Qu'est-ce qui est blanc, vert et crevé ? Un Joker, tout simplement. Le Red Hood avait eu raison de lui, mais le Joker s'était joué d'eux. Il les avait battu, sur un grand point. Il venait de montrer le côté bestial de ces imbéciles. Chacun d'eux était un monstre en puissance, du même niveau que le Joker. Il avait emporté dans la mort, un sourire, un terrible sourire qui ne pouvait pas rester impuni, montrant à tous ces idiots qu'il avait gardé le dernier rire, pour une bonne et dernière fois. Son cadavre gisait dans un endroit froid du parc. Exit l'idée de le sortir du parc, à la merci de tous. Personne n'aurait tenté de s'en prendre au cadavre du clown, mais beaucoup auraient payé pour le détruire une bonne fois pour toutes. Le Joker était mort, mais la peur, et la paranoïa continuaient. Et cela plaisait au Joker. Du moins, cela aurait dû. Une seule journée pourrie de plus, dans l'histoire de transformer un homme en monstre. L'idée était là. L'idée avait toujours été là. Et le Joker savait parfaitement que les choses étaient ainsi, et ce, depuis toujours.

Mais les choses ne sont jamais ce qu'elles sont à Gotham City.

Le noir de la mort avait emporté le Joker dans un monde. Un monde noir et sordide. Il voyait maintenant ce qui se passait de l'autre côté du rideau. Un endroit chaotique et ténébreux que le Joker ne pensait pas imaginer, même pas dans ses pires rêves. Un endroit sans rien. L'enfer en quelque sorte ... Non ?

Non ...

Ses yeux s'ouvrent. De l'eau. Son corps est englouti dans l'eau, mais quelque chose, quelque chose se produit. Il sent qu'un liquide le pénètre, que quelque chose le tire du noir dans lequel il évoluait pour revenir vers quelque chose qu'il connaissait : La vie. La vie qui venait le chercher. Comme quoi, on peut toujours tromper la mort quand on le désire vraiment. Et cette pensée ne vint pas encore dans l'esprit du Joker, non. Tout ce qu'il sentait, c'était la vie. La vie qui ramenait son cœur et son cerveau en fonction. Quoi de plus beau ? Il émerge de l'eau. Son corps est revenu, il est revenu. Il éclate d'un grand rire. Les larmes aux yeux lui viennent. Il se rappelle oui, oui ... Il se rappelle de ce qu'il est.



"HAHAHAHAHAHAHA."

Il rit, démentiel rire qui se répercute, puis, son souffle se coupe. Il se rend compte de ce qui s'est passé. Il se rappelle de la balle qui lui a perforé le corps. Il se rappelle de cet état de mort. Il se rappelle de tout. Du choc de l'acier contre sa tempe, pénétrant sa peau, perforant os et chaire. Il se rappelle, et il rit à pleins poumons jusqu'à ce que les larmes et la douleur lui reviennent dans l'esprit. Toutes les horreurs qu'il avait commise, toutes les saloperies les plus monstrueuses, et cela le faisait hurler de rire ? Ou de douleur ? Impossible à dire ...



"Qu'ai-je fait avec ma vie ? Comment ai-je pu commettre toutes ces horreurs ?"

Est-ce un état de conscience qui vient fouetter le Joker de la triste réalité de sa condition ? Est-ce que plonger quelqu'un de fou dans un puits de Lazare à la base, peut le rendre sain ? Est-ce que cela peut durer quelques secondes avant de se dissiper ? Très bonnes questions. Le Joker avait senti le bouillon le ramener à la vie. Il avait senti le doux souffle chaud de la vie revenir en lui. Et son corps était finalement de retour. Il était vivant, bien en chaire. Tout était bien là. Il regarde ses mains, son corps, avant de regarder celle qui vient de le ramener à la vie. Son visage ne sourit plus. Il se sent ... "Normal". Mais qu'est ce que la normalité au fait ? Il se redresse, il observe ses mains, ses grands yeux observent la jeune femme qui se tient près de lui. Que veut-elle vraiment ? Que désire-t'elle ? Pourquoi avoir ramené le Joker à la vie ? Encore sous l'effet du Lazare, le Joker se redressa sur ses deux pieds, il se sentait mieux ... Beaucoup mieux ...

"Mon Dieu ... La santé mentale est un tel poids pour quelqu'un comme moi ..."

Il se perdait dans ses élucubrations. Il réfléchissait, son sourire semblait avoir disparu. Il avait besoin de temps, besoin de temps pour comprendre, pour comprendre ce qu'il avait fait et ... Vous pensiez vraiment que cela allait durer bande de crétins ? Le Joker s'arrêta ... Le temps de comprendre ... Il avait compris. Quelqu'un lui faisait une farce. Une farce horrible, du moins, le Joker pensait en être le dindon, mais son retour à la vie ... Ho ... Hé. Hahaha. La bonne blague non ? Il observa avec attention la jeune femme, faisant volteface, son sourire commençait à s'élargir, ses dents se révélèrent avant de former le célèbre sourire qui enchantait Gotham City depuis toutes ces années. Le revoilà, cela n'avait pas duré longtemps, mais le Joker était bel et bien de retour, et en grande forme pour célébrer la chose.

"Je vous manquais déjà ? HAHAHAHAHAHA."

Mais dans quel bordel le Joker s'était-il retrouvé ? C'était quoi cet endroit ? Un endroit branché YMCA entre filles ? Entre la nana qui décidait et les autres qui rêvaient de transpercer de la peau de Clown, on était dans un sacré décor, ça, on pouvait le dire ! Le spectacle n'était certes, pas pour déplaire au Joker, mais ça manquait de gaz hilarant, de requins et de nains. Il manquait un petit truc exotique à tout ça. On le mis à genou, et le Joker gardait son sourire. Apparemment, il venait de saisir que l'on ne lui offrait aucun choix. Qu'on ne lui laissait pas le choix de revenir à la vie. Qu'au lieu de devenir un martyre de la cause criminelle de Gotham, il allait devoir revenir sur le devant de la scène. Mais cette possibilité de revenir à la vie l'avait amusée, et pour tout dire, il voyait en ce puits, quelque chose qui allait bien plus loin que le dyonisium. Oh bien sûr, le dyonisum dans les veines du Clown lui permettaient de guérir des pires blessures. Mais pas de la mort. Ce puits lui serait très certainement utile. Dans le futur bien sûr. Les perspectives étaient énormes, et s'il pouvait l'utiliser ... Les gens deviendraient fous. Ce serait merveilleux. Cette pensée traversa son esprit tandis qu'il était encore à genou, au pied d'un trône qui était passablement moche. Il releva la tête, toujours ce sourire sur son visage. Le geste d'affection ne passa pas inaperçu, et le Joker avait compris où il était.

"Une tenue en cuir, de l'affection entre filles et un délire de soumission. Laissez-moi deviner. Je suis toujours mort, et c'est le paradis ? HAHAHAHAHAHAHA !"

Il éclata de rire une nouvelle fois tandis que la jeune femme qui servait de maitresse à tout ce bordel, commençait à s'approcher du Joker. Un rire grave et pourtant, empreint d'un certain mal-être. Comme si quelque chose clochait dans son rire. Comme si quelque chose n'allait pas ... Elle attrapa le visage du Joker. Toujours souriant, l'examinant comme s'il était une bête sauvage. Au final, oui, le Joker était une bête monstrueuse. Mais moins monstrueuse que ceux qui décident de porter l'habit de la justice et de la croyance en la société. Ha ! Que les gens sont idiots. Le Joker se laissa faire. Elle gifla le Joker qui ne disait rien, excepté afficher son sourire béat devant tant de merveilles. Enfin, comme la nana était un peu proche du Joker, il voyait deux beaux ballons gonflés à l'hélium dans sa poitrine. Pourquoi ne pas voir autre chose ? Nan, il fallait que ce soit drôle, drôle et amusant dans l'esprit du clown, alors que la situation était confuse dans son esprit. Il ne savait pas où il en était. Un sentiment qu'il connaissait parfaitement, mais qui le prenait aux tripes, surtout après un retour à la vie qui s'annonçait compliqué. Et malheureusement, il reprit la parole.

"Prendre une claque et voir les montagnes de Vénus. Ha !"

L'humour, toujours, trouver la petite phrase qui faisait mouche, la petite phrase qui allait titiller. Le Joker aimait passer pour un imbécile. Il aimait montrer son immaturité, plutôt que de révéler le génie du crime qui se cachait sous cet épiderme blanc. Il aimait jouer avec les illusions après tout. Mais qui parlait ? Est-ce le Clown ? Le Comédien ? Qui sait ... C'est alors que les choses vont de mieux en mieux, provoquant l'hilarité du Joker. Elle le repoussa et le mis à terre. Posant son talon sur la nuque du Joker. Il s'amusait. Vraiment. Il rigolait. Il était aux anges. C'était vraiment le délire, et le Joker aimait ce genre d'ambiances, ça provoquait en lui une demande de réponses, une envie de redonner le même genre d'accueil. Il avait envie de s'amuser, et dans ce sens, ce n'était jamais bon signe. Dommage, il manquait une véritable tenue pour cette chère demoiselle dominatrice. Quelque chose de plus moulant et de plus excentrique. En parlant de trique, le Joker était vraiment au bord de l'orgasme, mais ce serait discourtois d'en faire profiter tout le monde. C'est alors qu'elle se veut être plus ... "Diplomatique". Mais ce n'est pas en maitrisant un chien fou que les choses peuvent s'arranger. Le Joker était une créature que personne ne pouvait comprendre, que personne ne pouvait analyser. Que personne ne pouvait psychanalyser. Trop fou. Trop dangereux. Trop imprévisible. Toujours à terre, le Joker se résignait. Son sourire s'effaçait légèrement, mais cette lueur dans les yeux ne disparaissait pas.

"Red Hood ? C'est pas ce crétin qui portait un masque rouge et qui cambriolait des usines ? Cela me dit vaguement quelque chose ... Je crois l'avoir été. Mais je me souviens surtout du plongeon dans le bain d'acide. Hehehe."

Il leva les bras au ciel, comme pour se rappeler d'un évènement heureux. Après tout, les produits chimiques l'avaient transformé en monstre, et il avait accepté cet état de fait. Tout comme il acceptait le fait qu'il était passablement dans la merde, et qu'il devait agir sans faire de conneries. Mais vous connaissez le Joker ... Il aimait bien pousser les gens à bout. Si elle tentait un truc pareil, aussi, pousser le Joker à bout, cela risquait d'être difficile. Enfin, cela dépendait surtout de l'humeur du Joker. Rien de plus, rien de moins. Mais n'empêche, quelque chose avait touché le Joker. Apparemment, personne ne l'avait pleuré. Après, quelque part, il s'y attendait. Mais d'un autre côté, c'était un scandale, un crime de baise-majestée ! Un crime à la gloire du Joker. Personne ne l'avait pleuré. Aucun hommage ? Rien ? Diantre ! Le Joker se vengerait. Il eut un léger sourire tandis que la jeune femme le maintenait, comme un chien avec son collier.

"Je suis tout disposé à vous écouter très chère. Après tout, c'est pas comme si j'étais attendu, ou qu'on ne me colle pas un pied sous la nuque. HAHAHAHAHA."

Il a fallu près de trois jours pour "briser" la folie du Joker. Pour le briser et pour lui faire accepter les choses. Trois longs et pénibles jours qui ont fait du Prince du Rire de Gotham City, un être froid et dont le sourire s'était effacé pour laisser la place à celui que l'on pourrait nommer "Le criminel", cette identité du Joker qui était plus stratégique, moins théâtrale que les autres, et assez déterminé pour atteindre ses buts. Le Joker, tel qu'il était, était devenu un véritable danger pour cette ville. Il avait certes, l'excuse de sa folie, mais le criminel, lui, était plus ... Compliqué à cerner. C'est un Joker complètement transformé que l'on amenait à Talia Al Ghul. Un Joker avec une autre façon de voir les choses oui. Cette fois, en sortant du puits de Lazare, il n'avait pas ri. Il n'avait pas feint la santé mentale retrouvée non, il n'avait pas non plus étrangler une des servantes de la reine de la Ligue des Ombres avant d'être transpercé par un sabre en pleine poitrine. Il avait eu tellement de morts, répétitives, que cela provoqua dans le Joker une envie de tout arrêter. La mort, la vie, la mort, la vie, c'était d'un barbant au final. Et le Joker avait envie de retrouver quelque chose de plus familier : Le chaos. Unique. Parfait et terriblement séduisant. Alors qu'il était à genou, le Joker eut un déclic, comme si tout ça, n'était qu'un plan qui se préparait, comme s'il n'était qu'une partie d'un rouage essentiel, infime, mais qui pouvait faire des ravages. Et cela, le Joker le comprenait parfaitement. On ignore comment les puits de Lazare fonctionnaient, mais cela donnait une idée des choses qui allait arriver, et quelque part, le Joker s'était vu, lui-même, dans un avenir incertain, où il réussissait à mourir, avec le Batman, dans un long combat. Un poignard dans son torse, et lui, après lui avoir brisé la nuque. Le Joker avait cru voir que cette scène se passait dans un tunnel de l'amour, dans un parc d'attractions. Ils étaient si vieux ... Mais cela ne pouvait être qu'une simple image, une simple hallucination de son esprit après tous les retours à la vie. Fou, mais non pas brisé, le Joker se stoppa là. Il n'eut plus son sourire qu'il arborait, son regard se faisait plus dur, comme si quelqu'un avait effacé le joyeux bouffon qui riait pour tout et pour rien. Quelqu'un de plus froid, de plus glaçant.

"Il suffit ..."

Dit-il d'une voix froide, sans émotions. Comme si le rire dans sa gorge s'était tût. Il se redressa, tel un homme nouveau, fixant de bien des points, la jeune femme qui avait ordonné tant et tant de fois sa mort. Le Joker était là, mais ... Différent. Son visage se ridait au coin de la bouche, son sourire s'était effacé et au lieu d'un regard de folie, un regard empreint de mort, il semblait y'avoir quelque chose, quelque chose d'autre de plus ... Inquiétant. Le Joker tentait de reprendre son souffle, de récupérer ce qu'il avait perdu. Mais rien n'y fit. Il sentit que quelque chose avait changé, qu'il n'était plus aussi joyeux qu'avant. Peut-être une bénédiction ? Qui sait ... Mais Gotham City avait besoin de la peur, et du chaos, peut-être qu'une combinaison serait fortuite un jour ... Mais ça pourrait mal finir, le Joker n'aime pas la concurrence, et encore moins de partager toute la notoriété d'une action commune avec quelqu'un qu'il ne connaissait en aucune manière.

"Nous avons un ennemi commun, le Batman. Et je sais que vous avez un plan. Un plan qui m'inclus. Mais la question est de savoir si votre plan tient vraiment la route. J'ai déjà essayé de le briser, à multiples reprises et qui me dit qu'avec vous, ce sera différent ?"

Une idée germa dans son esprit. Quelque chose de rétro, quelque chose de ... Nostalgique en lui. Une idée fixe qui était prévue chez le Joker, s'en prendre au prochain maire et le faire tomber dans un gâteau à la crème géant fait avec du cyanure. Une idée comme une autre, alors que le Joker fixait des yeux la jeune femme en face de lui, ses yeux se dirigeaient sur chacun des membres autour d'elle, des assassins. Sans commenter le pourquoi du comment, le Joker reposait maintenant ses deux yeux d'araignée luisante sur le puits de Lazare.

"Mourir et renaitre, un duo indissociable. Mais pourquoi ? Pourquoi moi ?"

Le Joker avait déjà la réponse à cette énigme moribonde. Il était le seul à gérer le Batman de la meilleure des façons. Le Joker y avait réfléchit des centaines, des milliers de fois. Tout était tourné vers Batman, vers la façon de lui offrir la mort la plus scandaleuse, la plus folle, la plus tonitruante et la plus cinglée qui soit. Pour tout dire, le Joker hésitait entre de nombreuses formes de tortures mentales, allant de la perte de ses alliés, à la poussée dans la folie. Mais à chaque fois, il surpassait les limites avec une aisance folle et terriblement pénible à encaisser. Il encaissait les coups et cela devenait presque lassant. C'était la théorie du Joker, rien de plus. Commettre le plus d'horreurs possibles tout en espérant faire tomber le Chevalier Noir de son piédestal d'honneur et de justice. Le forcer à trembler et à lâcher prise, le forcer à voir la réalité telle qu'elle est, sans espoir, sans rêve, sans rien. Que tout ce qui compte au final, c'est le sang, la mort et d'en rire. De ne se permettre aucun espoir, surtout dans cette ville comme Gotham City. Posant deux doigts sur son front, le Joker faisait la place à son imagination. L'imagination était vaste dans l'esprit du prince du crime, il avait tellement d'idées, de nombreuses idées, aussi folles les unes que les autres. Mourir dans les bras du Batman dans l'espace par exemple, sans scaphandre, et sans rien, juste eux deux, morts pour de bons, enlacés dans le givre de l'espace. Conservés à jamais. C'était une idée amusante, il fallait y penser après tout. Mais même l'évocation de cette mort amusante ne faisait pas sourire le Joker. Nullement.