Pour le concours d'Halloween il fallait écrire, dessiner ou grapher un truc (souvenez-vous, c'était y a pas si longtemps) or moi je ne sais qu'écrire. Donc j'avais pris ma plume et je m'étais dit "chouette j'vais écrire un truc sur une bestiole sympa lel. Mais j'étais (et ne suis toujours pas satisfaite, donc il n'y aura sans doute jamais de fin) et l'ai abandonné. Mais me revoilà o/
/!\ ça parle de méchants cannibales et de légendes amérindiennes /!\
Le Wendigo p. 1
« C’est pas possible, Rickie t’es un abruti ! » Marc crie, les mains en forme de haut-parleur autour de sa bouche. Des volutes de vapeur s’en échappent, témoignant de la rudesse de cet hiver. Le dénommé Rickie, engoncé dans une doudoune matelassée orange hausse les épaules, à peine désolé. Un bref chahut éclate pour savoir qui ira chercher le ballon de basket que Rickie a lancé par-dessus les filets du terrain de jeu du quartier. Le gamin en orange est décrété coupable et condamné à sortir chercher le ballon qui est allé rouler dans une ruelle.
Richard Grayson, surnommé Dick par ses amis, regarde sa montre et jure tout bas : Alfred, le majordome du très célèbre Bruce Wayne, l’attend depuis probablement cinq bonnes minutes. L’adolescent n’avait jamais vu le vieil homme en colère mais il n’était pas non plus tenté à l’idée de vivre cette expérience.
« Je suis en retard ! Je vous souhaite bien du courage avec un handicap comme Rickie, faudra lui expliquer que la balle va dans le panier, hein ! » La bande de copains se marre, Dick pose son sac sur ses épaules, lançant un regard vers la ruelle. Avec la nuit qui tombe, les garçons resserrent leurs prises sur les diverses couches de vêtements qu’ils portent.
« Dis à cet abruti de se dépêcher de trouver cette balle en passant Dick ! »
Le brun hoche la tête, Rickie doit s’être engouffré dans la ruelle depuis au moins deux solides minutes, alors que la balle n’a pas pu rouler si loin. Il jette un œil vers la route où une berline noire l’attend et fait un grand signe de la main avant de se tourner de l’autre côté, vers l’impasse. Malgré les rires des jeunes garçons, l’air se fait plus pesant. Le portail du terrain de basketball grince en s’ouvrant, comme si les gonds avaient gelés, et son claquement quand elle se ferme derrière le jeune garçon fait sursauter Dick qui s’est approché de la ruelle. En frissonnant, il s’aperçoit que la clameur de la ville s’est mystérieusement tue et seuls demeurent les moqueries que s’envoient les amis en se donnant des coups dans le dos. Le cul-de-sac est étrangement plongé dans l’ombre, comme si les éclairages publics étaient cassés. L’adolescent hausse les épaules, ce ne serait pas tellement étonnant que la mairie n’ait pas changé ces lumières. Pourtant, son souffle se fait plus agité, il se ramasse sur lui-même en marchant, mû par un instinct profondément enfoui dans son être.
« Rickie ? Ugh, ça pue ici ! Dick s’avance dans la ruelle, couvrant ses narines avec sa manche pour ne pas respirer plus de cette fragrance écœurante, mélange d’une odeur douce, chaude et d’une espèce de relent rance. Rick ? Qu’est-ce que… »
Malgré lui, le choc lui fait inspirer une grande goulée d’air qui lui brûle impitoyablement la gorge. Il maîtrise à grande peine son haut-le-cœur. Ses yeux se sont à présent assez habitués à l’obscurité pour discerner une tâche de couleur : la parka orange. Irrémédiablement attiré par sa curiosité, il s’avance et bientôt il découvre le corps de Rick allongé sans vie par terre. Pâle. Le visage tourné vers Dick, il fixe le ciel et dans ses yeux ne se reflètent plus que le ciel sombre de Gotham. Au-delà de sa maigreur stupéfiante, le garçon est maculé de sang et l’odeur de pourri s’est intensifiée, faisant détourner la tête de Dick. Il finit par sentir la piqure du froid saisir ses doigts et ses pieds et soudainement il constate que la température a chuté vertigineusement, le laissant en grave danger d’hypothermie. Pire encore, la douleur occasionnée par le froid n’est pas ce qui le tire de sa contemplation, à sa place, c’est un poids lancinant qui lui chut sur les épaules, comme si une main lourde et glacée venait de lui tomber sur la nuque, l’écrasant tout autant que le jeune homme ne s’en trouve terrifié. Faisant appel à tout son courage, il se retourne au ralenti, cherchant des yeux l’ombre et la fouillant. L’esprit aiguisé par sa formation, il se sent observé, scruté, autopsié par un regard dangereux et avide de sa chaleur corporelle. Pourtant, il ne trouve rien, comme si la force glaciale qu’il sent n’était qu’imaginaire.
« Dick ? Il sursaute vivement vers la voix qui vient du terrain de basket. Rickie ? - Ne venez pas ! L’urgence dans la voix de leur camarade stoppe les jeunes qui allaient s’aventurer dans l’allée. Appelez… Appelez la police… Vite ! »
Le temps d’hurler ses ordres, la présence glacée s’en est allée, ne laissant d’elle que le froid, l’odeur détestable de décomposition et un enfant mort, en le regardant, Dick est frappé par la cruelle vérité : à la manière d’un vampire, un être est venu aspirer la force vitale du pauvre gamin. Les enfants détalent à la recherche d’un adulte, laissant Dick seul avec le cadavre. Entraîné par le Chevalier Noir, il sait qu’il doit fixer la scène dans sa mémoire afin de donner le plus de détails aux policiers du GCPD puis à son mentor. Alors il se force à regarder son ami, il n’y a qu’une plaie, béante, ceignant sa gorge d’un rouge carmin contrastant avec l’orange de la parka. La balle de basket est dans un coin, cachée derrière un sac poubelle, elle n’a pas pu s’y trouver là avec seulement l’impulsion du lancer du garçon.
Dick n’arrive qu’à grande peine à se détacher des ombres qui courent sur les murs, se sentant toujours observé, mais plus menacé. Comme si une main glacée s’était posée sur le bas de sa nuque puis avait disparu tout en lui laissant la sensation d’une emprunte gelée. Le brun s’approche du corps et le touche, la peau est dure comme si la rigidité cadavérique avait déjà fait son œuvre, pourtant il est bien trop tôt pour que le corps présente une telle dureté. L’épiderme du garçon est froid, douloureusement glacé, c’eût été normal si la mort n’était pas advenue si récemment or cinq minutes plus tôt, l’adolescent était encore en vie.
Après un long interrogatoire par la Police, Dick est enfin autorité à rentrer chez lui avec Alfred qui lui a entièrement pardonné son retard. Une fois arrivé au Manoir, il sait que Bruce l’attend pour une nouvelle explication des faits. Mais le jeune homme ne compte pas s’arrêter là, son ami est mort et l’étrange impression de froid ne le quitte pas, pelotonné devant un feu de cheminée dans le salon du Manoir, il tremble encore.
Codage par Libella sur Graphiorum
Le Wendigo p. 2
La veille a été difficile pour Richard Grayson, la pupille de Bruce Wayne, mais contrairement à ses habitudes en matière de matins de week-end, il se tire de son lit tôt, assez tôt pour que les jardins du manoir soient noyés dans une brume à l’aspect de coton et que les couloirs soient plongés dans le noir. Pour ne pas déranger Alfred Pennyworth, il se dirige directement vers la Batcave en saisissant un plaid sur son lit. Plus il s’enfonce sous terre, plus son souffle exalte des nuages de condensation. Le grand ordinateur ne se fait pas prier et s’allume rapidement, laissant à Dick le loisir d’enquêter sur le crime de la veille. Sans étonnement, il trouve un fichier, créé par son mentor, mais ce qui l’étonne en est son contenu.
Il y a des coupures de presse, au début le brun est impressionné par le nombre d’articles, mais son étonnement croit quand il lit les dates. Le premier article date de la fin du 18e siècle, au commencement de la presse écrite. Le dernier date d’il y a trois ans. De nombreux rapports de police, trois à six par ans, tous rédigés dans l’hiver ou aux dates approchant de l’hiver. Un temps, Dick incrimine le Calendar Man, mais aucune date de crime ne correspond à une fête.
Les rapports font tous état de similarités étranges : un corps glacé quand bien même la victime vient de décéder, rendant la datation exacte du crime impossible, amaigri voire complètement désséché, dur comme de la pierre, une absence de signes de combat, une seule entaille qui provoque la mort et toujours, toujours à Gotham. Malgré une recherche sur les réseaux policiers, Dick ne trouve pas un seul crime semblable hors de la ville. Certains rapports font état d’une scène de crime à une température bien inférieure aux températures relevées dans le reste du quartier et une odeur désagréable de décomposition, en inadéquation avec la fraîcheur du corps.
Dick se dit que le criminel pourrait être un copycat ou une famille s’adonnant de générations en génération à un même mode opératoire pour leurs forfaits, mais ça n’explique pas le froid et l’odeur. Il n’y a jamais de témoins, rien que les dires des gens arrivés après sur la scène du crime. Certains rapporteront, comme Dick, avoir senti une présence terrifiante et à la fois éthérée. Glacée, écrasante et… soudain disparue.
La lecture du dossier donne des frissons au jeune garçon, il faudrait être idiot pour penser que seule la main de l’homme est mêlée à ses histoires. Une sensation de gêne s’insinue dans la tête du garçon, il se sent comme paralysé par une peur étouffante. Il n’ose même pas se retourner pour voir ce qui, dans son dos, s’approche dangereusement. Une main se pose fermement sur son épaule, le faisant sursauter.
« Dick ? - Nom de dieu, Bruce ! Tu m’as fichu une de ses trouilles ! Dick essaie de retrouver un rythme cardiaque normal tout en tournant sa chaise face au millionnaire. Je ne trouve rien de cohérent sur cette affaire. Des cas remontant au 18e ? Comment c’est possible ! - Je l’ignore gamin… mais il y a forcément une raison à tout cela. »
Au lieu de répliquer gaiement, Dick garde le silence, plongé dans sa contemplation de l’écran. Malgré tous les efforts combinés du Boy Wonder et du plus grand détective du monde, les archives, coupures de presse et les indices laissés sur la scène du crime n’offriront pas plus de pistes. Et cela dure pendant deux mois, sans nouveau crime, sans indices, la presse n’en fait même pas un article. Etrangement, en quittant l’école, en patrouillant, en déambulant dans les recoins sombres du manoir, le jeune Dick Grayson sent de temps en temps ses poils se hérisser et il doit lutter à grande peine contre l’envie de se retourner pour scruter les ombres derrière lui. Il se sent épié. Surveillé. Disséqué par ce regard glacial, comme si quelque chose rampait à ses côtés, chaque jour un peu plus proche, soufflant son haleine dans le creux de la nuque du jeune homme, toujours plus angoissante, le réveillant la nuit, le suivant et glaçant son sang. Et le froid mordant de l’hiver à Gotham n’était pas suffisant pour expliquer les frissons et la fièvre de pauvre garçon.
Pourtant, un soir, condamné à rester dans le manoir à cause d’un début de grippe, Richard Grayson se réfugie à la bibliothèque du Manoir. Une pièce incroyable, et même un piètre amateur de lecture comme lui ne peut s’empêcher de murmurer et marcher sur la pointe des pieds dans ce sanctuaire. Certains livres sont très anciens, plus anciens que le manoir, sans doute. Néanmoins, Alfred a pensé au jeune garçon sous la protection de son maître et a fait acheter quelques ouvrages plus stimulants que Le traité des délits et des peines. Tout en passant une main paresseuse sur les étagères de livres, caressant du bout des doigts l’antique savoir, Dick essaie d’éloigner son esprit de cette affaire qui le hante, arrivant avec peine à oublier le visage vide de son ami.
Un titre accroche son regard. Le jeune homme fait basculer la tranche du recueil pour en déchiffrer le titre : Wendigo. Le mot fait écho dans ses pensées et rebondit dans chaque coin de sa mémoire, faisant refaire surface aux soirées au Cirque, quand des histoires terrifiantes étaient échangées pour faire peur aux enfants les plus crédules. Mais… ce n’étaient que des histoires dans la tête de Dick à l’époque… et pourtant, le garçon n’arrive pas à reléguer ce Wendigo dans la partie « légendes » de sa tête. Dans sa bouche soudainement sèche, le goût amer de la pourriture l’envahit.
« Jeune maître ? De surprise, Dick lâche le livre, qui tombe dans un vacarme assourdissant. Mes excuses, je ne voulais pas vous faire une telle peur. - Non, c’est moi, désolé Alfred. Bruce a besoin de moi ? - Fort heureusement non, monsieur, mais… il fait étonnamment froid ici. »
Dick se fige, n’écoutant plus les murmures d’Alfred à propos de l’isolation thermique du manoir, le sang battant à ses tempes. Il est là, parmi eux, dans les ombres des étagères, dans les recoins de la pièce, caché parmi la pénombre des hauts plafonds. Le Wendigo. Il se cache et souffle son air nauséabond. Alfred le coupe dans ses pensées en l’interpelant et à nouveau et Dick doit se confondre en excuses, cessant de fouiller nerveusement des yeux chaque parcelle d’ombre dans la bibiliothèque. Il accepte de suivre le vieil homme dans la cuisine afin de se réchauffer et emporte avec lui le livre.
D’auteurs et d’internet, il ne trouve pas de renseignements suffisants, mis à part une description de Basil Johnston : « Le Wendigo était décharné jusqu'à l'émaciation, sa peau desséchée collée à ses os. Avec ses os prêts à traverser sa peau, son teint gris cendre comme un mort, et ses yeux enfoncés profondément dans leurs orbites, le Wendigo ressemblait à un squelette émacié récemment déterré hors de sa tombe. S'il avait des lèvres, celles-ci étaient rongées et en sang... Impur et souffrant de suppuration de ses chairs, le Wendigo dégageait une inquiétante et étrange odeur de pourriture et de décomposition, de mort et de corruption ». S’ajoute à cette description un paragraphe à propos du livre The Wendigo d'Algernon Blackwood « celui qui voit le wendigo devient le wendigo. Le lecteur ne voit jamais le wendigo, bien que nous soyons témoin de la déshumanisation progressive du personnage qui l'a vu. Blackwood aurait basé son histoire sur un incident réel qui s’est passé dans une vallée isolée et qui a créé une panique tandis qu'il habitait au Canada ». En somme… rien qui ne l’éclaire sur le Wendigo de Gotham. Est-ce seulement un Wendigo ? L’enfant en était certain, rongé au creux de son estomac par le souvenir de cette odeur entêtante de chairs purulentes et l’affreuse maigreur du cadavre de son ami.
Codage par Libella sur Graphiorum
Le Wendigo p. 3
Il ne lui reste plus qu’une piste pour faire la lumière sur ce mystère. Une tribu d’amérindiens qui vit non loin de Gotham et pourrait le renseigner, puisque le Wendigo est une légende amérindienne des tribus de l’est. En l’échange d’une bourse d’études pour les quatre seuls enfants du clan, Dick obtient de rencontrer le shaman, une vieille femme aussi ancienne que le mythe du Wendigo. Ils ont rendez-vous dans un quartier de la périphérie boueux et à l’air abandonné, les rues qui longent les immeubles de quatre étages sont vides et Dick serpente sur une allée où la boue règne en maîtresse. L’herbe est absente, comme si elle était empêchée de pousser. Le brun rencontre la vieille femme dans un appartement saturé d’une odeur de tabac, de nourriture et de renfermé. Le mélange fort lui rappelle ce qu’il a senti dans la ruelle et sa tête se met à tourner.
La porte de l’appartement est ouverte, prudent, le garçon appelle plusieurs fois sans réponse. En passant la tête par l’embrasure, il peut voir en face de lui un salon ouvert sur l’entrée, à gauche deux portes fermées et à droite un couloir. Nerveusement, le garçon finit par s’aventurer dans l’appartement en direction du salon.
« Bienvenue, Fils Gris de Gotham. » La voix fait sursauter violemment Dick qui fait volteface pour en découvrir l’origine. Une vieille femme le regarde, sa peau tannée est tellement ridée qu’il ne saurait lui donner d’âge. Deux yeux gris sont plantés dans les siens et les cheveux argentés de la femme sont coiffés de perles et des tissus colorés. Pris sur le fait, il essaie s’excuser : « Désolé, c’était ouvert et vous ne répondiez pas alors… - Je sais. Viens t’asseoir, Fils Gris, nous avons à parler, n’est-ce pas ? »
Dick hoche la tête et suit la shaman dans son salon, une pièce surchauffée ou règnent tapis en peau de bête, pipes et tabac froid abandonnés ainsi qu’un service à thé en terre cuite et un canapé aux couleurs riches. Ignorant le sofa, la femme s’installe par terre sur le tapis, juste devant la table en mosaïque où attend le thé, visiblement chaud. L’adolescent s’installe à ses côtés, dos au mur.
« Tiens, dit-elle, en lui tendant un verre plein d’un thé foncé et odorant. Ça te réchauffera. Pourquoi es-tu venu me chercher ? - Je… cherche des informations sur un monstre nommé Wendigo. On m’a dit que vous sauriez m’aider. - Le Wendigo n’est pas un monstre, Fils Gris, elle lève les yeux sur l’adolescent en prenant son temps avant de reprendre : c’est un humain qui a perdu la raison. En cédant à la faim, le guerrier qui mange ses frères et sœurs, devient un esprit malfaisant qui ne peut plus se raisonner. Plus il commet d’impardonnables crimes, plus il se désincarne et plus il a faim. Dis-moi, enfant, as-tu vu le Wendigo ? »
A cette question, Dick se plonge dans ses pensées, renvoyé à ce crime, paralysé par la peur et forcé de contempler les ombres dans la ruelle, convaincu qu’une force surnaturelle le fixait et allait le dévorer à son tour. Toutefois, il secoue négativement la tête.
« Alors c’est certain ? C’est un Wendigo ? Et non, je crois qu’il était là, mais je ne l’ai pas vu. Je… Je voudrais savoir comment l’arrêter, s’il vous plaît. - Tu ne peux pas, mon enfant, ce Wendigo est l’une des malédictions de Gotham. Gotham a créé ce Wendigo, il tombera avec elle. »
L’enfant garde le silence et après avoir pris une gorgée de son thé, la vieille femme reprend, la voix profonde comme le tonnerre et appelant l’imaginaire à peupler l’histoire qu’elle lui livre d’images. Avant que Gotham ne soit une colonie norvégienne puis britannique, c’était était le territoire d’une tribu amérindienne. Mais la terre était pauvre, sauvage, et y vivre relevait du défi. Plus particulièrement durant les longs et rudes hivers du Nord-Est Américain. Avides de conquêtes, les mercenaires décident de cloîtrer la tribu sur une portion de l’île, les condamnant à mourir de faim. Dick Grayson n’a besoin d’aucun effort pour imaginer la suite. Privés de possibilité de chasser, assiégée en plein hiver, la tribu était condamnée à périr.
« Vois-tu, Fils Gris, les tribus du nord comme la mienne et celle de Gotham savaient que l’Hiver apporte froid et famine, et la tentation est forte quand notre famille meurt dans la neige. Nous avons de fortes croyances, nous croyons en beaucoup de choses et avons énormément de traditions et également certains interdits. Cela nous donne du courage, parfois, mais surtout ces croyances nous protègent. Le plus grand d’entre tous est le cannibalisme. Malgré la faim, le froid, la mort, nous ne devons jamais, ô grand jamais, manger un frère ou une sœur. Celui qui commet l’impardonnable reçoit une punition à la mesure de son crime. Et durant le long hiver de cette année de conquête, sous les yeux du chef et du shaman de la tribu, les guerriers mourraient de faim, enfermés sur un minuscule territoire par les hommes blancs. Tous savaient qu’au dégel, il ne resterait d’eux que des os, qu’ils n’avaient guère de choix : mourir de froid ou quitter leurs terres ancestrales. Mais il n’était pas acceptable pour ce fier guerrier de voir mourir sa famille sans ressentir un désespoir à la hauteur de la vengeance à laquelle il rêvait. Dans sa folie, et tout en maudissant le ciel et ceux qui souillaient sa terre, il a dévoré sa famille, son shaman, ses guerriers, ses frères et sœurs. Comprends-tu ? - Je… crois… Le Wendigo que j’ai croisé est ce... cet homme ? - C’est sa vengeance. »
Malgré la chaleur étouffante de la pièce, Dick Grayson frissonne, le bout de ses doigts pris dans une gangue de glace, il reste longuement pensif avant de demander comment libérer l’esprit et Gotham. La shaman rigole d’un étrange rire qui ressemble à deux parchemins frottés l’un contre l’autre.
« As-tu senti comme il fait froid en la présence d’un Wendigo ? La vieille femme reprend après qu’il ait affirmativement hoché la tête. C’est le cœur d’un Wendigo qui crée ce froid, tu devras trouver un feu assez ardent pour faire fondre ce cœur de glace, Fils Gris. Malheureusement, la vengeance est le seul feu qui soit assez puissant pour réchauffer un être aussi fou que celui-ci, enfant. »
La perspective de faire brûler une créature anciennement humaine fait grimacer Dick, après tout, Robin n’est pas sensé tuer des types du gabarit de Mr. Freeze ou Clayface, alors le Wendigo ? Devrait-il faire enfermer la créature à Arkham ? Plongé dans ses réflexions, il remercie confusément la vieille femme et prend congé. Au pas de sa porte, alors qu’il se dirige vers les escaliers, elle lui lance : « Enfant, sache qu’il existe un autre moyen de faire naître un Wendigo… Parfois, un regard peut glacer le cœur d’un esprit déjà enclin aux ténèbres. » L’adolescent manque la première marche et glisse, se rétablissant de justesse. La porte de l’appartement se referme déjà avec douceur, le laissant planté là, pétrifié.
Codage par Libella sur Graphiorum
Et comme j'ai la flemme d'éditer pour mettre en italique et/ou en couleur les dialogues et extraits de textes... débrouillez vous.
Wendigo
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum