The Dark Knight

Non, Batman n'a certainement pas envie de discuter le bout de gras avec Alfred ce soir, mais pourtant, il faudra bien le faire. Tandis que je me soignais dans la Batmmobile qui me ramenait en auto-pilote, péniblement, vers la cave. J'appliquais quelques soins rudimentaires suite à un combat des plus difficiles. Le combat contre Maxie Zeus avait été éprouvant. Le mal de crâne qui me vrille les tempes est trop intense pour que je puisse puisse piloter, parler à l'ordinateur, et réfléchir à la fois. Les blessures reçues sont tant mentales que physiques à dire vrai. La défaite du Batman aurait pu être plus désastreuse que ça, mais perdre face à un homme tel que Maxie Zeus relevait de la honte. Une chance que la finalité n'ait pas été une fatalité justement. Le Batman s'en tirait bien, même si Zeus avait pris la fuite. Trop bien peut-être. Silencieux sur le chemin, Bruce observe du coin de l’œil le bat-ordinateur, les relevés indiquent que la nuit fut prolifique. Quatre arrestations, plusieurs interpellations, oui, son travail et celui de ses alliés avaient pris une meilleure tournure, mais Batman, lui, commençait à flancher. Une fois arrivé à la cave, le cockpit de la Batmobile s'ouvre et j'en sors. Affaibli. Du sang perle sur le kevlar. Quelques minutes plus tard, je suis en train de me faire recoudre par Alfred.

Alfred : "Qu'était-ce cette fois ?"

"Un trident."

Mon corps est maculé de cicatrices. Zeus m'avait enfoncé un trident en plein dans le flan, et j'avais appliqué un garrot en attendant une véritable suture. Je connaissais les premiers soins, les premiers secours, mais pas suffisamment pour soigner définitivement. Mon père, Thomas Wayne, était un grand docteur, un chirurgien de renom. Avec mes connaissances, il aurait été un meilleur Batman que moi. Si tout avait été différent. La question qu'Alfred me pose fait juste grommeler un peu le Batman. Il a été lardé d'un coup assez dangereux quand même, mais que le Kevlar de ma tenue a en partie retenu. Mais le pire reste la faiblesse du moment. Je m'en veux terriblement. Jamais je n'aurais du être touché et ça, je le digérais mal. Cependant, il y avait du bon dans cette histoire. Même si je ne suis pas habitué à voir le bon côté des choses, pessimiste un jour, pessimiste toujours. Je pouvais parfaitement me concentrer sur les éléments les plus probants de cet échec. Tandis que je patiente, suivant les soins d'Alfred, et encaissant les quelques douleurs sommaires, je profite de ce moment de calme entre nous pour réfléchir et surtout, pour ressasser ce qui s'est passé pendant la soirée. La Batcave, si inquiétante soit-elle, a un côté presque appréciable après ce genre de soirée. Le fait est que j'avais cru, dans les moments les plus sombres de ma soirée, que je ne reverrais jamais plus les roches poisseuses d'humidité, ni les gadgets présents partout ici. Non sans quelques grognements, je subis les soins d'Alfred avec un simple regard vers ce dernier. Le majordome ne veut surtout pas entendre les plaintes que je peux formuler, et moi, je ne tiens pas à écouter l'une des remontrances acerbes, mais voilées du Britannique. Les soins durent un certain temps. Si les bleus n'ont qu'à être recouverts de crème anti-inflammatoire, les nombreuses plaies, elles, doivent être recousues minutieusement. C'est ce qui est le plus long – et le plus douloureux. L'anglais est certes habile de ses mains, il n'en reste pas moins hésitant lorsqu'il s'agit de faire de la couture sur la peau de son employeur. Je suis complètement sous soins, le visage tuméfié, mais aussi sévère et dur qu'à mon habitude – excepté en public. Lorsqu'il doit se montrer, Bruce est un philanthrope affable et sympathique. Mais le Batman, lui, était plus froid, plus austère dans sa façon d'être. Je darde mon regard bleu électrique sur mon majordome. D'un mouvement de la tête, strict et net, je confirme que oui, ça va aller. Il le faut. Gotham ne peut se passer de Batman. Pas maintenant. Un jour viendra où ce sera le cas. Mais avant que ce jour lumineux n'arrive, bien des épreuves devraient être surmontées. Celle-ci en est une. Comme à chaque fois.

"Merci vieil ami."

Alfred : "Je vais disposer pour le reste de la soirée, monsieur Bruce. Reposez-vous."

"Je n'y manquerai pas."

Il était pénible, pour Alfred, de voir que son fils d'adoption se lançait dans une pareille lutte acharnée contre le crime au prix de sa vie. Chaque nuit, le vieux majordome priait pour qu'il n'arrive rien de mal à son jeune fils. Pour le moment, tout va bien, mais un jour ... Je me lève, difficilement, de la table de soins et je me dirige vers le bat-ordinateur. Quelques sandwichs et un café m'attendent. Alfred remonte l'escalier qui mène au Manoir Wayne, tandis que je me pose sur le siège. Je ferme les yeux. Trente secondes de sommeil. Réveil. On reprend la demi-minute de repos. Et on recommence. C'est une façon de faire, de me reposer qui m'est suffisante. Je peux l'encaisser. Et cela me permet d'éviter de somnoler de trop. Les dossiers passés en revu m'indiquent que de nombreux criminels ont retrouvé le chemin de l'asile ou du pénitencier. Une bonne chose. Il me faut maintenant faire très attention aux éléments qui risquent d'arriver. Il est ... Quatre heures vingt-sept du matin. Soudain. Une alarme se fit entendre. Une alarme de proximité. Ce qui indique que quelque chose tente d'entrer dans la Batcave. Je me saisis de mon masque. Tant pis pour la tenue haut de corps en kevlar et la cape. Je n'ai pas le temps de tout remettre. Quelque chose tente de pénétrer la cave, mais quoi ? Un magicien ? Zatanna ? Constantine ? Ou bien n'était-ce qu'une erreur, un défaut de la défense que j'avais installé. Non. Quelque chose approchait. Mais quoi ? Soudain ... Une lumière brillante apparait ...

The Dark Knight

S'il y'a bien une chose que je déteste, ce sont les problèmes de temps et les emmerdes temporelles qui vont avec. L'alarme continuait, tandis que le mystérieux visiteur activa le bon mot de passe. Personne n'aurait pû devenir cela. Pas si la personne n'était pas quelqu'un que je connaisse, ou que je connaitrais plus tard. L'individu portait le costume du Batman, et il se présenta tel quel. Il se prenait pour le Batman, mais jusqu'à preuve du contraire, j'étais bien le seul, le vrai, vivant à la bonne époque. Il venait du futur, ou il disait être du futur, là est la différence et rien ne me force à croire qu'il vienne bien de là où il dit venir. Au moment où il s'approche de l'ordinateur, il consulte mes dossiers et sort une clef USB afin d'en extraire les informations. D'un geste de mon bras, je pose ma main sur son poignet. Une décharge m'empêche de le retirer. Il est électrique. Une technologie que je ne connaissais pas, ou du moins, pas encore ? Je n'ai pas sous la main, quelque chose pour l'empêcher de toucher à mes dossiers, mais le fait est qu'il connaissait la cave, mon mot de passe et bien d'autres choses. Donc, je me devais de l'occuper, de le questionner. L'individu avait un costume que je ne connaissais, plus fin, plus sombre, plus en phase avec l'infiltration. Pas de cape ? Où est l'esthétique, et surtout, qui a pondu un costume aussi laid ?

"Qui es-tu vraiment ? Comment as-tu ouvert ce portail ? Que fais-tu ici ?"

J'avais des questions, beaucoup de questions. Trop de questions qui réclamaient une réponse immédiate. Mais j'étais quelqu'un de patient, qui analysait les choses que j'avais sous les yeux, comme un enquêteur méthodique. Pendant de longues secondes, je le laisse observer, analyser les fichiers. Intérieurement, je bous. Je ne me suis jamais vu comme quelqu'un de jaloux : possessif avec mes élèves, ceux que je forme et que je jette dans le grand bain de la criminalité, certes, mais pas jaloux. Je suis seulement quelqu'un de fier, et voir que le futur m'indique qu'un autre Batman avait pris ma place ne me confortait pas dans un avenir optimiste. Mais ça, c'était à mon habitude. Je n'avais jamais vu le futur de Batman comme quelque chose de positif. Cependant, je ne peux m'empêcher de me sentir ... en colère, énervé, véritablement, par cette nouvelle information. Découvrir que le futur possède encore une criminalité persistante à Gotham au point d'avoir toujours besoin d'un Batman, me trouble considérablement. Autre aspect effrayant, ce Batman ne semblait pas si lointain, et quelque chose au fond de moi, me donnait l'impression qu'il m'était arrivé un drame.

"Si tu es bien le Batman, que devient Bruce Wayne ? Qui t'as formé ?"

Je me laisse emporter par une curiosité mal placée, je l'admets, mais qu'importe. Si je devais disparaitre, alors un protocole serait mis en place : Le code noir. Prévu pour des situations dramatiques. Et pourquoi un tel homme que je ne connaissais pas ? Après tout, cela aurait pû être Dick, Damian ou même Tim à la place de cet homme. Non. Quelque chose se passait. Quelque chose que je ne sentais vraiment pas. Et si tout ça n'était qu'une ruse ? D'une voix calme et posée, je reprend, fatalement. Tout en guettant l'énergumène qui prenait le Bat-ordinateur comme acquis. Et afin d'avoir toute l'attention dont j'ai besoin, il était nécessaire de sortir les programmes de défenses.

"Ordinateur, directive Joe Chill."

L'ordinateur se freeze. L'ordinateur se verrouille. Protégé, toutes les données extraites ou à extraires sont mises en suspens. Le nom "Joe Chill" est un référent pour le fait du "braquage", de l'arrêt. De ce moment figé où tout avait changé. Une connotation poétique de ma part. Si l'individu était bel et bien Batman, il trouverait la suite pour reprendre l'ouverture des données. Le mot de passe qui ouvrirait à nouveau l'ordinateur n'était autre que le "collier de perles" que ma mère portait à ce moment. Toujours une petite idée poétique. Cela venait d'Alfred. Assez de ces paroles. L'abcès est crevé. Nous nous comprenons et c'est l'essentiel. Il est temps d'exposer ma stratégie alors qu'autour de nous, plusieurs ombres se profilent. Parmi elles, des chauve-souris, qui veillent à ce que rien ne nous dérange. Je marque un temps d’arrêt avant de reprendre. Une étrange impression traverse mon être et cette désagréable sensation est quelque chose que je n'apprécie pas vraiment. Et à vrai dire, je repense à la technologie du futur et l'arrivée de ce singulier personnage. Il est vrai qu'il m'a surpris, ce soir. C'était un fait, mais je n'aimais pas les surprises, surtout quand elles viennent d'ailleurs.

The Dark Knight

La carte de la franchise oui. Maintenant tout cela était ancré dans ma tête : Le futur, implacable, mais tellement changeant. Selon quelques journaux qui dataient d'avant l'An Zéro, on avait parlé de certains héros qui avaient vu des bribes du futur, après une exposition à des produits chimiques. Une vieille histoire sur laquelle on avait mis des relents de science-fiction. Mais chacun de ces gens qui avaient eu ce flash, avaient vu la destruction de la ville. Une simple coïncidence non ? Il avait beau être mon "fils" comme il aimait se le dire, mais j'attendais plus de preuves que ça, et pour tout dire, je n'étais pas du genre à m'émouvoir pour si peu. Mais ça ne donnait pas forcément une bonne raison de plus pour moi de lui faire confiance. Les agents infiltrés, c'était possible, et sûrement que ce bonhomme était là pour s'attirer ma confiance et me poignarder dans le dos au moment le plus défavorable. C'était possible et il fallait envisager toutes les possibilités. L'homme avait une stature, une bonne aura au premier abord, il semblait plutôt confiant et assuré dans ses mouvements, un bon point, oui, mais il fallait que j'en sache un peu plus. Mais ce serait pour plus tard. Il n'est jamais bon d'en savoir sur son propre futur. Cela peut être dangereux. Et un savoir inadéquat dans une époque révolue peut amener des problèmes.

"Je tairais ce que tu sais, et que tu viens du futur. Si cela peut te rassurer. Je suis juste étonné d'avoir tenu jusqu'à une mort naturelle."

Dis-je d'une manière froide et sans surprise. Il était un clone, mon clone. La ressemblance était peut-être assez frappante, mais qui ? Qui aurait osé faire une telle manigance de la génétique ? Je préfère ne pas le savoir, dans la mesure où ça infligerait des dommages au futur. Rien ne doit être changé. C'était la première fois que je vivais une expérience de futur immédiat pour tout dire, sûrement pas la dernière. Peut-être serait-il un formidable allié ? Peut-être qu'il serait un homme de poids dans cette ville qui sans cesse, se recréait et créait de nouveaux monstres. Il me fallait des hommes et des femmes de confiance. Des gens en qui l'on pouvait accepter l'aide. Observant avec une certaine minutie l'ensemble de sa tenue, je remarque plusieurs gadgets avancés. Il avait le sens du détail, et une certaine utilité pour chaque objet. Un peu comme Bruce Wayne pour ce qui était de fournir en matériel WayneTech. Je l'observais pour voir et juger de son aspect, de ses traits et surtout pour déceler le moindre tic qui le trahirait. Je l'écoute parler, il me parle du futur, des détails, trop de détails. Les choses ne sont pas ce qu'elles auraient dû être. Bien sûr que je rêvais de voir quelqu'un prendre ma succession, mais Damian ? De retour dans la Ligue des Ombres ? C'était étonnant. Ce futur ne me semblait pas optimiste. Une chose reste cependant intéressante : Luthor deviendra président. Et il faudra empêcher cela. Reprenant d'une voix calme et grave, je retire mon masque, avant de plonger dans les yeux de l'homme en face de moi. Mon autre "moi."

"En venant ici, es-tu bien certain de ne pas avoir changé ton présent ? Le futur est-il peut-être déjà en train d'être réécrit ? Tu as l'air d'être un combattant et j'apprécie ton aide spontanée."

Beaucoup de questions, mais il me fallait le garder sous les yeux. Je ne sais pas comment il avait fait pour connaitre les codes, à moins d'avoir été formé par Bruce Wayne lui-même. Il dit peut-être la vérité, ou peut-être pas. Suis-je victime d'une hallucination post-stress ? Ou bien tout cela est bien réel et il fallait l'accepter. Qu'importe. Le ton est donné, il fallait le reconnaitre et ne pas cracher dans la soupe quand on vous la mettait sous le nez. Par contre, il fallait un ensemble de règles pour survivre à Gotham City. Un faux pas et on condamnait un innocent au bûcher du péché de la ville. Même si les dispositifs de mon clone du futur indiquaient qu'il respectait la vie humaine, je tenais à rappeler ce que je porte comme morale, comme éthique vis à vis de mes alliés.

"Pas de meurtres. J'ai effectivement eu des ... Problèmes et j'aurais besoin de tous les renforts nécessaires. Tu veux te rendre utile ? Alors je te laisse choisir un costume. Je te rappelle aussi, que les habitants ne sont pas habitués à des prouesses technologiques du futur. Il faudra t'adapter."

Il devait se douter de cet ordre, et même un simple rappel se devait d'être fait par Batman. J'observais l'équipement qu'il semblait arborer, et même s'il avait de nombreux dispositifs, Gotham savait vous tester, elle savait vous poussez jusqu'aux limites, et parfois ... Elle vous faisait faire des choses horribles. Même si la tentation était souvent puissante, même si elle était monstrueusement abjecte, insidieuse, elle vous testait et éprouvait les fidèles. J'en étais venu à une conclusion presque biblique de la chose. Gotham fut crée pour éprouver les fidèles, pour montrer que l'Homme peut être maitre de son destin, qu'il peut choisir aisément entre le bien et le mal, et qu'il peut encore faire la part des choses, et savoir dire "Non" quand il se devait de l'être. Mais la ville est suffisamment vicieuse pour vous faire pencher du mauvais côté. Le ton est solennel. Et même si nous venions à peine de nous rencontrer, quelque chose me disait qu'il serait un atout dans la toute nouvelle lutte pour Gotham City. Un atout oui, mais un homme de plus à surveiller, et surtout, à éviter de voir se faire tuer bêtement. Il avait des compétences et ça se remarquait oui, par contre, la Gotham du futur n'était pas la Gotham City d'aujourd'hui, et il devait se faire à cette règle et s'adapter. Autrement, ce sera un autre cercueil de plus à enterrer dans le cimetière de la ville.