Depuis le mois de juin, tu attendais avec impatience que les cibles de ce soir osent débarquer en ville. Les mots étaient bien choisis, puisque les concernés devaient arriver en bateau depuis l’Estonie. C’était une famille mafieuse ayant un lien très étroit avec un gang de Little Odessa ainsi que quelques alliances çà et là, y compris avec des gros poissons du gouvernement, puisqu’il y avait des magnats du pétrole parmi eux. La Reine d’Egypte, une plateforme pétrolière qui avait subi une attaque quelques années auparavant, soi-disant, avait été remise en état et repris ses fonctions en toute légalité. Ce qui n’était pas dit et que les médias du pays où ils se trouvaient étouffaient, c’est qu’il y avait des fuites et des déversements réguliers. Tu avais déjà fait exploser un navire pétrolier vide appartenant à leur compagnie, deux de leurs sièges américains, plusieurs yachts privés et tué quelques-uns de leurs associés et partenaires – y compris ce foutu mangeur de kebabs à qui tu avais coupé la tête après avoir fait sauter et flambé l’étage de l’hôtel où il se trouvait.

Bludhaven en a bavé pour éteindre ce feu et la police n’a jamais pu monter jusqu’à toi. Tu n’as pas, non plus, réclamé l’attentat en tant que Jellyfish – c’était rare que tu le fasses et tu ne signais pas tes coups, à moins que tu veuilles faire passer un message bien spécifique. Tu avais déjà songé et planifié une virée à l’étranger pour abattre toutes les cibles qui allaient arriver à Gotham ce soir. Tu avais, même, prévu de faire en sorte de te débarrasser d’une fois pour toutes de cette plateforme pétrolière – comme tant d’autres qu’ils avaient au nom de leur société. Tu avais rassemblé pas mal de preuves pour les faire tomber, mais…

Pourquoi pas marier l’utile à l’agréable ?
Pourquoi pas les tabasser, les torturer, les tuer et les faire tomber après pour t’assurer de les anéantir complètement ? Eux et leurs complices, leurs partenaires d’affaires et tous ceux qui se mettront en travers de ton chemin et celui de la Ligue des Ombres. Ainsi, tu avais pris ton mal en patience et profité pour frapper à d’autres endroits, d’autres cibles. Tu as attendu patiemment à ce qu’ils se décident à faire une grande réunion et… le Destin a voulu que ça ait lieu dans la ville la plus corrompue au monde…

Métropole où tu habitais, ironiquement.
Où tu avais une main mise sur les forces de l’Ordre.

En temps normal, ce genre de descentes auraient pu être communiquées au SWAT, mais tu n’avais pas envie que la police s’en mêle. Non. Ce soir, tu n’allais plus donner d’avertissements ou transmettre des messages, non. Ce soir, tu comptais les punir, les saigner à blanc et les détruire. Ce soir, pas de retenue ni de pitié. Entièrement couverte, portant ton uniforme de la ligue, ne laissant pas même tes yeux visibles et te donnant une allure androgyne, tu attendais sur ton perchoir : un bâtiment administratif appartenant à une entreprise offshore proche du lieu de rendez-vous – les Freeman Docks. La nuit était close et, même s’il n’y avait pas beaucoup de nuages, la pollution lumineuse voilait les étoiles. Il n’était qu’une question de temps avant que le navire que tu convoitais débarque. On le voyait approcher des docks et manœuvrer adroitement pendant que tu jouais avec une petite lame, tripotant instinctivement les détonateurs que tu gardais à l’intérieur de ta tenue. Quelqu’un devait payer pour les crimes qui avaient été commis contre la Nature. Pour tous ces animaux morts, l’océan et les rivières empoisonnés, pour la pollution qu’ils produisaient et tout le pétrole déversé sur les littoraux où ils avaient eu lieu.

D’une façon ou d’une autre.
Tu seras leur collecteur et bourreau.
Et ce, même si une invitée imprévue se pointait…

Bien que tu avais entendu des histoires au sujet de la vraie cargaison que ces mafieux apportaient avec eux, ce n’était pas ce qui t’intéressait. Tu n’étais pas là pour jouer aux apprentis sorciers et tu avais suffisamment de surnaturel à chaque fois que tu croisais deux jumeaux vampires que tu ne connaissais que trop bien. Quelque part, tu aurais aimé en voler quelques-uns, en offrir un à ton amie et apporter le reste à ta meneuse, à Dame Nyssa, mais ce n’était pas une priorité et tu te fichais pas mal de ce qu’on faisait avec ces ouvrages tant qu’on ne mettait pas l’Environnement en danger.

Tes explosifs étaient mis en place et tout se passait pour le mieux, pour l’instant… Rien ne semblait pouvoir perturber tes plans de ce soir, jusqu’à ce que tu repères une silhouette en sondant les lieux que tu aurais aimé ne pas apercevoir ici : Batwoman ? Ouais. C’était certainement elle, même si tu n’avais encore jamais eu le loisir de la croiser. Tu avais croisé des membres de la batfamily, of course – tu avais, même, interagi avec l’un d’entre eux. Toutefois, tu as toujours été suffisamment discrète pour que l’on ne te soupçonne pas être là. Mais, cette femme t’avait repérée et elle avait, même, eu l’audace d’essayer de te surprendre en t’approchant par derrière pour ensuite te mettre un batarang sous la gorge.

Tu aurais très bien pu éviter ceci.  Éviter qu’elle te menace, mais ça l’aurait sûrement provoquée, plus qu’autre chose. Tu ne tenais pas à ce qu’elle t’entrave et perdre inutilement du temps, même si tu ne serais pas contre un petit combat en bonne et due forme ! Sous ton masque, tu esquissas un petit sourire en coin.

— Vas-y, minette : serre plus fort~ J’aime quand on pimente un peu le jeu avec un peu de violence. lanças-tu sur un ton presque moqueur. Par la suite, ta voix changea drastiquement, devenant plus neutre : Même si cette question est stupide, j’te la retourne : pourquoi t’es ici, plutôt qu’ailleurs ? T’as pas d’monstres à zigouiller ou autres, c’soir ? Logiquement, si j’suis ici, c’est que j’ai une mission.

Sentir la poitrine de cette femme collée contre ton dos te titillait davantage que sentir la lame de son batarang au niveau de ta gorge, même si tu tenais un minimum à ta vie – surtout, tu ne voulais pas mourir sans avoir achevé, au moins, ta mission. Dommage que tu ne puisses pas voir ce qui la caractérise le plus – sa flamboyante tignasse rousse.

— Je n’ai pas à m’justifier, mais… Est-ce que j'te mets dans le lot du batcouillu ? Non. Alors, j’aimerais autant qu’on ne m’insulte pas. J’n’ai plus rien à voir avec le vieux bouc. ajoutas-tu, marquant une courte pause, pressant davantage ton dos contre son buste – sans lui enfoncer les gaines de tes sabres. J’fais pas les courses pour lui. En fait, je n’les fais pour personne, pour l’instant~ C’est une affaire personnelle… Plus ou moins.

En effet, tu n’étais pas là pour Nyssa, ni pour qui que ce soit. Certes, tes actes bénéficiaient la cause pour laquelle la Ligue œuvrait, mais c’était à titre personnel que tu agissais. Tu menais ton propre combat contre tes contemporains en tant qu’écoterroriste.