Farewell, old friend

Mia se posait dans un coin de sa cellule. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'elle avait pu parler à Eugenia. Plusieurs semaines qu'elle avait été trahie par Lisbeth. Bientôt un mois qu'elle avait déclaré sa flamme à Katherine. Et presque trois que Richardson était morte. Et aujourd'hui, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle se faisait passer à tabac, ou torturer. La faim, le manque de sommeil. Les conditions de vie dans le dirigeable n'étaient pas humaines, mais elle s'était mise en tête de tenir. Utilisant sa rage comme carburant pour ne pas tomber. Ne pas céder.

Elle avait pensé en se réveillant, fin Janvier, qu'elle avait eu une seconde chance. Après avoir elle même baissé les bras, le sort lui offrait une occasion de recommencer, en faisant mieux.
Mais cette seconde chance avait été détruite par autrui : par Luthor et sa mégolomanie, par Lisbeth qui l'avait trahie, par Batman qui au final ne sauvait personne, par tout ses gardes qui prenaient plaisir à vouloir briser les gens.

Mais Mia n'allait pas se laisser briser. Ni se laisser remodeler pour rentrer dans le moule de ce qu'on attendait d'elle. La dernière solution qu'elle voyait pour ne pas mettre genoux à terre. La dernière solution qu'elle voyait pour transmettre son message. Cette solution qu'elle voyait plus clairement c'était de ne plus écouter les autres, et finalement réparer la première erreur qu'elle avait fait cette année.

Cette première erreur qui avait été de se réveiller.


Durant la période où elle était "calme", attendant son moment, elle avait pu obtenir par un étrange hasard une lame de rasoir. L'aide providentielle d'un allié invisible pour s'évader ? Peut-être un message caché du sort ? Ou une suggestion à peine voilé d'un garde pour la pousser à la faute ?
Si à la base elle avait voulu s'en servir pour taillader un garde et prendre son arme, elle avait hélas trop attendu.
Aujourd'hui, à force de sanction et de torture, elle n'avait plus la force de se battre. Ni mentalement, ni physiquement. Elle avait attendu le passage d'une patrouille, s'était faite tabasser, et s'était allongée recroquevillé. De cette façon, on allait la laisser tranquille pour la suite. Ils ne réaliseraient que trop tard qu'elle n'était pas inconsciente à cause des coups. Et encore, s'ils en avaient quelque chose à faire.


Elle fouillait alors le coin de sa cellule pour retrouver le précieux butin, et au lieu d'appeler un garde en chantant comme à son habitude, elle allait s'assoir dans le coin le plus propre de sa dernière demeure. Et dans un sanglot, avec une pensée pour les personnes qu'elle laissait derrière, elle faisait courir avec grand soin et une certaine douceur la lame sur sa peau pâle. Fermant les yeux, elle tâchait de se laisser aller, ultime caresse alors que la vie quittait ses veines.

Mia s'éteignait alors, seule et en silence. Le Rouge-Gorge ne chanterait plus.

Codage par Libella sur Graphiorum