pour sa collègue. "Chery Wooben" Coupait la détective dans la lancée de sa collègue, en fixant la tête de la jeune femme. "Ouai, sans doute. Par contre, Richardson, tu fais tes trucs, tu prends tes notes et tu te casses. Tu m'as peut être volé mon enquête, mais c'est ma scène de crime." La tension semblait monter entre les deux femmes. Des éclairs pouvaient presque s'échanger entre leurs regards acérés. "Je prend mes notes et j'appelle la principale intéressée de tout ça. Dis à tes clébards de ne rien toucher jusqu'à son arrivée. A moins que tu ne veuilles qu'on réveille Gordon aussi tard pour des broutilles de bonne femme ?" Les deux femmes de loi se retrouvaient nez à nez, partageant une rancœur et une rivalité acerbe l'une envers l'autre. Toutefois Stodola devait bien s'avouer vaincue, cette fois. "T'as une demie heure, ta copine à tout intérêt à se ramener vite et savoir ouvrir les yeux. Passé ce délais je ramasse tout et tu devras te fier à mon rapport."
"Je n'en demandais pas davantage, Stodola." Alors qu'Esther s'éloignait d'elle pour s'approcher du réverbère et des objets éparses. Ecrivant un message à Spoiler d'un pouce. "Bon Brown... à nous..."
Sujet: Re: Le second morceau Mar 2 Fév 2021 - 1:13
Ambiance musicale pour accompagner la lecture:
Franchement, cher Journal, quand j’ai reçu ce message de Richardson… J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. J’sais pas si elle a essayé de faire de l’humour, mais j’avais été tentée de lui répondre avec l’adresse de ma concession à Bristol, puis je me suis dit que c’était de mauvais goût vu la situation. Ça faisait des jours que je zonais dans l’East End, ne rentrant qu’aux petites heures du matin. Green Arrow m’avait tenu compagnie deux fois, mais il était plus préoccupé par l’idée de me changer les idées que de chasser du criminel. Les nuits de patrouilles avaient été fructueuses, cela dit. Sans le savoir, mon daron avait rendu le quartier un peu plus sûr… Certes, je marchais sur les plates bandes de Catwoman, mais elle ne m’en tiendrait pas rigueur si je tirais une partie de son fardeau.
N’empêche, ça faisait une semaine que je dormais peu. Et quand je parvenais à trouver le sommeil, il était troublé. Très troublé. Je faisais à nouveau des cauchemars à propos de mon père. Il y en avait un qui revenait en particulier. Je t’en ai déjà parlé, il me semble. t’en souviens-tu, cher journal ? Dans ce rêve, je tenais mon bébé, mon si beau bébé dans les bras… Et Arthur apparaissait de nulle part pour me l’enlever. J’étais impuissante, incapable de sauver mon enfant des griffes du Cluemaster et... Bref, tu connais la suite. Et quand j’étais éveillée, je pouvais difficilement sortir l’image de la mise en scène macabre du bras de Chery dans cette ruelle sale. Toute cette histoire était tellement glauque, merde. J’en menais déjà pas large mentalement avec tout ce qui m’était arrivé ces derniers temps, pour être honnête. Mais je gardais tout pour moi, même si je sais que ce n’est pas sain. C’est normal de ne pas être indifférente quand la mort s’abat autour de soi, hein ? Enfin, tu me diras que Batman, lui, n’a pas le temps de s’embêter des choses aussi futiles qu’être un être humain ou bien avoir des émotions… Je devais m’arrêter là avant d’être mesquine et revenir sur le véritable sujet, finie l’introspection.
D’après le message de la détective, j’avais très peu de temps pour rejoindre le lieu du crime. Et dire que je pensais rentrer à temps pour la fin du service de Conner… Tant pis, c’était bien plus pressant comme problème. Grâce à mon grappin, je n'ai mis que quelques minutes pour trouver le bon endroit, qui grouillait déjà de flics, de badauds et de journalistes. Su-per. Bonjour pour retrouver la détective dans tout ce joyeux bordel. J’avais vraiment que ça à foutre, tiens. J’essayais tant bien que mal de me frayer un passage jusqu’au cordon mais il y avait encore des pauvres cons qui tentaient de photographier et de filmer la scène et sur le coup, j’ai été prise d’un accès de rage soudain… J’ai un peu honte de m’être emportée, mais ces débiles le méritaient, cher journal.
« Putain, mais vous n’avez aucune gêne ?! Ça vous donne la trique de filmer le malheur des gens, c’est ça ?» les harranguais-je,
Ils me fixaient de leur regards bovins, smartphones levés vers moi. J’avoue, j’ai vu rouge et je me suis emparée du premier téléphone à ma portée avant de le balancer au sol et de l’écraser d’un coup de pied rageur. Ces raclures me donnaient la gerbe !
« Maintenant, vous dégagez avant que je vous fasse vomir vos tripes. Allez ! Du vent, les minables !»
Si le propriétaire du téléphone détruit avait voulu protester, il s’était rapidement ravisé en entendant les menaces que j’avais proférées et s’en alla sans demander son reste, non sans tenter de récupérer les morceaux de son bien.Bravo, bien joué Steph. Vachement discrète, ton entrée. Maintenant, il me fallait Richardson… Avec un peu de chance, mon coup d’éclat n’avait pas uniquement alerté les journaleux du coin qui me fixaient déjà comme des putains de vautours encerclant une bête agonisante et quelques flics qui me fixaient d’un air mauvais. J’avais l’impression d’être dans un foutu zoo et pour une fois, je détestais être au centre de l’attention.
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Sujet: Re: Le second morceau Mar 2 Fév 2021 - 12:50
Second morceauFeat la famille Brown
"Sale soirée", disait Esther à un officier de police accroupi devant les indices délaissés par le Clue Master. Le regard de la détective se relevait vers la tête accrochée. Il allait falloir annoncer la nouvelles aux parents de Chery, bien que ces derniers devaient sans doute être déjà préparé au pire ; généralement annoncer avoir retrouvé le bras de leur fille disparu, n'était pas bon signe. Il restait pourtant un espoir, ténu comme pas possible, mais un espoir tout de même.
Malgré le tempérament froid et revêche, son instinct maternel refaisait surface et ne pouvait qu'éprouver une peine immense, à lui retourner l'estomac, envers les parents qui allaient recevoir la confirmation. C'était comme ces disparitions d'enfants écharpés par feu ce furieux de Timothy Elmore, quelques mois auparavant. Elle avait passé la journée entière à enchaîner les visites chez les familles pour leur annoncer, en personne, le fait que leur enfant avait été retrouvé décédé. Bien qu'il s'agissait d'enfants âgés de moins de dix ans, Esther n'éprouvait aucune différence envers cette jeune fille qui, après investigation, avait la vingtaine. La chair de la chair restait la même qu'importe l'âge qui avançait. "Putain de ville de merde..." Maugréait l'agent de police. "C'est pas le rôle des parents que de devoir enterrer leurs gamins." Il se redressait et finissait par s'éloigner.
Bien qu'Esther était mise au parfum de toute cette affaire. Tant par la lecture assidue des rapports que par les mots de Spoiler. Esther devait bien admettre le côté cryptique de cette mise en scène. Toutefois, alors qu'elle se penchait sur la scène dont elle redessinait, schématiquement, l'emplacement de chaque objet dans l'espace, son attention se faisait happer par des clameurs venant du cordon de sécurité. La police exigeait le calme suite aux vociférations féminines d'une personne. La justicière mauve était déjà là, rapide. Et elle se faisait copieusement remarquer.
"Ouah, écoutez ça." Disait une femme aussi maquillée qu'un camion volée. "La justicière en collant nous dis que c'est pas bien. Et la liberté d'expression petite conne ?" Quelques ricanements se faisaient entendre mais le constat était là, et accablant. Les médias et les réseaux sociaux avaient crée une société voyeuriste. Tout le monde voulait voir se que faisait le voisin, voulait découvrir quelque chose de sensationnel et d'extrême afin de pimenter une existence morne et ininteressante. L'on vivait désormais au travers de l'autre. On allait sur des sites pour admirer des photos d'accident de la route ou de tout autre scène maccabre. Au moindre danger les smartphones se dressaient pour capter l'instant et le partager. Un homme qui se noit 10k vues. Un bus bloqué sur un passage à niveau sur le point de se faire percuter par un bus 100k vues. Une femme se faire violer dans le métro 200k vues. C'était une course morbide au scoop, pour le quidam et le journaliste. Qui ferait le plus de vue ? Qui allait saisir le cliché le plus choquant pour se sentir exister ? C'était ainsi le triste constat de ce monde...
Esther n'avait pas eu le temps d'arriver à hauteur la justicière que cette dernière commettait l'erreur de la soirée. "Alors, tu l'aimes ma liberté d'expression, grognasse ?!" Criait Spoiler après avoir écrasé son point ganté sur le nez de la femme. Un crac sonore se faisait entendre, signe d'un bris de nez. Les policiers autours s'excitaient, posant la main sur leurs armes, et les smartphones déjà levés avaient captés toute la scène. Nulle doute que Stéphanie allait avoir mauvaise presse dans les jours qui allaient venir.
"J'm'en occupe." Disait Esther alors qu'elle attrapait Spoiler par le bras pour l'éloigner. Devant presque porter la justicière pour l'empêcher d'aller écharper la jeune femme qui l'assassinait d'un torrents d'insultes. Manque de chance, la détective n'était pas au bout de ses peines et Stodola venait bien vite les agonir de remontrances. "On peut jamais être tranquille avec toi Richardson. C'est ça ta principale interessée ? Une justicière, Spoiler qui plus est, qui vient mettre sa merde sur mes plates bandes ?" L'inspectrice semblait remontée et ne démordait pas dans son assaut. On croirait voir deux Richardson se faire face. Deux flics avec le même caractère mais dont les méthodes s'opposaient en tout point. "Qu'est se qui me retient de vous jeter hors d'ici ou de passer les menottes à ton amie en mauve pour aggression."
"Bordel Stodola, qu'elle porte plainte cette connasse. On a plus important à faire là. Y a des putains de vies en jeu. Si on arrive à faire vite et bien on pourrait sauver une mère et une gamine en bas âge." La poigne d'Esther s'accentuait sur le bras de Spoiler, comme une invitation à copieusement fermer sa petite gueule. "Chaque minutes qu'on perd dans tes procédures de merde c'est une chance qu'on retrouve ces personnes là ,au mieux, dans des sacs poubelles." Les deux femmes s'observaient de très longs instants avant que l'inspectrice finisse enfin par abdiquer. "On en reparlera de tout ça, Richardson. A la fin de cette enquête tu entendras de nouveau parler de moi." Stodola foudroyait les deux femmes, accentuant un regard venimeux sur Spoiler avant de s'éloigner.
Sans attendre une seule seconde supplémentaire. Esther se tournait vers Esther, Sa main libre venait saisir le bras libre de la justicière. "Non mais bordel qu'est se qui t'a pris ? Merde à la fin." Le ton était digne d'une mère courroucée, passant un savon à sa fille. Le genre de ton qui ramenait tout droit à l'enfance. "Même si cette pétasse le méritait tu crois pas que tu fais typiquement se que le Clue Master veut ? Toutes ces mises en scène, ces proches qui meurent et qui disparaissent. Il veut que tu dérapes. Il veut que tu te retrouves seule, aliénée de tes alliées, abandonnée toute la pourriture qui macère en toi. Tout ça pour que soit tu finisse par te coller une balle ou que tu l'implore de le faire." Le regard d'Esther ne quittait pas celui de Spoiler. Ce dernier était dur et elle ne comptait pas à la lâcher avant d'avoir terminé sa diatribe. "C'est que le début, Spoiler. Si tu craques maintenant, autant que tu t'achèves tout de suite. Alors tu souffles, tu gardes la tête froide. Car se qui t'attends c'est une plongée dans l'enfer imaginatif." Au fond d'elle, la détective espérait faire mouche. Ne pas se retrouver face à un mur d'impertinence ou de stupidité. Elle relâchait Spoiler et attendant qu'elle se calme finissait par lui proposer une cigarette. Elle allait patienter le temps qu'il faudra, mais Stéphanie allait avoir besoin de toute sa tête pour supporter se qui allait suivre.
Sujet: Re: Le second morceau Jeu 4 Fév 2021 - 23:11
Ambiance musicale pour accompagner la lecture:
J’étais hors de moi. Je n’avais qu’une putain d’envie, c’était de régler son compte à cette salope et à tous ceux qui oseraient se mettre en travers de mon chemin. Plus rien ne comptait à cet instant, j’étais devenue sourde aux bruits extérieurs, complètement hermétique à la situation. J’avais envie de les faire souffrir autant que je souffrais en ce moment. Effacer leur putain de sourire insolent à grand renfort de coups de poings dans leur tronche.
"On peut jamais être tranquille avec toi Richardson. C'est ça ta principale intéressée ? Une justicière, Spoiler qui plus est, qui vient mettre sa merde sur mes plates bandes ?"
« Ouais, vachement surprenant que la gamine du type qui disperse des morceaux de corps dans toute la ville ait possiblement des choses à dire sur le sujet… Rassurez-moi, Vous lisez les rapports d’enquête avant de venir sur le terrain, nan ?»
Pour qui elle se prenait, cette connasse ? J’aurais bien envoyé des insultes en plus mais l’étau qu’était la poigne de Richardson se resserrait un peu plus autour de mon bras à chaque mot qui s’échappait de ma bouche. J’comprenais le message cinq sur cinq. Je me la fermais pendant qu’elles se prenaient le bec, j’avais presque l’impression d’être une gamine à côté de deux soccer moms qui s’engueulaient pour des broutilles. Qu’est-ce que je fichais ici ? Ah, oui : je devais tenter de déchiffrer les indices que le Cluemaster avait laissés ici. Bon, évidemment, je me doutais que j’allais aussi avoir droit à des remontrances de la part d’Esther et ces dernières ne se firent pas attendre.
« C’est bon, t’as fini ton laïus ? » Aboyais-je d’abord avant de me radoucir. Richardson n’y était pour rien et avait raison. J’avais merdé, salement. j’ai dû me faire violence pour pas lui sortir un « Mais t’es pas ma mère, merde ! ». J’étais une petite conne avec un gros problème de discipline. Après tout, je n’avais jamais eu de problème à tenir tête au Chevalier noir… Je sais, cher journal, ce n’est pas quelque chose dont je devrais être fière. Sauf que je l’étais, voilà !
« J’ai compris la leçon. Attaquons-nous au plat de résistance, je nous ai déjà fait perdre assez de temps avec mes conneries ce soir. »
J’assumais sans sourciller mes torts. J’avais débloqué et les mots de l’inspectrice avaient fait mouche. Arthur devait se délecter de me voir doucement mais sûrement perdre les pédales. J’parie qu’il devait nous observer sans doute. Oh, pas physiquement, non. Bien trop dangereux pour la suite de son plan. Et puis il n’était pas du genre courageux. Mon père avait toujours été un rat, prêt à quitter le navire dès que ça commençait à craindre.
« Non merci, j’essaie d’arrêter.» anonnais-je alors que Richardson me proposait une clope. Je ne sais même pas pourquoi j’avais sorti cette réplique digne d’un mauvais film de série B sur le coup, je n’avais jamais fumé de ma vie.
« Alors, qu’est-ce qu’on a ce soir ? Un pied ? Une oreille ? »
Je m’efforçais d’avoir un ton presque guilleret alors je me déplaçais vers le gros de l’action, amenant à ma suite la flic qui avait enfin libéré mon avant-bras. La suite, cher journal… Mon dieu.
J’ai du mal à te décrire toute l’horreur de la vision qui s’offrit à moi, cette nuit-là. Si j’avais cru que mon cœur allait lâcher en réceptionnant le message de l’inspectrice, je peux t’assurer qu’à ce moment précis, je n’avais qu’une envie : prendre mes jambes à mon cou et fuir le spectacle macabre. Chery me contemplait, enfin, uniquement sa tête… Reliée à un lampadaire par des barbelés, exposée comme un trophée. Mon regard croisait le sien, mort. Ses yeux vitreux me fixant dans une expression mêlant épouvante et douleur indescriptible. J’avais l’impression que j’allais défaillir et, sans véritablement m'en rendre compte, je prenais appui sur Richardson. J’avais certes envie de prendre mes jambes à mon cou mais ces dernières ne me porteraient pas très loin. J’avais besoin d’air, envie de vomir, de hurler... Tout ça à la fois.
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Sujet: Re: Le second morceau Ven 5 Fév 2021 - 17:01
Second morceauFeat la famille Brown
Esther observait la scène de crime avec une curiosité macabre. Le sang, les restes humains, c’était son quotidien depuis plusieurs années. Dire qu’elle s’y faisait était un odieux mensonge. On ne pouvait s’habituer à ces tueries, c'était tout bonnement impossible. Et ceux qui avaient suffisamment perdu leur humanité pour ne plus ressentir ce goût ferreux en bouche, cette boule dans la gorge et sentir son estomac se nouer, étaient bons pour Arkham. Ou alors étaient de ceux qui allaient pas tarder à se faire sauter le caisson.
Afin de se prémunir de ce genre de folie. D’éviter au plus possible de considérer cette tête tranchée comme un simple morceau de viande froide à étudier. Esther avait pour habitude de toujours se présenter aux enterrements des victimes pour lesquelles elle enquêtait. Voir les familles déchirées pleurer la perte d’un proche. En sommes, elle s'efforçait de garder le contact humain de son travail. Bien qu’en définitive elle se renfermait chaque fois un petit peu plus sur elle-même. Mais le pire, pour elle, c’était d’assister aux crémations de ceux qui n’avaient rien, ni famille, ni proches, ni amis, et d’être la seule présente dans ces instants ci. Elle arrivait à sentir jusque dans la mort de ces gens-là une solitude immense et la détective se disait avec amertume que ces gens sont morts deux fois : D’abord de leur vivant, puis dans la mémoire collective.
La détective se faisait arracher de ses pensées lorsqu’elle sentait la justicière peser sur elle et s’accrocher à elle comme on s’accrochait à une bouée de sauvetage. Il n’y avait pas besoin d’avoir beaucoup d’empathie pour savoir que Spoiler semblait défaillir en se retrouvant face à la tête tranchée de son ancienne meilleure amie. Était-il possible de comprendre son état d’esprit ? Sans doute que non. Bien que la policière portait, elle aussi, une hécatombe à la place du cœur, chaque deuil, chaque perte, était ressenti de manière unique. Leur altercation verbale de tout à l’heure lui court-circuitait toute tentative de la réconforter. Non pas qu'elle ne voulait pas. Esther ne savait tout bonnement pas de quelle manière procéder. Lui donner des mots vides de sens, poser une main sur son épaule, l’éloigner ? Tout était à la fois la bonne et la pire solution à adopter.
Le temps que la détective potassait sur le sens de la vie, et soufflait sa fumée de cigarette, Spoiler était déjà à pied d'œuvre. Ses réflexions allaient tout azimuts et elle marmonnait des mots qui n’avaient ni queue ni tête. “Aile de poulet… Gotham… Nightwing. Kansas… Smallville… Superboy;.. Abricot… Face de citron ? Blackbat ? Non… non…Putain !” Elle semblait chercher des liens de causalité entre chaque objet disséminé et de son entourage proche. Elle se creusait la cervelle presque à s’en tirer une main dorée qui dépassait de sa capuche. Esther, elle, semblait plus interloquée et intéressée par les réactions de la justicière. L’impression de voir à côté d’elle une folle en train d’énumérer des mots que seul son esprit dément pouvait en déterminer un sens aussi capillotracté que précis.
Mais dans celui de la détective, une petite lumière venait de s’allumer. Justement la folie. N’était-ce pas le désir du Clue Master ? Guider sa fille dans les bras de la névrose psychotique jusqu’à la faire aliéner de tout ceux qui croient en elle ? Esther posait son regard sur les différents objets. Un Abricot, un Rein, une Carte du Kansas, un Hamburger, une Aile de poulet et une Manivelle. "Attends, Spoiler. Je crois que c’est beaucoup plus simple que ça.” Disait Esther d’un ton morne. Une cruelle erreur car ses mots semblaient être des étincelles qui mettaient le feu au poudre.
“Non, non, c’est pas plus simple que ça ! Qu’est ce que tu veux espèce de sale taré ?!” Enrageait Spoiler avant de se faire couper de nouveau par Esther. “C’est un rébus, Spoiler. Enfin pas un rébus mais c’est juste la première lettre de chaque mot."
A cette déclaration le peu de peau qu’on apercevait du visage de spoiler virait au rouge vif. Une colère indescriptible s’emparait d’elle. “Mais il me prend vraiment pour une putain de conne ! Tu m’as déjà fait le coup espèce d’enfoiré ! Arrêtes de me prendre pour une gamine, j’vais te retrouver et j’vais te cre… aïeuh !” Coupée dans son monologue, ramenée à la réalité, par une claque derrière la tête décochée par détective. “T’as fini tes laïus ? La réponse c’est Arkham.” maugréait la Détective en lui renvoyant la balle de la pique verbale, faisant l’effet d’une douche froide pour la justicière. “De toute manière j’aurais fini, tôt ou tard, par trouver seule.” Enchérissait la blondinette afin d’avoir le dernier mot.
Arkham, son île, ses parcs, son asile. Une aire de jeu vaste mais bien moins labyrinthique que l’East End. Pour Esther ça allait être le moment de faire l’école buissonnière et errer sur cette île de malheur jusqu’à la prochaine activité du Clue Master. Avec de la chance elle pourrait l’attraper sur le fait ou, à défaut, gagner un temps précieux en récoltant elle-même les indices avant que quiconque ne les trouve avant elle.
Esther finissait par jeter son mégot dans un caniveau et glissait les mains dans les poches profondes de son Trench Coat. “Stodola va s’occuper du reste. Retrouve moi chez moi sur les coups de midi, je te passerai les copies de tout ce qu'on aura récupéré. Rapports d’autopsie, photos, la totale. Ça te va ?” Malheureusement Spoiler ne semblait pas écouter et pianotait rageusement sur son téléphone portable. “On fait comme ça, aller à tout à l’heure. Stodola ? On quitte les lieux, on en a assez vu.”
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Mer 18 Sep 2024 - 17:59 par 