True Heir of the Shadows League

Wonder City

J'avais mis mes plans à exécution il y a peu de temps. Je gardais tout ça dans le lieu où personne ne pouvait me les prendre : ma tête. Même mon père n'en savait rien, et je ne comptais même pas lui faire une surprise, il verra ce que j'ai préparé. Enfin, pour le moment, il fallait que tout marche, et j'avais envoyé plusieurs de mes sbires dans Gotham, pour espionner le plus souvent, je le faisais aussi de temps à autre durant les longues nuits dans la ville. Je triais à la base les noms de criminels, j'épluchais chaque document qu'on m'apportait. Bien entendu, je n'étais pas du genre à créer des ententes avec ces personnes là, et pour ce qui était de Batman, bien que nous soyons proches, je savais qu'il n'allait en aucun cas me rejoindre, d'une part parce qu'il était trop occupé, et de deux parce que nos visions étaient différentes ... C'était presque dérangeant, et en même temps, je m'en voulais un petit peu ... Après tout, il était beaucoup plus proche de moi idéologiquement que de Talia. C'est vrai quand on y pense. Lui, souhaitait la véritable justice, tandis que moi aussi. Mais à chacun sa manière dirons-nous. Les blessures que j'avais eu lors d'un de mes derniers combats m'avaient forcé à me plonger dans un bain de Lazare. C'était toujours utile de s'y plonger, quand le besoin était nécessaire, quand la mort approchait à grands pas. Pas la mort, mais les blessures que j'avais eu me forçaient à y plonger. Même si je me refusais toujours de devenir ce que Ra's Al Ghul était devenu. Mais je n'avais pas le choix. Clairement pas. Jabbari me hisse sur le plateau et me plonge dans le bain de Lazare. J'y plonge et tous les souvenirs me reviennent. Mon passage à Birkenau en 1943, la mort de ma famille, les expérimentations du médecin allemand, ma stérilisation forcée ... Je revois tout. Je revois toutes ces horreurs et je sors du Lazare, en hurlant, succombant à la folie. Le premier serviteur qui essaie de me calmer, je lui brise la nuque d'un geste rapide et direct. Jabbari me surprend par derrière et me contrôle. Il me calme, son rapport de force est puissant, il me contient, et le calme revient. Il me donne un drap, afin de me couvrir. Il m'annonce qu'un de mes serviteurs se trouve dans la pièce d'à côté. Prenant mon sabre, je me dirige, d'un pas assuré, vers l'homme qui venait à ma rencontre. Toujours vêtue de ce voile, pieds nus, armée de mon sabre, je m'avance vers la pièce dans laquelle on avait demandé à l'homme d'attendre. Il était à genou.

"Actéon."

Son serviteur. En d'autres occasions, elle pouvait faire de lui un de ses meilleurs assassins, un homme d'une trempe exceptionnelle. Un homme qui pouvait faire toutes les missions et les réussir avec brio. Mais à Gotham City, avec le Batman, est-ce que ça serait pareil ? Nyssa douta légèrement de cela. Actéon était fort, mais Batman l'était encore plus. Plus dangereux, et plus intuitif.

"Que me vaut ta venue ici ? Je te croyais encore en mission. Un problème particulier ?"

Dis-je d'une voix calme et douce, tandis que je caressais le pommeau de mon sabre. Wonder City était un repaire des plus importants pour moi. Il représentait ma reprise de Gotham City en souillant le lieu de mon père. Cela représentait ma reprise de la ville, cela représentait ma puissance, et le fait qu'être une épine dans le flanc de Ra's Al Ghul était une chose des plus agréables qui soit. Si Actéon était là, c'était un cas de force assez important. Quand un homme interrompt sa mission, c'est qu'il y'a quelque chose qui ne va pas, qui ne va pas dans le bon sens que je voudrais. Quant à moi, mes projets pour Gotham reste inchangés. Par contre, si j'arrive à convaincre Batman de rejoindre la Ligue. Nous gagnerions un excellent combattant, cela lui permettra de continuer à lutter contre la criminalité, mais avec un degrés d'intensité plus élevé et s'il s'en montre digne, peut-être, me succéder à la tête de la confrérie. Après tout, le Batman était un mâle viable ... Qui pouvait être un véritable allié si on arrivait à trouver le bon poids d'entente. Je tente cependant la question qui peut me fâcher. Je sors d'une cuve de Lazare, et j'ai encore quelques restants de la folie en moi, mais je parviens énormément à me calmer tout en respirant doucement.

"Est-ce que mon père est à Gotham City ?"

La question me brûlait aussi les lèvres pour tout dire. Le Démon pouvait très bien organiser une nouvelle lutte intestine dans ma ville, ce que je ne permettrais pas. Gotham City avait déjà énormément de problèmes en ce moment, et ce n'était pas le moment, vraiment pas, de rajouter une couche de criminalité en plus. Je préférais mettre les choses au clair avec mon père. Il avait certes, l'expérience, et les hommes autour de lui, pour se protéger. Mais moi, j'avais quelque chose qui lui faisait défaut. J'avais la hargne et la motivation pour détruire des empires du crime. J'avais la motivation pour exterminer les relents de moisis qui sévissaient dans ma ville, et je n'avais pas besoin de sa Ligue des Ombres pour semer le trouble, encore moins pour m'aider. Nul doute, ce double affront, Ra's voudrait venger l'honneur de sa famille. Ce ne serait qu'un prêté pour un rendu, après tout, il avait détruit la mienne. Mais j'étais prête à lui apprendre qu'il ne faut pas sous-estimer l'élève. Ce serait une belle occasion de le mettre à terre. Mais peut-être qu'il prendrait le chemin de la sagesse ? Qui sait ...

True Heir of the Shadows League

Wonder City

Je m'étais imaginée à de nombreuses reprises sous quelle forme pourrait se présenter mes retrouvailles avec mon passé. Cette pièce mémorable et mémorielle de ma fantaisie avait adopté bien des aspects : le retour de Ra's Al Ghul, une attaque de la Ligue, moi me retrouvant à batailler dans ma propre demeure contre des hordes de combattants aguerris qui ne seraient finalement que de pauvres âmes que mes enseignements auraient pour beaucoup contribué à forger. Je m'étais même imaginée voir ressurgir Ra's dans son repaire, en train de discuter avec Jabbari comme deux vieux amis, le Démon feignant une souveraine nonchalance avant de mettre à exécution un plan sous bien des aspects machiavélique. Ra's était une ordure, mais qui avait une classe folle. C'est vrai. Mais Actéon apportait de bonnes nouvelles. D'un regard, je le jauge, il me respecte, c'est une bonne chose ... Je l'analyse et cette capacité quasiment surnaturelle à analyser mes interlocuteurs, à les entourer et à déceler tous les aspects de leur être d'un simple coup d'œil. Plus que sa maîtrise du combat, je suis surtout une fine analyste, capable de prévoir à l'avance le prochain coup de mon adversaire. Moi qui avait parcouru le Monde dans le plus simple dessein d'apprendre des grands maîtres avant de les terrasser sans autre forme de procès. Surtout si Ra's les avaient sous sa coupe.

"Une bonne nouvelle donc. Talia risque de sombrer dans ses imbécilités habituelles et Ra's qui ne daigne pas se montrer, pas encore. Tel un lâche. Mais Batman ... Batman est toujours fidèle à lui-même ..."

Batman était une gêne mais occasionnelle. Si je ne m'occupe pas de lui, alors il ne me fera rien. Du moins, pour le moment. Il était évident que Ra's n'était qu'un couard, trop occupé à envoyer ses rejetons faire le sale boulot à sa place, comme il l'avait fait avec moi. Et pour cela, cela ne changeait en rien mes plans. Talia mourra elle aussi si elle se dresse face à ma puissance. Le regard de la maîtresse se posa sur cet homme des ombres, qui cachait sous son air de sauvageon, son visage sale et sa barbe mal taillée un physique qui ne faisait pas de doute sur les épreuves qu'il avait enduré. L'œil de la maitresse de la Ligue experte, celui qui ne voyait pas une personne, mais mille et un points de vulnérabilité, l'auscultait silencieusement, le jaugeait, tout en redressant son drap qui la couvrait de peu, avec un calme et une nonchalance. Malgré le froid et la pourriture des ruines de Wonder City, j'avais enduré le pire. Le confort n'était certainement pas pour moi, et Actéon pouvait comprendre qu'il se trouvait en face de quelqu'un qui maniait le calme intérieur tout autant que la puissance extérieure. Talia faisait encore des siennes. Trop obnubilée par son amour pour le Batman qu'elle en venait à des égarements, et cela lui coutera cher, très certainement. Alors que j'observe l'homme qui ne déroge pas à sa posture. Je me permet alors de lui donner un ordre.

"Relève-toi, Actéon."

Je pose ma main sur son épaule, avec un sourire, je lui adressa un grand geste circulaire, désignant les armes qui reposaient sur les murs, comme pour l'inviter à se servir. Il était vrai que d'aucuns auraient vu un combat à mains nues contre moi comme un suicide en règle, et il fallait bien avouer que ceux qui lui avaient survécu par leur seul talent se comptaient sur les doigts d'une main. Pour moi, pourtant, un homme ne s'exprimait guère mieux qu'au travers d'un combat. L'artiste martial y voyait le reflet de l'âme, comme le musicien ou le peintre dans leurs arts respectifs ... Restait à savoir si seulement Actéon avait une formation digne de ce nom. Si ce n'était pas le cas, quelque soit l'arme, Actéon risquait d'en ressortir avec une belle balafre. Ce petit combat me permettrait aussi de le tester. Il avait le choix des armes.

"Et à travers ces énièmes plans de dominations, ces chiens se dévorent entre eux ... Ils sont si prévisibles dans leurs actions, dans leur mode de pensée ... Il nous faut donc nous assurer d'être pris à la gravité que notre organisation s'impose. Prend donc une arme, Actéon, et discutons."

J'avais besoin de me ressourcer, de revoir que mes talents sont toujours biens là. Je n'égalais pas Lady Shiva, mais j'avais été formée par elle, et par Ra's. Actéon aussi, même si je doutais que ses talents fussent égaux aux miens. En cela, la technique qu'il montrait déjà, cette fougue à se mettre en garde, tout cela le trahissait déjà. Si un homme possède une idée, c'est qu'il avait un cerveau, et il pouvait réclamer sa place dans une organisation. Cependant, il faudra se méfier. Quand on a tendance à trop réfléchir, on se questionne sur sa place et cela n'était pas souhaitable. Il avait reçu l'enseignement de ceux qui ne voyaient que la mort comme finalité des arts martiaux, de ceux qui pensaient que c'était par la constante surveillance de son environnement et la crispation mentale, sinon physique, que l'on réagissait ainsi. Ils ne cherchaient pas la créativité, pas la méthode la plus inventive ou la plus inattendue. Ils cherchaient l'efficacité dans la violence, et la prise de risque, l'expérimentation étaient vus comme des dangers. Il s'engageaient dans une routine monotone et prévisible pour tout combattant expérimenté. Quand on enfermait le combat dans la philosophie du chemin unique vers ce qui fonctionnait, on adoptait la même démarche que la majorité des combattants, mais celle, aussi, qui vous classerait toujours en-dessous de ceux qui ont dédié leur vie à l'art de combattre, à l'art de se mouvoir et à l'art de vivre la confrontation, plutôt qu'à celui de simplement le résoudre. Je dégaine mon sabre avant de me positionner, amusée. Mais tout en restant sérieuse devant le jeune homme.

"Explique-moi ton plan."

True Heir of the Shadows League

Wonder City

Mon regard de maîtresse de la Ligue des Ombres se posa sur cet assassin, un regard doux, presque maternel. Actéon avait fait un très bon travail. L'homme, qui cachait sous sa capuche, un air de sauvageon, son visage sale et sa barbe mal taillée un physique qui ne faisait pas de doute sur les épreuves qu'il avait enduré. Mon œil de tueuse experte, celui qui ne voyait pas une personne, mais mille et un points de vulnérabilité, l'auscultait silencieusement, le jaugeait, tout en caressant doucement avec un calme et une nonchalance patiente la lame du sabre que je venais de choisir pour notre petit jeu d'entrainement. Bien sûr, le jeune homme se doutait que je ne le tuerai pas, mais j'avais besoin de m'exercer, de m'entrainer, de garder la forme. Il fallait, après tout, le sage ne reste pas sur sa colline à attendre que les choses se passent. Il doit provoquer le besoin, il doit provoquer le désir et instruire. Je me voyais comme quelqu'un d'intelligent et de sage, et j'espérais que ces atouts m'aideraient à mieux gérer la Ligue des Ombres. Il souhaite combattre avec son arme, d'un plissement de mes yeux, je lui accorde son désir. Après tout, je sais être quelqu'un d'honorable et à l'écoute de mes sujets.

"Fais donc, je te prie."

Je monte la garde de mon sabre et je pointe. Son épée était magnifique, mais comme toutes les épées, elle est lourde, et parfois trop mal utilisée. Mon sabre est plus léger, et me permettra de gagner en vitesse. Même Lady Shiva préférait les armes tranchantes les plus légères qu'il soit. En parlant de Shiva, il me faudrait la trouver et la recruter. Les meilleurs de mes élèves la désiraient comme entraineuse au sein de notre Ligue des Ombres, mais la prendre serait un acte de guerre envers Ra's Al Ghul, ce que je désirais fortuitement. Les rumeurs la disaient immortelle, ou invincible, ou encore même, on la comparait à une déesse. Mais tout ce que je voyais d'elle n'était qu'une femme, une femme esseulée, dont la réputation n'était que poudre de fées et mensonges, car oui, les histoires et les légendes sont bâties sur des mensonges, et seuls les fous y croient. Mais ne pas oublier l'adage de l'habit ne fait pas le moine était à prendre. Elle ne payait pas de mine, oui, mais il était certain qu'elle avait semé le doute dans les tripes de nombreux combattants, y compris dans celui de Ra's al Ghul. Je me tiens debout, l'environ est presque instable, presque pénible à supporter. Je crois qu'il est temps que je lance ma première attaque. D'un geste rapide, je lance trois piques en la direction d'Actéon, réfléchissant, mettant mes muscles et mon cerveau en mouvement, en essayant d'utiliser au maximum mes capacités. Mes coups seront irréprochables et précis. Pas de temps pour les salamalecs, il est temps de se dépenser et de montrer comment une reine se bat.

"Prendre le contrôle des institutions de la ville. Remplacer les fonctionnaires par nos hommes à nous, nous implanter tel un venin dans le cœur d'une ville. Tu parles comme un véritable stratège de la Ligue. J'ai l'impression d'entendre ce bâtard de Fantôme Blanc."

Le bâtard de Ra's, fils illégitime et albinos, idiot utile et danger potentiel. Il était l'homme qui s'occupait de Ra's quand son maitre était blessé ou mort. Il s'occupait du corps et des sacrements pour le ramener à la vie. Je me prépare à parer le potentiel coup d'Actéon. Quelque part, le combat est assez inégal pour tout dire ... Il n'avait pas la moindre chance face à quelqu'un qui avait été formé par Ra's Al Ghul en personne. Le Démon était peut-être un vrai salaud, mais il était quand même un monstre de combat, un homme qui n'avait pas hésité à raser toute une ville pour venger la mort de sa femme, avant d'empaler les têtes sur les dunes aux alentours, avant de raser la culture, la langue et même le nom de cette ville perdue, dans le désert ... Selon les techniques d'Actéon, j'en vins à penser qu'il avait dû passer par Nanda Parbat. Nanda Parbat, la ville millénaire. C'était une toute autre histoire, mais en initiée passée maître, j'avais eu la chance d'y séjourner, mais ce qui se déroulait à Nanda Parbat, avait à y rester : ce que chacun y retirait était différent, car l'enseignement que l'on y dispensait était par-dessous tout une voie de connaissance. Un enseignement qui, après tout, se révélait aussi séparé de la réalité que la cité elle-même, et qui expliquait sûrement son statut.

"Ton plan demandera du temps. Beaucoup de patience. Il nous faudra d'autres buts en attendant que cet objectif soit mis en place. Que nous soyons suffisamment puissants dans ces organismes. Il nous faudra trouver des objectifs moindres pour affaiblir ces organismes, afin de hâter le plan. Continue ton exposé, je te prie."

Avec désinvolture, je joue avec ma lame. J'attends de voir le prochain coup de mon jeune fidèle. En cela, la technique qu'il montrait déjà, cette fougue à se mettre en garde, tout cela le trahissait déjà. Il avait reçu l'enseignement de ceux qui ne voyaient que la mort comme finalité des arts martiaux, de ceux qui pensaient que c'était par la constante surveillance de son environnement et la crispation mentale, sinon physique, que l'on réagissait ainsi. Avant même qu'il n'entre en action, je me doutais avec précision ce qui allait advenir. Un coup direct, l'épée droite en avant, un léger crochet pour briser la linéarité et le bras gauche pour se protéger. Ce n'était pas mauvais, pas du tout. On pouvait identifier le caractère brutal du Senseï et de ses techniques. C'est ce qu'affectionnait la Ligue, une rigueur et un dynamisme tout japonais et même une once de prévention typique du combat de rue et des formations militaires. Un coup prévisible, mais cela m'amusait de le voir se fatiguer pour si peu. Sa défaite se terminera par une leçon, une leçon que je lui donnerai moi-même.