En ce jour, comme à chaque année, Double-face me laissait en paix. Il savait que j'avais besoin d'être seul et il respectait cette "Faiblesse" de ma part. Ça faisait aujourd'hui vingt ans, jour pour jour, que ma mère est enterrée ici. Je ne viens pas pour la pleurer, je viens pour me rappeler des souvenirs, les miens avec elle. Je regrette et regretterai toujours de n'avoir prévenu personne. Moi qui les entendaient se disputer tard le soir, moi qui entendait les coups résonner à travers la maisonnée. Je n'ai crié que lorsque j'ai vu mon père, les bottes ensanglantés, ma mère, la tête écrasée sur le parquet. Elle est morte à onze heure moins sept minutes, quarante et une seconde, fractures multiples du crâne.

Je sais qu'elle ne serait pas fière de se que je suis devenue, elle aurait eu honte, mais elle m'aurait pardonné si je me serais repris, si j’avais su prendre en main. C'est pour ça que je suis aller voir le psy à Arkham. C'est pour ça que je me saigne aux quatre veines pour obtenir des médocs en espérant le faire disparaître de ma tête. C'est pour redorer le blason des Dent, souillé par mon père, brûler par moi-même. aujourd'hui est un jour de calme.

Je suis en paix, pour une fois dans ma damnée vie...

Le parc était pris d'une hilarité de fin de journée aussi sévère que soudaine, le joker était-il passé par là ? Que nenni, ce qui passait dans le parc avait bien les cheveux verts, mais rouges également et voulait tout sauf vous tuer.

Comment s'y prenait-il ? Aucune idée, il n'avait pas de nouvelle blague révolutionnaire ou un timbre de voix comique, sa bonne humeur était juste contagieuse. Il souriait tout le temps, c'est indécent dans cette ville de purs tarés, c'est la joie réincarnée dans un Gotham en pleure.

Il avait la bonne accroche, systématiquement, cela en était époustouflant, il esquivait les moment gênant comme un politicien évite les procès judiciaires. Parlant d'un peu près tout et de n'importe quoi à n'importe qui, il retenait discrètement, sans doutes involontairement, les profils des habitants du coin. Pour des fins purement commerciales, futures, très futures.

J'avais besoin d'une pause. Une vraie, une concrète, une pour mes petits pieds et mon pauvre dos. Oui, j'avais mal, un mal de chien à cause de… de vous savez. J’étais malade, pâle et gravement affaiblie. En plus de n’avoir aucun toit je ne savais pas où se trouvait Waylon. J'ai vraiment besoin de lui… et pour  ne rien arrangé, j'avais faim. J'avais faim, dans des vêtements que j'avais « emprunté » qui commençait à sentir et en plus la sensation fantôme des doigts de l'Enchanteresse griffant mon dos me faisait frissonner. Sans parler de la sensation de nausée qui me traversait parce que je me sentais constamment observée par autre chose que Maléfica.

Mais un problème à la fois. Premièrement, se poser contre un arbre parce que j'en pouvais plus. Deuxièmement, faire darder mes yeux jusqu’à tomber sur un sachet de gâteau, typé goûté pour enfant. Désolé Célestin, mais j'ai besoin de manger… Je jure de donner des bonbons à chaque enfants que je croiserais, dans la limite de l’acceptable pour ne pas faire pédophile. Je leva ma main, concentrant mon esprit sur le sachet. Mon esprit visualisait des mains fantasmagoriques prendre le sachet… oui… le soulever. Oui. L’amener à moi ! Oui ! Et me le lancer à la gueule. Et merde. Bon, au moins j'avais le sachet que je commençais à ouvrir pour manger les biscuits telle Gerbille-Girl…

Je me sens vraiment pas fière…

Le silence accablant, j'avais l'image de ma mère, souriante, le jour où elle m'a vu revenir avec mon envie de faire le barreau. Elle savait pourquoi et elle était fière. Elle ne pouvait pas en sortir, de la boucle infernale de mon ivrogne de père. Elle ne pouvait plus en partir, mais en sachant que j'allais protégé les autres femmes des blessures causées par tout les ivrognes de ce foutu monde, elle était moins triste, moins vidée. Le soir même, je la vit mourir.

Ce matin, j'étais devant la tombe de Sylvia Dent, ma chère et regrettée mère, pour lui donner un dernier hommage. Parce que cette année, je ne crois pas que Harvey survivra. Je le sens au fond de moi-même, la violence, la haine rougeâtre et ensanglantée qui a purgée ma santé mentale, cette mortelle colère qui me consumera forcément un jour. Je ne reviendrai pas, et si je reviens, je ne serai plus le même.

Pendant que je tirais ma révérence à ma chère mère, je sentais mon costard déplacé. Comme par une main fantôme, je vis une rose blanche. Délicate et fragile. Svet en avait une identique dans ses cheveux, la première fois que je l'ai croisé. Je sais que j'aurais dû réfléchir au fait qu'un simili spectre venait de me donner une fleur, mais je le voyais plus comme un ange. De toute façon, que ce soit réel ou non, ma folie et la réalité gothamite ne font que se ressembler. J'ai salué le vide qui m'avait donné cette rose et repartit profiter de ma seule journée de liberté...

Il s'en passe des trucs étranges sous les yeux du bicolore, pourquoi plein de truc vole dans ce parc ?! Des biscuits, une rose, blanche en plus, c'est la norme à gotham ? Personne ne réagit à ça, ils sont complètements fumés ? Le petit bicolore pourtant un jeune homme déjà regarde son tuteur pour savoir si il sait une fichtre chose de ce spectacle de magie, mais nan, il n'en sait rien.

Le clownesque bicolore décide alors de disparaître aussi, détournant l'attention puis se substituant à la foule en dé-rire qui était devant lui. Pas qu'elle l'ennuyait, mais là, y a une magicienne dans le parc ! C'est bien plus important que ses petites blagues. ajustant son chapeau, mettant ses lunettes sur les yeux, le voilà en mode frayeur surprise !

Il se faufile donc derrière l'arbre sur lequel est adossée la sdf puis en souriant il pousse un splendide :

- Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Gerbille-Girl, tel était maintenant mon nom, profitait allègrement de chaque miettes de ce malheureux gâteau. Je m'en léchais les doigts, recroquevillée sur moi-même de peur de me faire surprendre en plein acte, comme si on allait me le voler des mains. L'extase de ce maigre repas me faisait presque oublié la douleur dans mon bas-ventre, la douleur dans le fond de mon esprit et le fait que le bord de mes yeux commençaient à ne voir que la pourriture qu'Elle désirait tant. Mais ça n'avait plus d’importance pour l'instant. Mes yeux et mon âme pouvaient hurler danger, je m’en moquais. Parce que j’étais maintenant Gerbille-Girl.

Et Gerbille-Girl voyait un autre gâteau que des mains déposaient sur ses genoux. Un pain au chocolat. Oh mon dieu, c'est quand la dernière fois que j'en ai mangé ? Trop longtemps. Mes yeux n'osaient pas se lever au ciel. J’avais une sorte de crainte, crainte de me rendre compte que c’était encore un tour d'Elle, que mon esprit se faisait lentement broyer. Mais je le fis. Et mon corps sauta un battement en voyant la figure, petit singe dans les bras et une tenue digne des plus grand vilain. J’avala ma salive. Prédateur. Je le sentais, je sentais son odeur de mort et pourriture, de sang et de sucre. Prédateur. Faisons lentement un replis stratégique !

Puis le cri. Le cri soudain d'un inconnu qui me fit me tendre, sursauter, presque crier. J'entendais Son rire, ce rire cruel alors que la tension soudaine amena mes mains à mon ventre. Merde… ce con avait réveillé la douleur… Et j’étais là, en position fœtale. A me tenir là où… bref, à me tenir… à essayer de ne pas pleurer parce que j'avais mal, sans savoir ce qui était le plus douloureux…

Olalalalala la boulette, le bicolore se fond en excuse et en panique, bien plus éffrayé de ce qu'il a fait à la fugitive que ce que la vampire lui inspire. Il se précipite aux côtés de gerbille-girl, mais voit bien vite qu'il ne va pas servir à grand chose.

La honte quoi, mettre en pls une fille alors qu'il voulait juste la faire rire, c'est pas normal qu'il n'ait pas remarqué qu'elle aurait mal s'il l'effrayait un peu. Mais bon, ce qui est fait est fait, puis cette effrayant et étrangement plus pâle personne que lui semblait gérer, tant mieux, il tourne les talons et s'aventure à l'extérieur du parc, sans son molosse de garde, évidemment, pas le temps ou l'envie de penser à lui.

Le bicolore alla de ruelle en ruelle, au pas de course, afin de trouver une pâtisserie de laquelle il achète un lot de ... d'un peu de tout en faite, il achète des lots de tout, ne sachant pas ce que préférerait sa pauvre victime. Sur le chemin du retour, il se dit qu'il offrira le reste aux passants avant le couvre feu et mangera quelques lots avec son tuteur devant un film ou deux ce soir.

Vous savez ce qu'il y a de bien à être en pls parce que vous avez probablement une infection utérine ? Si oui dites-le moi parce que pour l’instant j’ai juste la douleur. La douleur, la vision en mosaïque et une vague de nausée. J'avais la tête qui tournait, tournait et tournait, comme une ritournelle chantant une girouette. Mon corps devenait de plus en plus moue, engourdi. La douleur s’évaporait doucement pour laisser place à une vague de délire. Son délire. Celui d'une terre stérile, de corps décomposés qui marchent, de chants d’agonie et de ciel vert maladif. La pourriture, Sa pourriture, partout sur le monde.

Je sentais son une main dans mes cheveux, les caressant de façon maternel. Elle avait décidé que ce n’était pas suffisant de me coincer dans Sa vision du monde, non, il faut qu'en plus elle soit tactile ! Rien n'est jamais suffisant pour Elle. La Vieille, la Sorcière, l'Horreur qui était dans le fond de mon être pour ne vouloir que sortir. Je tremblais. Je tremblais et je pleurais. Parce qu'elle était partout et nulle part, parce qu'elle me rendait folle, parce que je savais que mes yeux luisaient. Parce que je l’entendais rire, de sa voix pédante et arrogance, je l'entendais le hurler. Elle voulait sortir.

Je me planta les ongles dans ne bras pour ne pas le faire.

Je tirais une dernière révérence à Sylvia Dent, tapotant ma rose blanche dans mon tuxedo, qui sentait le même parfum enivrant et apaisant de maman. Soudainement, au moment ou j'allais partir du sanctuaire de ma mère, deux cris, quasi simultanés, résonnèrent du parc adjacent au cimetière. L'un des deux, plus fort que l'autre, semblait ironique, humoristique, ça frôlait le rire, comme celui du clown. L'autre était rauque, mais tellement aigu qu'il ne s'agissait que d'une femme. Elle semblait épuisée, morte de peur. Je ne savais pas du tout l'événement qui les frappaient, mais une chose était sûr, la femme criait comme ma mère, il y a vingt ans jour pour jour, à onze heure moins sept minutes, quarante et une seconde.

Mon sang ne fit qu'un tour, j'échappa le bouquet de tulipe pour ma mère à terre, courant comme un forcené, enjambant le muret de pierres taillées du cimetière, vers le grand chêne au milieu du parc. Double-face ne m'aurait pas permis une telle "faiblesse" comme il disait, il manque et manquera toujours d'empathie, d'humanité. Mais heureusement, je suis seul, présentement. Demain, ce sera autre chose, mais autant en profiter tant que l'on peut.

Arrivé au grand chêne, je vit au loin un adolescent aux cheveux fluo de rouge comme de vert, qui semblait fuir, tout du moins, il courait très rapidement vers la sortie du parc. Je me retourna vers une dame albinos, qui étudiait la victime, dans les pommes depuis le cri. La dame albinos leva sa tête vers le grand brûlé que j'étais. Après observation, elle avait un petit primate tout mignon, un capucin, je crois. J'ai également remarqué qu'elle faisait léviter la triste victime au-dessus du sol. Elle sentait le lys.
C'était donc elle, l'ange...

Je m'approchais petit à petit, mais j'étais conscient que je ne serais qu'encombrant dans cette affaire. Avant que je quitte ce parc, la dame me vit et m'accorda un doux sourire. Un masque n'y cachait rien. Je tirais donc une seconde fois ma révérence, en allant profiter de ma journée