Sujet: Transformation [PV - Jonathan Crane] Sam 14 Nov 2020 - 20:57
Je suis tout excitée... J'ai enfin su vaincre mes peurs et parler au Professeur Crane. Non seulement j'ai su me sortir les doigts du cul et vaincre mon agoraphobie, mais en plus je ne me suis pas attaquée à n'importe qui. Pour un premier contact, je n'y suis pas vraiment allée progressivement, j'ai péché un gros poisson. Le Professeur Crane lui-même. Oui, cet homme est déconcertant, il a un regard parfois lubrique, déviant, parfois déséquilibré, comme s'il allait péter un câble sans prévenir, sans que personne ne sache réellement pourquoi. Cet homme n'est franchement pas net, et il a été accusé de mille et une magouilles ou expérimentations truquées. Mais je me suis sentie guidée par un moteur. Je devais le faire, c'était l'épreuve pratique de cette première leçon.
Ça m'a vraiment fait quelque chose, parce que je suis habituellement une paria, personne ne m'adresse la parole dans cette faculté, les autres étudiants me regardent comme si j'étais une bête de foire. Cela dit, je n'aide pas beaucoup non plus, je me coupe du monde et mon handicap est magnifié, comme si je le mettais en exergue pour filtrer tout contact. Mais avec lui, c'était totalement différent, il m'a écoutée activement, il m'a regardée dans les yeux, et j'ai senti qu'il s'était fondu en mon passif, comme si nous étions faits pour nous retrouver sur le même chemin, et là, c'est le moment. Quelque chose s'est débloqué.
Nous avons ainsi convenu d'un rendez-vous hors des murs miteux de cet amphithéâtre glacial dans lequel personne ne peut être soi-même, et je ne pense pas être au bout de mes surprises. Je sens que cet apprentissage auprès de Crane va m'apporter de nombreuses révélations à mon propre sujet, et des choses vont ressortir. J'enfouis en moi tellement de peurs que ça ne va pas etre très propre, mais je m'en fous. Au stade où j'en suis, dans la ville où je vis, un peu plus de sale et de souillure ne se remarquera même pas, et je serai, je l'espère, enfin purifiée de mes propres angoisses.
Une libération. Voilà ce à quoi j'aspire. Gotham a beau compter sur le courage et le nettoyage de Batman, visiblement ce n'est pas suffisant. La ville grouille toujours de malfrats, j'ai toujours aussi peur dans la rue, je risque toujours autant ma vie. Un criminel se fait coffrer, dix sortent de je ne sais où. Mais je place tous mes espoirs en Crane, ses cours sur la Peur, c'est exactement ce qu'il me faut pour devenir la justicière que j'aimerais incarner. L'âme d'une sauveuse, je l'ai. Il me manque le courage, et Crane sera mon sauveur, je le sais.
C'est pourquoi j'ai mon premier entretien informel avec lui dans quelques minutes. Je l'attends devant son laboratoire, car j'ai souhaité en savoir davantage sur ses expérimentations. Je ne m'attends pas à un philtre magique qui va balayer mes angoisses, il a bien spécifié que les peurs se travaillaient et qu'il fallait d'abord converser avec elle sans subir un monologue de leur part, les manipuler puis en faire une boulette de papier. J'ai bu ses paroles, je me souviens à la perfection de son cours, au mot près.
Mes jambes tremblent, mais je ne dois pas faire marche arrière, ce n'est pas le moment de me dégonfler, je l'ai déjà trop fait putain. En plus, Crane n'est pas du genre à laisser une seconde chance, si j'échoue à cette épreuve, je risque de me faire radier de ses cours, j'en ai tellement besoin bordel...
Il est l'heure, je m'apprête à toquer à la porte. J'ai hâte de savoir ce qu'il souhaitait me montrer et m'expliquer, mais j'ai peur. Une peur inexplicable, qui vit en moi et qui m'accompagne. Je sens qu'il va se passer un truc...
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Dim 15 Nov 2020 - 7:58
Transformation My reign of terror starts now ! Jonathan Crane était professeur depuis quelques années à la faculté des sciences sociales de l'université de Gotham et sa vie allait bon train. Malgré les nombreuses plaintes lancées à son encontre sur ses méthodes scientifiques et sa pédagogie, il respirait le bonheur pour deux raisons. La première est qu'il pouvait ressentir l'émotion de la peur, à tous moments à chaque instants, de manière aussi jouissive que deux personnes en plein ébat sexuel. L'adrénaline constante, sentir son cœur palpiter et son sang circuler à une vitesse folle était ce qu'il chérissait le plus au monde. C'était une émotion tellement primaire mais qui, pourtant, était infiniment complexe. Cruciale dans toutes les décisions de tout être vivant, mécanisme de défense ultime pour assurer sa propre survie, elle était la panacée des émotions humaines. Il en était si friand et si fier qu'il voulait la partager au monde entier et c'était là la seconde raison : enseigner les fondements de la peur aux prochaines générations ou, s'il voulait être tout à fait honnête, la répandre et étudier les effets de celle-ci sur eux. La plupart des étudiants voyaient son cours axé sur la peur comme une simple option leur permettant d'obtenir des crédits supplémentaires à l'obtention de leur diplôme. Il ne pouvait pas leur en vouloir, mais il ne pouvait pas s'en empêcher non plus. C'était la raison pour laquelle il faisait en sorte que son cours soit complexe et dissuasif : faire partir les faibles et les mauvaises graines, ne laissant que les intéressés et les plus brillants. Il était très exigeant envers ses étudiants, surtout ses pupilles, en qui il fondait de grands espoirs pour l'avenir. Ils étaient souvent conviés à des cours particuliers en dehors des horaires de l'école car, même si Jonathan Crane était un professeur, il restait avant tout un scientifique et ses recherches primaient sur tout. Sur quoi portaient ces séances privées? Impossible de savoir, les participants étant motus et bouche cousue sur le sujet. En ce mois de septembre 2012, au beau milieu de la session d'automne, l'expert en phobie de l'université de Gotham donnait un cours portant plus particulièrement sur les signes de la peur. Durant ses explications, son attention se porta sur la jeune femme réservée assise au fond de la classe. Elle s'appelait Becky Albright, brillante élève mais très asociale envers l'être humain en général. Il ne pouvait pas dire grand chose sur elle tant elle était refermée sur elle-même, mais il savait cependant une chose : elle empestait la peur et il adorait ça. Il avait la sensation qu'elle buvait toutes ses paroles depuis le début du trimestre et que ses cours étaient d'une fascination débordante pour elle. La seule raison qui l'empêchait de venir le voir était probablement une phobie quelconque ou même plusieurs, aussi il ne poussa pas les choses. S'ils devaient se parler, ce serait à mademoiselle Albright de faire les premiers pas en affrontant ses peurs. Il n'eut pas à attendre longtemps cependant, car la jeune étudiante avait trouvé le courage de venir à sa rencontre à la fin du cours. Ils discutèrent longuement pendant des heures, forgeant des liens que personne n'aurait soupçonné possible. Il n'était pas question d'amour ou même de désir physique, mais bien d'une attirance psychologique l'un envers l'autre, comme deux grands amis. Ces discussions en dehors des heures de cours se poursuivirent avec les semaines et se prolongèrent. La jeune femme lui parlait d'elle et il l'écoutait dévoiler tout son être avec patience et passion. Au fond, elle était comme lui. Elle avait peur de ce que les autres pouvaient penser d'elle, exactement comme Crane. Cette constatation lui donna un élan de compassion pour la jeune femme et il s'intéressa de plus en plus à elle. Il s'était même surprit à ressentir de l'affection pour l'étudiante tant, à ses yeux, ils étaient pareil. Aussi décida-t-il de pousser plus loin ces conversations. Jonathan Crane avait invité Becky Albright à venir le retrouver dans son laboratoire privé un vendredi soir. Il était temps de voir si cet être humain détenait le potentiel qu'il avait ressenti ou si elle n'était que poudre aux yeux. Ayant donné l'adresse de l'endroit ainsi que l'heure de cette rencontre, il attendit patiemment l'arrivée de sa nouvelle pupille. Lorsqu'elle toqua enfin, il lui ouvrit la porte et la débarrassa de ses affaires en les accrochant au mur. Il lui fit visiter les lieux : c'était une grande pièce avec des murs blancs situé dans les sous-sol d'un bâtiment appartenant à l'université. L'endroit était propre et bien éclairé, mais il ne restait aucune place pour le moindre crayon sur les tables et comptoirs. Cahiers de notes, fioles, éprouvettes, récipients à ingrédients, ballons, thermomètres, tubes, erlenmeyer, bécher, condenseurs, cages pour les cobayes animaliers, etc. Chaque recoin du laboratoire était utilisé efficacement. Crane ne laissait rien au hasard, surtout pas ses expériences. Une fois la visite terminée, le professeur se retourna vers son élève, l'air sérieux. - Mademoiselle Albright, je serai bref et concis. Je vois en vous un potentiel intéressant pour faire partie de mes projets à long terme, votre présence ici-même en est la preuve. Vous avez bravé votre peur il y a de cela plusieurs semaines pour venir me voir, mais il faut désormais pousser plus loin. Je suis entrain d'élaborer une formule qui permettrait de déclencher la peur chez une personne, me permettant ainsi de connaître ce qui effraie tant le psyché de chaque individu. Aidez-moi à la mettre au point, devenez mon assistante. Au terme de cette coopération, je vous promet que vous ne verrez plus la peur de la même façon. Il savait que la jeune femme ne possédait pas nécessairement de compétence en chimie, mais aussi étrange que cela puisse paraître, il la voulait près de lui. Il avait déjà un plan pour elle, mais il voulait avant tout préparer le terrain. Il verrait, lors du moment fatidique, si elle était digne de ce qu'il avait en tête pour elle.
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Lun 16 Nov 2020 - 19:17
"J'accepte avec grand plaisir, Professeur Crane... C'est un honneur pour moi de devenir votre assistante. J'ai vraiment hâte de voir ma vision de la peur changée. Aujourd'hui, j'ai peur de la peur, demain je l'anéantirai, et vous me l'apprendrez, je boirai chacune de vos paroles sans jamais trembler, je vous le promets."
Que Dieu m'entende...
Je n'ai pas l'habitude de passer la brosse à reluire, mais je suis tellement excitée de commencer cette aventure incroyable que si je n'avais pas autant de retenue, je l'aurais pris dans mes bras et j'aurais pleuré de gratitude.
Ainsi, le vendredi s'était transformé en jour sacré, et plusieurs semaines durant, je tenais assistance à ce savoureux professeur, un homme aussi passionnant que passionné par son art. Il n'avait pas besoin d'enfants, ses philtres étaient ses propres créations, il les avait accouchées lui-même, et gare à celui qui osait les approcher de trop près. Même pour moi, sa propre assistante, c'était chasse gardée. Du moins, il ne m'a jamais invitée à les manier.
En revanche, et c'est là où j'ai éprouvé pour la première fois de ma vie un sentiment de fierté, c'est que j'ai commencé à me rendre indispensable car sans moi, ces liquides mouraient à petit feu dans leurs fioles. Au départ, Crane me donnait des listes avec des noms imprononçables tels que Corticotropine, Epinephrine, parfois même Lukicrine, Sladochine, Kitibentine et même Cranopsil. Des noms à coucher dehors, mais des noms que j'ai aimés dès le premier contact. Un gage de confiance. Un jour, ces produits serons miens et je deviendrai hermétique à toute forme de peur. Cela deviendra mon breuvage, ma romance, mon pari le plus fou.
Petit à petit, je me mis à lui poser des questions, car tout cela piquait ma curiosité. Pourquoi ces substances, pourquoi ces nuances de jaune, pourquoi ça sent l'urine séchée, qu'est-ce qui provoque tout ça, et surtout... quels sont les effets de tous ces mélanges.
Le plus souvent, j'avais pour réponse une injonction à noter certaines formules. Certaines m'étaient familières, mais pas toutes. Je pense que Crane cherchait à me marteler ces mêmes formules redondantes pour que je puisse les retenir, me les approprier, et je l'espérais, les réutiliser.
Je devenais une experte en prise de notes, plus rien ne m'échappait. Couleur, opacité, odeur, état... Je commençais à savoir tout rattacher à une simple formule, et à savoir expliquer ce qu'il fallait ajouter ou modifier afin de rendre le résultat optimal, à l'état gazeux. J'ai également appris à connaitre davantage la manière de travailler du Professeur Crane, et je découvre un homme passionné, à la limite gaga (pour cela, j'ai un peu peur pour lui, je le visualise bien en savant fou complètement sénile, du moins s'il perdure à être tel que je le perçois actuellement). Il ne supporte pas l'échec (par conséquent je n'ose pas trop lui faire trop de suggestions, si ça tourne acide, je risque de me faire appeler Arthur...), il a même piqué de violentes crises de nerfs, j'ai presque regretté d'être à côté.
Je sais que ces crises ne m'étaient pas destinées, d'autant plus que, malgré mes nombreuses tares, j'ai au moins le bénéfice de ne pas avoir celle d'être une éponge émotionnelle, ni celle de la culpabilité perpétuelle. C'est déjà ça. Sa première crise m'a bien surprise, j'ai même été tétanisée, mais Crane était tellement en feu qu'il en avait oublié ma présence. Il hurlait, renversait tout le contenu raté de ses éprouvettes, balançait ces dernières sur les murs. On aurait dit un enfant qui avait... PEUR. Peur de l'échec, peur d'être perçu comme un imposteur de la chimie, je ne le sais pas, je le découvrirai peut-être... Assez déconcertant de flairer un tel sentiment chez un homme tel que lui, maîtrisant son sujet à la perfection, à la limite de ne pas ressentir cette peur, et surtout qui semble ne jamais se laisser happer par elle. Les fois suivantes, j'ai tenté timidement de le ramener à lui, de le calmer, mais rien n'y faisait, au contraire, il se sentait infantilisé et ça alimentait encore plus sa colère. J'ai vite compris qu'il fallait simplement laisser passer l'orage, nettoyer sans mot dire les dégâts qu'il provoquait avec ses gestes destructeurs envers son matériel et ses résultats "complètement à côté de la plaque, une vraie merde", pour reprendre ses termes.
Mais ce vendredi soir là, tout était différent... IL était différent, il arborait un sourire énigmatique, comme si notre routine allait connaître un changement. Mais lequel... je n'en avais encore pas la moindre idée !
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Jeu 19 Nov 2020 - 6:35
Transformation My reign of terror starts now ! Les semaines avaient passées très vite tant il était absorbé par ses recherches et l'aide de Becky Albright lui était d'un grand secours. Elle lui permettait de libérer son esprit des choses secondes et futiles, lui donnant la possibilité de canaliser ses pensées et ses réflexions à la création de la formule parfaite. D'abord incertain de ce qu'il était prêt à lui accorder comme tâches et comme indépendance, la jeune femme l'impressionna grandement par ses aptitudes à l'adaptation et surtout à choisir ses combats. Il devait bien l'admettre, il exigeait beaucoup de ses élèves et encore plus de ses assistants, ce qui avait le don le rendre irascible et colérique face à l'échec. Après tout il en avait le droit, car il s'imposait encore plus de contrainte et ne désirait rien d'autre que la perfection. Confronté à l'amère défaite de ses nombreuses tentatives, il ne savait comment réagir autrement que par la violence compulsive. Cependant, il savait assez se contenir pour ne pas frapper sa protégée, seulement les choses remplaçables. Tout au long de leur temps partagé ensemble, Crane avait répondu aux nombreuses questions de son élève. Il aimait la curiosité, surtout en ce qui concernait ses travaux. Il se savait très égocentrique et un poil narcissique, aimant être le centre d'attention avec ses travaux. Ce trait de caractère ne semblait pas avoir troublée la jeune Becky et c'était tant mieux. Il n'aurait pas aimé recourir à des moyens drastiques avant l'heure. De manière subtile, Crane jetait des coups d'œil à mademoiselle Albright lorsqu'elle était occupée dans son coin. Il notait chaque détail : sa posture, le timbre et le volume de sa voix, son assurance dans ses mouvements, son écoute, sa détermination, son désir de vouloir plaire, sa méthodologie, sa minutie... Il avait devant lui le cas parfait du trouble émotionnel d'internalisation et cela l'arrangeait. Ici elle avait confiance et se laissait aller, mais à l'extérieur elle redevenait celle qui avait peur et qui étouffait. Crane savait que ses activités étaient en sécurité avec Becky. Ainsi, il lui enseignait tout ce qu'elle avait à savoir : composés chimiques, formules, tableau périodique des éléments, composés, méthodes de fabrications, procédure scientifiques en tout genre, rien n'était laissé au hasard. À les voir allez, on aurait plus dit un cours de rattrapage en chimie plutôt qu'une séance spéciale sur la psychologie. Tout était lié cependant : de la même manière qu'un sédatif tranquillise le corps et l'esprit, de la même manière que la cocaïne pouvait surexciter une personne, il savait qu'il existait un moyen de générer la peur chimiquement et il voulait être le premier à le découvrir. S'il réussissait, il n'aurait plus besoin de monter moults scénarios afin de ressentir une peur qui, de toute façon, était atténuée par le fait qu'il savait qu'il ne courait pas vraiment de danger. Il pourrait maintenant s'injecter lui-même la peur pure et être en harmonie avec cette sensation divine. ''Et tu pourras ensuite la répandre et devenir un dieu.'' Crane était conscient de cette ''voix'' dans sa tête, mais il n'en faisait aucun cas. Après tout, qu'était-ce sinon la manifestation de ses pulsions les primaires? S'il devait devenir un dieu de la peur grâce à son invention, alors il le serait. La voix et son désir de ressentir la peur étaient ses véritables motivations à poursuivre sans relâche ses travaux. Arriva enfin le jour où il fit une percée majeure et n'attendit pas Becky pour poursuivre plus loin. Lorsqu'elle arriva enfin en cet énième vendredi soir, son professeur l'attendait sur une chaise, l'air satisfait, un sourire presque malsain sur les lèvres. Il fixait la jeune étudiante, impatient de tout dire. Il révéla qu'il avait fait une percée et qu'il tenait probablement l'ultime solution, l'outil parfait pour briser le rempart qui séparait l'homme de sa compréhension fondamentale et chimique de la peur. - Mademoiselle Albright, vos services et votre patience durant ces dernières semaines se doivent d'être récompensés. C'est pourquoi aujourd'hui est un jour spécial. Je vais vous faire entrer dans mon sanctuaire le plus intime. Par ici je vous prie. Crane était calme, mais quelque chose perçait dans sa voix. Il contenait son excitation, cette envie de rire aux éclats comme un psychopathe. Enfin, il avait réussi! Oh certes il criait victoire un peu trop tôt, mais il avait confiance en cette itération. S'approchant du mur du fond, Crane poussa une plaque un peu plus usée que les autres et le mur juste à côté laissa place à une entrée sombre. Devant eux, des escaliers de métal rouillés éclairés par des ampoules au seuil de la fin de leur utilité. Ils descendirent quelques minutes jusqu'à ce qu'ils arrivent devant une porte de métal verrouillée. Cherchant la clé permettant de l'ouvrir, Crane ne pensait pas à Becky, il savait qu'elle le suivait. Elle avait donné trop de son temps, apprit tant de choses et était dévoré par la curiosité pour reculer maintenant. Son emprise sur elle était forte, presque aussi forte qu'un marionnettiste avec son pantin. Elle était son jouet, son sujet d'expérience. Lorsque la porte s'ouvrit, Crane laissa passer Becky en bon gentleman et referma la porte derrière eux. Ce que la jeune étudiante vit lui arracha un spasme : des tables de dissections, certaines ayant encore leur patient fraîchement décédé dessus, le crâne ouvert. Il y avait des cerveaux dans des bocaux, des tableaux emplis de notes toutes plus illisibles les unes que les autres. Elle pouvait reconnaître certains noms près des corps : tous des étudiants ayant été des assistants de Crane. Il laissa Becky s'imprégner de l'atmosphère des lieux, l'odeur du sang séché et de la pourriture, le renfermé, l'alcool à friction. Rien de tel qu'une bonne angoisse pour décupler les effets de ce qu'il s'apprêtait à faire. Voyant que la jeune femme commençait à avoir du mal à respirer à force de fixer la scène, il décida d'enchaîner. - Mademoiselle Albright, lorsque je vous ai emmené dans mon laboratoire, je vous avais promis que vous verriez la peur différemment. La peur est certes poison, mais elle est avant tout une arme puissante. Savoir l'utiliser et la rediriger vers ses ennemis, c'est comme cela que l'on se libère de ses chaînes. J'ai aujourd'hui le moyen de vous libérez et de vous transformez en quelque chose d'autre, une version meilleure de vous-même. Cela étant dit, vous devez survivre... À ces mots, la jeune femme se retourna horrifiée, mais Crane l'aspergea d'un liquide à l'odeur particulièrement forte. Les vapeurs de la toxine lui montèrent au nez et il vit déjà les premiers symptômes apparaître. Il ajouta une touche finale en lui faisant inhaler un puissant hallucinogène. C'était maintenant l'heure de vérité. - Dites moi miss Albright, de quoi avez-vous peur?
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Ven 20 Nov 2020 - 4:11
Grands Dieux... !!! Je sentais que cette séance allait être spéciale. Le sourire énigmatique, presque malsain en disait bien long. Quelle surprise me préparait-il donc ?
Paradoxalement, je me sentais suffisamment en confiance pour le suivre. Cela faisait maintenant plusieurs mois que je tissais une relation avec le Professeur Crane, je ressentais comme une attraction naturelle, j'avais l'impression de le connaitre depuis toujours, sa présence me sécurisait si bien que je me sentais comme guérie.
Je le suivis et pénétrai dans le temple dont le professeur allait me dévoiler tous les secrets. Mais ce qu'elle vit était à mille lieues de ce que je m'étais imaginé... Moi qui rêvais de fioles aux liquides magiques, de livres aux formules complexes et aux enluminures fantasmagoriques, d'artefacts sécurisants permettant de faire reculer toute peur...
"Bordel de merde........"
Mes yeux furent violés par la vision que Crane avait voulu m'imposer, sans même m'avoir prévenue. Il aurait pu m'avertir de la violence de ce spectacle d'horreur absolue, de la nature sacrificielle de ce que renfermait ce lieu qui m'apparaissait hors du temps et de l'espace. J'avais l'impression d'avoir pénétré dans une autre dimension, dans celle de la Peur, telle que je ne l'avais jamais encore affrontée, en combat rapproché.
Je fus prise de violents spasmes et d'une nausée soudaine, mais je n'eus pas le temps de me vider, car je fus aspergée par une substance dont l'odeur me rappelait très fortement... Quoi déjà ?
Un chiffon blanc immaculé avec des broderies rappelant la paille me recouvrit le visage. Il était imbibé mais "je ne sais plus ce que je vois, ce que je sens, ce que j'entends, je commence à sortir des mots sans aucune corrélation les uns avec les autres, ça n'a aucun sens mais ça me libère, tout se détend, j'ai la sensation de sortir de mon corps, je flippe..."
"Professeur ?"
"PROFESSEUR ???"
J'avais l'impression de perdre pied. Tout se déformait, je devenais spectatrice d'un des pires films d'horreur jamais réalisés. Le Professeur Crane se trouvait face à moi, ses traits étaient devenus menaçants. Son regard me lançait des éclairs et j'aurais juré qu'il cherchait à me menacer, et qu'il attendait le bon moment pour m'asséner le coup fatal. Un sourire sadique se dessinait sur son visage, jusqu'à lui déformer chacun de ses traits. J'eus l'impression de voir se former un visage de gargouille démoniaque en face de moi, c'était dantesque. Il devenait de plus difforme, amoral, obscène, et semblait renfermer en lui péchés et imperfections terrestres. Son expressivité baroque semblait faire effet car je fus soudain envahie par une Peur, une Terreur jamais encore connue, si bien que j'avais l'impression d'être dans mon pire cauchemar et je ne souhaitais qu'une chose : me réveiller le plus rapidement possible. Le visage de Crane, par ses mutations étranges, me terrorisait non tant par son irrégularité et sa monstruosité, mais car je crus durant un instant être face au miroir de mon âme. En lui, je me voyais moi, Rebecca Albright. Jonathan Crane était ainsi devenu un Épouvantail apotropaïque, il avait réussi à me repousser, à me révulser, comme si j'étais moi-même la personnification du mal et de la difformité.
Je tentais de hurler mais j'avais l'impression qu'aucun son ne sortait de ma bouche. Je tentais de fuir mais j'avais la sensation que mes mouvements étaient ralentis, que mes jambes ne suivaient pas. Elles pesaient une tonne. J'étais impuissante.
Je voulais que cet épouvantail brûle, je voulais me raccrocher au moindre pan de réalité pour pouvoir me réveiller de ce cauchemar. Une odeur enivrante m'avait enveloppée avant que ce spectacle apocalyptique ne se déroule. Crane avait lancé le film, j'étais à l'avant-première, mais j'avais la sensation de perdre toute lucidité. Étais-je spectatrice ou actrice ? Étais-je à l'image de cette créature épouvantable, était-elle réellement la personnification de mon âme et de ses noirceurs ? La peur m'avait-elle rongée à un tel point que mon innocence avait été anéantie sous les ténèbres d'un Mal pernicieux qui grandissait en moi tel un ténia ?
Tant de questions se bousculaient en moi, de plus en plus nettement. La sensation d'une main chaude et réconfortante me fit revenir à moi.
Un chiffon blanc maculé de petites taches jaunâtres, et avec des broderies rappelant la paille s'offrit à mes yeux. J'eus un spasme avant de retrouver un réel contact avec la réalité.
J'étais allongée sur le sol, ma tête était surélevée sur un coussin de paille que on hôte avait récupéré au fond de la pièce. Le professeur Jonathan Crane me regardait avec bienveillance, presque avec tendresse, et m'épongeait le front, puis le visage, avec des gestes à la fois doux et précis. Ses traits étaient nets, réguliers, symétriques. Il n'avait rien de l'affrosité baroque qui m'avait tant révulsée, au contraire, il n'avait rien de notable, il n'avait même aucun trait distinctif, si ce n'était sa grande taille et ses membres décharnés. Rien d'alarmant, nous l'avions tous toujours connu ainsi, pourquoi aurait-il changé du tout au tout ? Becky... tu es une sotte d'avoir été sous une emprise aussi forte, me dis-je. Avais-je échoué ? Crane allait sûrement me congédier, après cet épisode. Putain, j'avais tout gagné... Mais visiblement, il ne semblait pas m'en vouloir, au contraire. Il semblait même satisfait de cette expérience, comme s'il espérait CE scénario-là et pas un autre. Apparemment, j'ai vécu un traumatisme, et il avait réussi à me tirer de ce cauchemar éveillé, je ne sais comment.
Je me souviens vaguement d'une question qu'il m'avait alors posée avant de sombrer dans les abysses des illusions suite à mon voyage terrifiant dans les ténèbres. Affaiblie et encore sous le choc de ce que j'avais vécu, je réussis à prononcer dans un souffle :
"... de... MOI"
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Mer 25 Nov 2020 - 7:14
Transformation My reign of terror starts now ! Jonathan Crane avait observé tout le processus avec un sourire d'abord satisfait. Il constatait les symptômes clés de la peur chez l'être humain ; les yeux de Becky s'étaient écarquillés, elle commençait à être en sueur et sa respiration devenait de plus en plus saccadée. S'il avait pu entendre son cœur, son rythme aurait certainement été dément. Il voyait la jeune femme regarder ses mains avec panique et elle fut prise de nausée. Lorsqu'elle reposa ses yeux sur son professeur, c'est là qu'il comprit qu'il avait réussit. Il éclata d'un rire sardonique et satisfait, d'une cruauté froide digne d'un savant fou, un véritable psychopathe. Il avait enfin atteint le succès dont il avait tant rêvé, un moyen de déclencher la peur de manière chimique et à tout moment. Cette découverte magistrale lui ouvrait tant de possibilités qu'il en perdait la notion des réalités, complètement obnubilé par la folie des grandeurs. Cette pièce, dont l'ambiance était habituellement à la fois si ordinaire et si pesante, était devenue une scène d'opéra de cris et de rires, image phantasmagorique de la naissance d'un être nouveau. Tout cela avait été possible par ce que Crane avait vu dans le visage de sa protégée. La terreur ultime. L'éclatement de toutes les barrières psychiques. S'il avait filmé la scène, il aurait pu noter à quel instant précis l'esprit de la jeune femme avait vaciller. Ce qu'elle avait vu précisément, il ne pouvait évidemment pas le savoir, mais elle avait bel et bien vu quelque chose. Lorsque ses jambes cessèrent de la maintenir debout, Crane s'élança pour la rattraper et plaça sous sa tête un sac afin de la mettre plus confortable. Alors qu'elle convulsait et qu'elle continuait de crier, le professeur en profita afin de récolter la salive et la sueur de son sujet d'expérience. Avec les analyses adéquates, il serait en mesure de vérifier si ces secrétions avaient été causé par un trop plein d'adrénaline, celle-ci provoquée par l'activité anormalement élevée de l'Amygdale. Alors qu'il effectuait ses tâches, Becky prononça un mot qui piqua la curiosité de son professeur. Elle avait dit le mot ''Épouvantail''. Encore cet être, pensa Jonathan. Toute sa vie il avait eu des signes. Sa grand-mère lui envoyait des corbeaux pour le martyriser lorsqu'il était jeune jusqu'à ce qu'il retourne la situation contre elle. Il avait revêtu un costume d'épouvantail lorsqu'il avait voulu jouer un tour à deux étudiants qui s'étaient moqués de lui, une farce qui avait vite tournée au drame avec un accident de voiture, provoquant la mort de l'un et la paralysie de l'autre. À chaque moment fort de sa vie, il y avait eu une référence à cet être. Et à chaque fois, il avait été enivré par cette sensation de supériorité. Le fait que Becky voit en lui un épouvantail le laissa des plus perplexe, mais il aimait l'idée. Après tout, chaque être humain cache une partie sombre en lui, se pouvait-il que son démon enfoui soit un épouvantail? Il trouvait l'idée farfelue, mais également logique. Après tout, à qui d'autre pouvait appartenir cette voix caverneuse psalmodiant des menaces aux frontières de son esprit? Maintenant qu'il avait la toxine de peur comme arme, il pouvait être ce qu'il désirait. Il allait embrasser la part sombre de son être et devenir un monstre destiné à terrifier à jamais l'humanité. Après plusieurs minutes, Becky revint à elle, marmonnant et balbutiant des mots sans queue ni tête. État de choc, un effet secondaire qui pouvait s'avérer utile. Il fit de son mieux pour cacher le bonheur qu'il ressentait, même si cela devait quand même paraître. Il se voulait le plus sincèrement être rassurant, mais au plus profond de lui il jubilait. Jubilait d'avoir terrifiée une adolescente, jubilait d'avoir trouvé la clé de la peur, jubilait de l'avenir qui s'étalait devant lui. Il aida la jeune étudiante à se relever et attendit patiemment qu'elle reprenne ses esprits. Lorsqu'elle trouva le courage de regarder Crane en face, il y vit surtout de la confusion et de la crainte. Il décida d'y remédier. Après tout, il y avait des chances qu'elle le dénonce à la police et il ne devait pas le permettre. Aussi décida-t-il de la ramener sous son influence sous ses traits de protecteur qui, en vérité, n'était une ombre armée d'une faucheuse. - Miss Albright, je tiens tout d'abord à m'excuser de vous avoir infligé ceci sans votre consentement et de manière aussi brutale. Voyez-vous, pour que la peur soit la plus naturelle possible, l'esprit humain doit être pris au dépourvu, sa garde complètement baissée. C'est le climat que j'ai créé, la toxine a fait le reste. Endormir sa méfiance, telle était la première étape. Avoir une partenaire pour le futur ne serait pas de refus, mais il devait s'assurer de modeler son esprit à son image, en faire une extension parfaite de sa volonté. Tandis qu'il continuait sur a lancée, la voix sombre dans sa tête gagnait en puissance et il pouvait l'entendre. Elle le guidait dans ses démarches pour que Becky regagne confiance en lui. ''Il faut la former, tout lui apprendre.'' - Aussi, ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas viré. Au contraire, vous avez obtenu une promotion. Je vous inclus dans tous mes plans, ceux à court et long termes. Votre ancienne vie s'arrête ici et votre nouvelle commence en cet instant. ''Il faut lui donner les moyens, la responsabiliser.'' - Vous aurez accès à mes moyens, mes notes et mes laboratoires de même qu'à mes dossiers secrets. Vous participerez à mes expériences en tant que partenaire à part entière et non plus comme une apprentie. ''Il faut qu'elle sache qu'elle sera évaluée, qu'elle doit passer des tests, faire ses preuves.'' - Le moment venu, vous aurez à faire vos preuves en me montrant la mise en pratique et théorique de vos connaissances. Nous ferons du travail de laboratoire et de terrain ensemble et, j'en suis certain, vous adorerez le second. Vous aurez même droit à votre tenue spéciale. Il réfléchissait au fur et à mesure qu'il parlait. La tenue était indispensable et il avait déjà sa propre idée. Le plus important était de finaliser le raccommodement du lien de confiance entre les deux comparses, le reste viendrait tout seul. ''Ses peurs seront tes armes.'' - Vous avez dit à votre réveil que votre plus grande peur était vous-même. Je le conçois très bien. Les personnes qui s'acceptent véritablement et entièrement sont extrêmement rares et sont, en général, narcissiques. Cela dit, maintenant que nous avons extériorisé votre peur, il est temps d'en inverser les effets. Je ne parle pas de la guérir bien entendu, ce serait allez à l'encontre de tout notre travail. Il faut au contraire y plonger à bras ouverts. Et enfin, un jour viendra où l'humanité aura plus peur de Becky Albright qu'elle d'elle-même.
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Ven 27 Nov 2020 - 1:23
"L'humanité aura plus peur de Becky Albright qu'elle d'elle-même ?"
Je fais déjà peur avec mon corps difforme, mais j'ai senti au ton de la voix du Professeur Crane qu'il ne s'agissait pas de ce type de peur. Hier, le microcosme de l'humanité éprouve un sentiment de peur vis-à-vis de moi, sentiment de peur menant au rejet. Aujourd'hui, Crane me promet que demain, l'humanité éprouvera une certaine forme de terreur envers moi. On ne me méprisera plus, on n'aura plus de pitié envers moi. Juste la Peur la plus pure. Celle que l'on dissimule au plus profond de soi-même. Et je refuse de le décevoir.
Crane compte sur moi et m'a élevée au rang de partenaire, à moi d'honorer cette promotion comme je ne me suis jamais adonnée à quoi que ce soit. Mon association officielle avec Crane est comme un dépucelage, elle se doit d'être PARFAITE.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, après avoir repris mes esprits, l'adolescente timorée que j'étais avait laissé place à une Becky beaucoup plus assurée, plus libérée. J'avais l'impression que la toxine du Professeur avait déverrouillé une porte que j'avais approchée sans jamais oser l'ouvrir. Il m'a aidée à ouvrir cette Chambre Interdite qui faisait encore trop de résistance dans mon inconscient. Le fantasme d'angoisse était enfin révélé, la Peur Bleue avait enfin un visage, et ce visage, ça allait être cette fusion entre Crane et moi. Une expérience à la fois sensible, physique, psychologique, qui dépassera toute symbolique, toute dimension transcendantale et divine.
Épouvantail.
Un épouvantail.
Malgré la libération qu'a suscité chez moi ce voyage à la rencontre de La Peur, une vision subsistait dans mon âme. Cet épouvantail me hantait, comme s'il avait voulu communiquer avec moi, comme s'iil avait un message à me faire passer, un message dépassant la sphère limitée à mon enveloppe corporelle. Il faut que j'exploite ce truc, j'ai une expérience à vivre avec l'Épouvantail que ma vision m'a offerte. Il ne s'est pas présenté à moi pour rien.
"L'humanité aura plus peur de Becky Albright qu'elle d'elle-même." Les mots de Crane résonnaient dans ma tête. Difforme. Épouvantail. Peur transcendée.
Je dois effrayer sans inspirer la pitié, sans inspirer de faiblesse, sans demeurer insignifiante. Je dois ÉPOUVANTER. J'ai bien été à la rencontre de moi-même, ma plus grande Peur, ma Terreur la plus cauchemardesque et la plus Folle, la plus désaxée, la plus incontrôlable... Cette expérience unique ne doit pas être gâchée et lâchée dans les tréfonds de l'Oubli, oh non, bien au contraire. Je vais la partager, je vais la personnifier en lui donnant la vie.
Dépucelage, gestation, accouchement. Telles sont les trois étapes de l'avènement de la nouvelle Becky, la terrifiée allait devenir la terrifiante.
Pour incarner cette peur, je dois me sentir proche d'elle, la devenir, me transformer.
Sous le regard effaré du Professeur Crane, j'ôtais les vêtements de l'ancienne Becky. Un jean mal coupé, une chemise informe marron, décolorée par le temps et la sueur, des chaussures sans réelle identité, des lunettes dont je n'avais même pas besoin, dont je n'avais même plus besoin, qui me servaient davantage de bouclier que de loupe. Cette naissance prouve bien que l'on peut voir comment va le monde sans ses yeux.
Ma pudeur d'antan m'avait quittée, je n'en avais que faire, j'avais maintenant un but autre que la sempiternelle survie. Là, je vais VIVRE. Je m'emparais de toute la paille qui se trouvait dans la pièce, cette paille sur laquelle ma tête avait reposé, et qui avait ressenti tous les chocs psychologiques que j'avais reçus. Je saisis mon kit de couture que j'avais toujours dans mon sac avec moi, car j'avais toujours une guenille à recoudre, et je me lançais dans la conception de ma nouvelle identité, celle dans laquelle j'allais me fondre. Celle qui allait rendre la nouvelle Becky concrète, celle qui allait donner le premier souffle de vie à la Becky qui maitriserait la Peur au lieu de s'y soumettre telle une esclave.
"Professeur Crane... Je suis désormais votre associée, et je vous suivrai comme votre ombre. Quand commençons-nous à jouer avec la peur ?"
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Lun 30 Nov 2020 - 6:32
Transformation My reign of terror starts now ! Il la voyait réfléchir à toute allure, un mélanges d'émotions diverses tentant de se mettre en place dans cet esprit chamboulé par cette nouvelle réalité. Il voyait Becky Albright, fragile et faible, mourir et laissez place à quelqu'un d'autre, une personne plus forte et plus sûre d'elle-même. Cette soirée était définitivement pleine de rebondissements, car l'une de ses théories sur la peur se concrétisait. En gros, une personne exposée à la peur se transformait à jamais. Certes, tout le monde a déjà ressenti cette émotion, mais jamais assez pour avoir un impact décisif, concret, durable. Peu de gens sont confrontés à une telle terreur et ses effets sont aussi diversifiées qu'imprévisibles. Certaines personnes sont poussées au suicide tant l'émotion est insupportable. Faibles et inutiles, leur mort est une bénédiction. D'autres sombrent dans la folie, devenant une version torturée et décharnée d'elle-même. Elles résistent et s'accrochent à la vie, mais elles peuvent basculer aussi aisément qu'un monocycle sur une corde raide. Des sujets d'expérience intéressants, surtout lorsqu'on applique une seconde terreur sur ces esprits déjà éprouvés. Enfin, il y avait les autres, les individus uniques et spéciaux comme Jonathan Crane. La peur le transcendait, il était en symbiose avec elle. Elle l'élevait à un statut de légende, améliorant l'être déjà supérieur qu'il était. La peur pour lui n'était pas une faiblesse ou une métastase paralysant l'esprit et le corps, mais bel et bien une arme dangereuse. Rares étaient les membres de cette catégorie d'individus. Batman en faisait partie. Et aujourd'hui, Becky Albright. Il fut surpris par les actions de sa nouvelle partenaire. Se déshabiller ainsi sans crier gare et commencer à se confectionner un costume avec ce qu'elle trouvait. Fascinant. S'il n'avait pas eu d'autres préoccupations plus urgentes, il se serait assit avec son carnet de notes et aurait documenté son comportement de A à Z. Cela devait attendre cependant. Il décida d'aider la jeune femme dans son labeur. Il n'était pas le plus grand couturier du monde, mais les idées qui émergeaient de son cerveau étaient réalisés par la jeune femme qui semblait en transe. Il n'avait pas fallut longtemps pour que les deux alliés s'entendent sur le concept de leur déguisement. L'Épouvantail, cette entité qui partageait son existence avec lui depuis l'enfance. Cette vision que la jeune femme avait eue, en proie à la toxine, en le regardant lui. Ils décidèrent d'embrasser cette image qui leur allait si bien. Il serait l'Épouvantail, Maître de la Peur, le Seigneur du Désespoir. Quant à elle, elle serait la Maitresse de l'Épouvante, la Patronne de la Terreur.. Durant une semaine, la vie continua bon train. Quant les deux individus n'étaient pas en cours, ils étaient dans le laboratoire de Crane. Alors que ce dernier confectionnait plus de toxine et des équipements spéciaux pour la transporter et l'utiliser convenablement, Becky s'occupait des costumes. Plus le temps avançait, plus la complicité s'accentuait. Ils semblaient hors de l'espace et du temps, vivant dans leur monde privé un rêve enivrant. Lorsqu'ils en avaient assez de la conception manuelle, ils se penchaient sur un travail plus intellectuel. Ils avaient besoin de plus de matière première. Ce que leur fournissait l'université était dérisoire et il était difficile de mettre la main sur les produits sans éveiller des soupçons. Ils planifièrent donc de cambrioler une usine de produits chimiques, Ace Chemicals étant toute désignée pour être la cible parfaite. Après un mois de préparation, les deux partenaires firent leur entrée comme Crane les aimaient : théâtrale, grandiloquente, mémorable. Volant un van en pleine nuit, ils enfilèrent leurs costumes et étaient armés tout deux d'une bombonne de même qu'un fusil à gaz. Ils avaient chacun plusieurs litres de toxine de peur avec eux, de quoi terrifier plusieurs centaines de personnes s'ils faisaient attention, bien plus qu'il n'en fallait pour que cette opération soit un succès. Cependant, avec les justiciers trainant dans cette ville, on ne pouvait jamais être sûr de rien. Roulant à toute allure, Crane enfonça la grille d'entrée de l'industrie chimique tandis que Becky, en lâchant une grenade fumigène expérimentale, s'assurait que les gardes n'alerteraient pas des indésirables. Armés jusqu'aux dents et prêts à tout, le couple terrifiant avançait vers les entrepôts en toute confiance, pétrifiant de terreur tous ceux qui voulaient les arrêter. Crane s'adressa à Becky, mais sa voix fut transformée par l'appareil qu'il avait implanté dans son masque afin d'ajouter à cette image d'épouvante dont il raffolait. "Il est l'heure, ma chère, de montrer à Gotham les tout nouveaux visages de la terreur. On embarque ce qu'il faut et on déguerpis."
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Sujet: Re: Transformation [PV - Jonathan Crane] Sam 19 Déc 2020 - 22:22
"Il est l'heure, ma chère, de montrer à Gotham les tout nouveaux visages de la terreur. On embarque ce qu'il faut et on déguerpis."
"Message enregistré !"
C'était la première fois que j'entendais une telle déformation dans la voix, et sans avoir peur. Je me demande si ce nouveau costume n'est pas en train de fusionner avec mon âme. Moi qui fus jadis la marionnette de ces ombres maléfiques que j'étais incapable de regarder sans me réfugier dans un monde encore plus sombre que celui de ces sensations damnées, je suis en train d'y devenir totalement hermétique. Je suis même en train de goûter avec autant d'appréhension que d'extase à ce monde nouveau dont la porte s'ouvrait plus volontiers, telle une jeune fille faisant ses adieux à sa virginité alors que son hymen s'agrandissait de plus en plus pour que l'Inconnu se fasse peu à peu sa place, tout naturellement.
Orgasmique.
Moi, la petite étudiante sans saveur et sans odeur, j'étais réellement en train de braquer Ace Chemicals au plus grand des calmes, avec le professeur le plus impressionnant de toute l'université. Si on m'avait dit ça il n'y a ne serait-ce que deux mois, je me serais terrée dans mes couvertures afin de bien m'assurer de ne plus jamais être en contact avec mon propre reflet ! Je jouis.
Un mois qu'on prépare cette attaque avec une précision d'apothicaire. La grenade que je viens de lancer a eu un effet terrifiant sur le personnel qui avait eu la malchance de rester sur les lieux. La dose de toxine était très forte, car Crane souhaitait que l'effet soit plus durable en cas d'obstacle, ce qui a plongé leurs malheureuses victimes dans une sorte de coma tant elles étaient paralysées par le choc de leurs propres peurs. Excellent. Je me rends compte que je me mets à parler et à penser comme Crane, je suis devenue son reflet, si bien que c'est absolument sans aucun scrupule que j'asperge un gardien que Crane n'avait pas vu, grisé par sa propre opération. Agir de la sorte me donne plus de confiance. Plus mes liquides toxiques se répandent sur ces innocents dont le seul méfait était de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, plus je gagne en puissance, plus je m'élève, plus je me me sens plongée dans des énergies hautes. Malsaines, mais hautes. Putain, ça fait un bien fou, ça me porte, je suis incontrôlable, plus mes flacons se vident, plus je n'ai qu'une envie, rencontrer d'autres personnes à terrifier. C'est donc ça, avoir du pouvoir, avoir du crédit, avoir sa place.
Le gardien s'effondra comme une masse. Le choc de son crâne sur le sol fit un bruit à la fois sec et sourd. Lui, il en a pour un moment avant de revenir à lui... si toutefois il se réveille. Si je me fie au bruit, le traumatisme est assez violent. Becky passe et tu t'écartes, Becky domine et tu t'inclines. Encore un gardien, décidément, ils sont pires que les mauvaises herbes ces gars-là, il y en a de partout, et les derniers sont les plus résistants.
Eh merde, je n'ai plus de flacon, et Crane est parti en éclaireur, très loin devant. En plus, ma tenue, aussi swaguée soit-elle, ne me donne pas tant de liberté ni d'amplitude que ça dans mes mouvements, ce qui me ralentit terriblement. Il ne faudrait pas que j'y laisse trop de plumes, d'autant plus que c'est mon coup d'essai et que je le travaille avec Crane depuis plusieurs semaines. Je préfère ne pas me retourner car je risque de freiner mon pas de course, qui n'est déjà pas des plus optimaux. Il va falloir être plus stratégique et le semer, sauf que niveau discrétion, on a vu mieux au niveau vestimentaire...
Soudain, je vis une échelle. Je ne savais pas du tout où cela pouvait me mener, dans un laboratoire, sur le toit, dans un débarras... Et Crane n'était plus dans mon champ de vision depuis un bon moment. Il faisait très sombre ce qui n'était pas pour m'aider, mais je n'avais pas le choix, je devais me débrouiller seule et improviser pour cette partie de la machination. Comme quoi le Maître n'avait pas été si fou en prévoyant de plus grandes doses. Lors des opérations d'une telle ampleur, on rencontrait toujours des contretemps, cela faisait presque partie du plan.
Je tentais de limiter le bruit de mes chaussures sur cette lourde échelle métallique, fort heureusement, la semelle de mes chaussures était d'une matière plus discrète, ce qui compensait avec ma tenue tout en volume et en excentricité, même si ce n'était pas tellement le but. La seule chose que je craignais, en réalité, était de me retrouver coincée entre un plafond sans aucune ouverture possible comme échappatoire et le gardien en bas de l'échelle. Fort heureusement, je trouvais une trappe dans la canopée me permettant de m'esquiver. Je n'eus pas le temps de regarder en bas si j'avais été repérée ou pas, je me suis contentée de bien fermer la trappe et de la bloquer avec une armoire se trouvant dans la pièce mystérieuse, là où cette échelle m'avait menée.
Mon premier réflexe fut d'explorer ce lieu, avant que des grattements provenant du sol me rappelèrent que j'étais suivie. Il m'avait bel et bien repérée, ce gueux. Vite, je dois m'échapper avant de nous faire arrêter, Crane et moi, car s'ils m'arrêtent, ils vont probablement l'arrêter lui aussi, ce qui signerait l'arrêt de mort de notre collaboration si belle, si vivifiante et si riche. Je courus vers la porte, qui était fermée. Bloquée. "La putain de ta mère tu vas t'ouvrir, sale pute ?" Je donnais des coups de pieds, d'épaules, de tête, je devenais tellement enragée que je ne sentais même plus la douleur due aux coups que ma frêle enveloppe corporelle donnait dans cette porte blindée. Heureusement que mon accoutrement était tout en volume et en grosses couches de paille, de tissus et que je portais un masque protecteur, sinon chacun ce mes os était brisé et j'étais bonne pour finir dans un champ, mais pas avec le rôle d'un Épouvantail, plutôt celui d'un légume.
À défaut de parvenir à l'ouvrir, si Crane était à cet étage, il pourrait entendre mes coups et m'aider... Cela me paraissait délicat de l'appeler, car mes cris risquaient d'alerter d'autres gardiens. Une vraie gangrène qu'est ce poste, surtout dans une Gotham peuplée de justiciers toujours plus soucieux de conserver un ordre devenu vieillot et obsolète. L'ordre, c'est l'épuration, et on va épurer par la peur.
Les grattements s'accéléraient sous la lourde armoire. Vite, je tente un truc. Je prends quelques flacons aux couleurs ressemblant aux ingrédients que nous utilisons depuis des semaines avec Crane, sans réfléchir. Pas le temps, l'heure est à l'action. Une chance inouïe, un flacon vide se tenait devant moi. Ni une ni deux, je me mis à verser tout ce que je pouvais dedans, je rebouchais et secouais vaillamment le tout avant de le ranger dans mon sac.
Dans un dernier espoir, je me lançai contre cette porte de merde, de tout mon poids, de toute ma PUISSANCE. Je suis la Puissance. Oh bordel. La porte a enfin cédé, il était temps. Dans un soulagement, je sortis enfin de cette pièce maudite, mais l'euphorie fut brève, l'armoire qui bloquait la trappe avait elle aussi cédé.
Sans demander mon reste, je suivis mon instinct et je longeai un long couloir sombre, guidée par des bruits me rappelant ceux de la respiration de Crane sous son masque.